Retour sur une prospection estivale
Récit d'une semaine de vacances familiales dans le sud du Portugal, en plein mois d’août. La région est superbe et accueillante. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, c’est une période qui reste propice pour la pêche au leurre du bord et je ne peux
Ce sont mes filles et ma femme qui ont choisi cette destination. C’était la Sardaigne ou le sud du Portugal. Je ne cache pas ma joie devant ce choix, j’adore le Portugal et la pêche au lancer semble plus prometteuse. Fanny, ma fille aînée, en provenance de Londres n’a pas vu autant de soleil depuis plus d’un an ! Je craignais fortement une foule compacte, nous sommes quand même dans la période la plus chargée de l’année. La surprise est excellente, pas de file de voiture, pas de foule impressionnante, juste du monde sur les plages les plus calmes. Nous logeons dans une villa du village de Luz, à quelques minutes de la mer. Un lieu tranquille où l’agressivité ne semble pas exister. Muni de mon permis de pêche en mer obligatoire, je m’offre le premier soir une balade/prospection intéressante. Je repère une ou deux pointes rocheuses isolées et dans le même temps, je m’aperçois que les chemins de randonnées sont très peu fréquentés. La mer est splendide et son côté froid ne m’inquiète pas puisque je ne suis pas fan des baignades… Sauf si un gros poisson m’oblige à sauter à l’eau ! Je prépare donc le soir mon sac à dos avec deux boîtes de leurres variés, sticks flottants, coulants, poppers et surtout poissons nageurs. Pas de leurres souples, ce n’est pas gravé dans mon ADN ! Ma canne à lancer Super Shoot Tenryu est munie d’un moulinet Twin Power 2500 garni de tresse 15/100. Je me lève bien avant le jour, Martine m’accompagne, en piste pour de nouvelles aventures !
Pas facile ces pointes rocheuses…
Les données sont pourtant magnifiques, une pointe rocheuse qui s’avance plus que les autres. Personne à l’horizon. Des petites vagues qui brisent et éclaboussent les roches. Et un fond variable avec tout le répertoire souhaité, sable, roches, tombants, hautsfonds, cassures, bref, l’idéal. Je commence à lancer un stick référence, le Mister Joe. Le jour pointe à peine et je m’attends à une attaque. J’ai beau lancer et relancer, la touche tant imaginée ne vient pas. Pire, plus le jour se lève et moins j’y crois. Mauvais signe, j’ai toujours confiance dans mon instinct. Une heure de pêche soignée, puis nous partons marcher sur ce chemin côtier, à la recherche d’autres spots. Cette mer est surprenante. Pas d’odeur d’iode, pas d’algues, pas d’oiseaux et pas de trace de vie. Nous crapahutons pendant une heure, mais les falaises m’interdisent l’accès à tous les postes intéressants. Pas grave, le coin est magnifique. Le soleil se lève et nous sommes toujours seuls à marcher sur ces sentiers. Sur le retour, je m’arrête une heure de plus sur ma pointe. Avec un bilan sans surprise, pas de poisson, pas d’oiseau et toujours personne ! Je rentre avec une première bredouille au compteur. Je vais revenir le lendemain matin, encore plus tôt et pêcher méticuleusement cette côte entre la pointe rocheuse et le village de Luz. C’est splendide, un enchaînement de postes tous plus propices
les uns que les autres pour une touche, pour un poisson. Mais rien ne vient perturber la nage de mes leurres. Pourtant j’alterne non stop entre les sticks et poissons nageurs. Je change aussi la taille de mes leurres en passant du tout petit à du nettement plus conséquent. Rien. Peut-être une vague touchette, j’aimerais pouvoir le certifier mais je n’en suis même pas certain. Evidemment, à la maison j’ai droit à des moqueries typiquement féminines, la bonne humeur est là, c’est l’essentiel ! Le reste de la journée nous le passons en balade et en baignade sur la côte plein ouest, celle qui est fortement exposée au vent. Le vent souffle et les déferlantes sont omniprésentes. Toute cette côte est dans un parc national, c’est un régal pour les randonneurs que nous sommes. Mais pour la pêche, je ne vois pas dans cette écume des plages beaucoup de solutions attractives… Je me fais donc une analyse très objective : ou les bars de l’Algarve sont rares, ou je ne suis pas dans le coup ! J’opte pour la seconde solution et je vais dès le lendemain changer radicalement ma façon de rechercher ces mystérieux labrax !
Les plages abritées... La foule le jour et le désert la nuit
De nouveau, je pars de la maison tôt le matin, il fait encore nuit pour un bon moment. La lune éclaire le village et il me faut moins d’un quart d’heure de marche pour être au pied de la petite plage de Luz. Pour tout dire, il y a seulement 200 m de plage intéressante pour la pêche. J’accroche au bout de mon bas de ligne un petit poisson nageur Joker. Il m’a été conseillé par mes collègues d’Ultimate Fishing. Au deuxième lancer, je ferre enfin un poisson ! Ce n’est pas bien gros et il vient rapidement dans ma main. C’est un bar moucheté de 35 cm qui repart vite à l’eau. Du coup, mon moral halieutique remonte en flèche ! Je relance vite, le plus loin possible. Mais c’est dans mes pieds que je pique un bar de 45 cm. Pas de doute, je touche au but, les solutions sont là, le long des plages. Contraste étonnant entre le calme désertique de l’aube et la foule bruyante des heures chaudes. Lorsque le jour se lève franchement, j’ai pris et relâché 5 bars. Tous pris sur le Joker. Les bars mouchetés sont petits, entre 30 et 40 cm et les bars francs plus gros. Ce n’est qu’un début, mais j’ai la bonne impression que la suite va être captivante. Dans la journée, les filles vont se baigner sur la plage de Porto de Mos. Une plage nettement plus longue, bordée de magnifiques falaises. Malgré la foule estivale qui se bronze au soleil de l’Algarve, je mets mes lunettes polarisantes et j’arpente cette longue plage. Surprise, entre les baigneurs je repère un superbe bar ! Pas loin de 2 kg, il va et vient le long du fond. Martine en se baignant en repère un autre. Je suis probablement le seul mâle du secteur qui est plus charmé par les contours du sable le long des roches, plutôt que par le galbe de ces silhouettes affriolantes qui déambulent sous le soleil de ce mois d’août… Je sais où je vais venir pêcher demain matin ! L’eau de cette Atlantique est bien fraîche, 18°C environ, autant dire que c’est vivifiant. Mais je reste surpris par l’absence d’algues, de crabes et d’oiseaux en chasse.
La plage de Porto de Mos de nuit
Pour ce coup d’essai, Martine m’accompagne. Nous démarrons de la maison à 3h45 et à 4h du matin je suis en pêche les pieds baignés par le ressac des vagues. Ce n’est pas le Gabon, l’eau est totalement froide… La pleine lune nous inonde de lumière, c’est un régal pour les yeux. Et pour la pêche c’est vraiment un plus. Et dire que nombreux sont les pêcheurs qui délaissent cette phase lunaire. Moi c’est mon adrénaline ! J’attaque en milieu de plage, là où Martine a aperçu un beau poisson la veille. Je prends assez vite
un bar moucheté. Puis c’est une belle touche à nouveau au ras du bord, dans si peu d’eau. Le poisson plie ma canne et ne se laisse pas ramener facilement. C’est un joli bar de 54 cm que je relâche après quelques photos. Cette plage est peu profonde, la marée est descendante, je dois tenir la canne assez haute pour éviter les quelques roches qui parsèment le sable. De nuit, il est difficile de repérer un poste précis, c’est pour ça que le repérage de jour aide énormément. J’ai plusieurs repères sur la falaise, cela va s’avérer payant. En bout de plage j’en capture un autre de 60 cm toujours sur mon petit poisson nageur. Un régal ! Celui-là finira en papillote ce soir. C’est aussi ça les vacances. Sur la ligne d’horizon, il y a de nombreux bateaux locaux qui pêchent. Visiblement, les vagues les accompagnent car nous voyons leurs lumières de signalisation danser sous la lune. Je relâche un autre bar de même taille. La touche suivante n’est pas un poisson, je me suis accroché. Je rage, je ne veux pas perdre mon leurre miracle ! Je rentre dans l’eau jusqu’aux genoux, mais impossible d’aller plus loin, je suis frigorifié. Martine me sauve et en pleine nuit elle va me décrocher avec de l’eau jusqu’au cou. Je remercie encore et encore ! Je finis cette séance par un bar moucheté. Le jour pointe, le vent est froid, il est temps de rentrer pour un véritable petit-déjeuner. Au repas du soir, ce bar en papillote sera une merveille. Le lendemain matin sera une copie conforme de la veille. Sauf qu’à marée basse je passe sur un leurre moins plongeant pour ne pas m’accrocher. Et ce Duo Tide Minnow va également prendre son lot de poissons.
Expédition sur la côte sauvage
Je ne sais pas si ce vent fort et soutenu est normal en cette saison. Il fait en tout cas le bonheur des surfeurs. La chaleur de cet été devient agréable par la fraîcheur du vent. La côte Ouest est aussi splendide que difficile d’accès. Un sentier balisé d’une centaine de kilomètres longe les falaises. En dehors des plages, il semble impossible de descendre au bord de l’eau sans prendre des risques inutiles. En revanche, il est impressionnant de dénombrer les milliers de postes à bar impossibles à pêcher du bord. Et côté mer, je n’ai pas vu le moindre bateau. Mais attention, il faut une sérieuse expérience de la navigation dans les déferlantes pour s’attaquer sereinement à cette côte. L’eau est claire, en milieu de journée, lorsque le soleil est haut, tous les reliefs marins sautent aux yeux. Les lunettes polarisantes permettent de contempler un paysage marin exceptionnel. Les quelques accès se font généralement au niveau des plages. Par manque de temps, je ne suis pas venu tôt le matin prospecter ces endroits. Mais lancer un leurre dans les vagues et l’écume des plages m’aurait bien plu… Une autre fois. Je n’ai pas vu de chasse, mais sur la plage de Mos non plus, alors que les bars sont
bien présents. Toutes ces plages sont parsemées de roches. Autant dire que les bons postes sont très nombreux. Les pêcheurs en surfcasting que j’ai croisé ne prenaient pas grand chose, probablement par manque d’expérience et de repérage. Quelques sorties de rivière agrémentent le paysage. Aux pieds du village d’Odeceixe, l’embouchure de la rivière est absolument magnifique. Si la journée c’est un lieu de baignade, la nuit ou tôt le matin il doit y avoir possibilité de s’amuser canne en main ! La température de l’eau oscille entre 17 et 18°C, ce qui contraste avec le soleil brûlant du jour. Dans ces espaces arides, la végétation apporte une touche improbable de fraîcheur avec tous les dégradés de vert. Nous avons bien randonnée dans ce parc naturel, à noter la propreté de tous ces lieux. Excepté les parkings où se rassemblent les campingcars de surfeurs et vacanciers qui deviennent de véritables dépotoirs en tout genre, triste spectacle…
Un coup d’oeil sur le matos de cette dernière matinée
Je me lève à 2h du matin pour exploiter au mieux cet ultime coup de pêche. Le vent est particulièrement fort et froid lors de la période nocturne. Les premières vagues me glacent les pieds, de plus les touches se font attendre. J’alterne entre les petits poissons nageurs style Joker, Tide Minnow et les plus grands comme le Zonk. Pratiquement 2 heures sans la moindre attaque. Et puis, dans cette formidable clarté lunaire, je vois un bar longer la plage, dans 30 cm d’eau ! Je lance court, le poisson réagit immédiatement et je ferre un superbe bar de 62 cm. Belle bagarre, cette prise à vue m’apporte beaucoup de bonheur, cela me rappelle la traque des ignobilis les nuits de pleine lune aux Seychelles… Je relâche ce poisson et je ne suis pas loin de rebrousser chemin. Les rafales de vent perturbent ma pêche à moins que ça ne soit le manque de touche qui me fatigue… Le ciel commence à s’éclaircir du côté de l’Est, le jour arrive. Et d’un seul coup, sans prévenir, les touches se multiplient ! Je vais faire ainsi un festival de bars, principalement des poissons de 45/ 50 cm. J’en relâche 11 à la suite. Pour une fois, c’est le lever du jour qui est mis en valeur. C’est également la première fois que je vois des mouettes se gaver de fourrage. Des bancs compacts de mulets ont fait leur apparition. Cette mer est bien vivante, reste qu’il faut savoir la déchiffrer, ce qui n’est pas forcément évident. Des plages comme celle de Mos il y en a beaucoup. Certaines sont probablement meilleures voire exceptionnelles. Sur les 30 km de côtes abritées entre Lagos et Sagres, on dénombre pas moins de 24 plages ! Et entre Lagos et l’Espagne il y en a encore plus. Autant dire que des bars à prendre au lancer et au leurre il y en a énormément. Ce dernier matin confirme un beau potentiel, en tenant compte du fait que je ne connaisse pas la région et que le bar n’est pas le poisson auquel j'aspire le plus. J’ajouterais que je ne pêche pas non plus au leurre souple, juste parce que je déteste ces bouts de plastique et que les leurres durs m’apportent tant de plaisir ! Le rôle du matériel est important. Ma canne Super Shoot est un lancer léger multibrins capable de propulser des petits leurres contre le vent et d’obtenir une belle précision. Le ressenti sur la nage des leurres à bavette est fabuleux. Le moulinet est un tout petit Twin Power 2500 garni de tresse 15/100. C’est largement suffisant, c’est facile à manier et adapté à toutes sortes de leurre. J’utilise un bas de ligne fluoro en 20 lbs et une petite agrafe en pointe. J’avais amené tout un panel de leurres, mais j’ai pris tous mes bars avec des poissons nageurs. Le fameux Joker et le Tide Minnow 75 S se sont particulièrement distingués. Tous armés de triples VMC 7545. Mon bilan est de 26 bars en quatre matinées, moitié bars mouchetés, moitié bars francs. Côté technique je préfère les phases de lune qui éclairent les nuits, surtout le matin. Donc les deniers jours de la pleine lune et le début de la lune descendante. Les coefficients sont donc assez forts, ce qui a le mérite de faire bouger le poisson. Après, chacun adopte sa propre stratégie en fonction de ses expériences. L’Algarve nous a régalé, le Portugal accueille merveilleusement bien ses touristes. D’excellentes raisons de venir ou revenir dans ce pays qui est à deux pas de chez nous.