Les grises du golfe du Morbihan
À partir du mois de mai, les dorades grises entrent dans le golfe du Morbihan et élisent domicile sur des plateaux rocheux. Lionel et Guillaume, les détaillants locaux, nous invitent pour une traque des grisets.
Malgré de fortes précipitations annoncées, Lionel et Guillaume du magasin Crouesty Pêche ne se découragent pas. Le rendez-vous est maintenu sur le port d’Arzon en milieu de matinée en vue de faire la marée descendante. Ce sont de tout-petits coefficients de marée, autour de 50, qui vont faciliter notre pêche au poser grâce à un courant modéré. L'équipement de nos deux pêcheurs est complet. Si les cannes et moulinets sont déjà montés et les montages soigneusement confectionnés, l'attirail le plus volumineux concerne les appâts. Une grande glacière contient des appâts variés de première fraîcheur et des blocs d’amorces qui vont permettre d'attirer les poissons sous le bateau grâce à un amorçoir en inox. Outre les équipements de pêche, nous sommes chaudement vêtus ! La Bretagne nous a prouvé une fois de plus le caractère de son
climat très changeant. La veille, le soleil était au beau fixe avec des températures avoisinant les 30°C. Aujourd'hui, nous avons perdu plus de 10°C et une pluie battante est annoncée.
Une préparation minutieuse pour une sélection précise
Paskal, représentant Daiwa sur la Bretagne, rejoint l’équipe et nous embarquons à bord d’un Barracuda 8 propulsé par deux moteurs de 150 cv. Nous quittons le port du Crouesty sous une petite pluie. La navigation étant limitée à trois noeuds, Lionel reste aux commandes et Guillaume nous présente les montages du jour. L'idée est de sélectionner les plus belles dorades grises avec une seule empile fine plaquée sur le fond avec un montage coulisseau. L'hameçon est précédé de perles de butée qui protègent le bas de ligne de la dentition des dorades. Une perle flottante vient décoller légèrement l'appât du substrat. L'hameçon doit posséder une pointe ultra piquante pour ferrer les moindres touches. Guillaume nous présente sa boîte de plombs dont le poids varie entre 60 et 150 grammes. Pour le début du courant descendant, il équipe son montage d'un plomb de 60 g. L'arrivée sur le spot se fait rapidement puisque Lionel choisit un plateau rocheux à la sortie du port. Plusieurs bateaux sont déjà ancrés et notre pêcheur observe les veines de courant pour positionner son bateau.
Très sûr de lui, il positionne son ancre sans perdre une seconde. Après tout, Guillaume et Lionel sont chez eux sur un terrain qu’ils pratiquent régulièrement. L'étape suivante de nos deux pêcheurs consiste à préparer l'amorçage. Lionel utilise un broumé du commerce de la marque Pexeo, un véritable concentré de sardines. Ce bloc de strouille congelé se loge parfaitement dans l’amorçoir en inox. Ce dernier est immergé au pied du bateau à l'aide d'un lest de 8 kg. Pendant que l'eau de mer accélère la décongélation de notre bloc d’amorce, Lionel et Guillaume préparent leurs montages. En guise d’appât, ils choisissent en premier lieu du chipiron, une espèce de calamar miniature qui a la particularité de cibler les belles dorades et de bien tenir à l'hameçon. Les chipirons baignent dans un attractant. Il s'agit d'un concentré à base de crevettes dont on connaît la puissance naturelle des effluves. Une fois l'appât enfilé, Lionel attache pour sa part un plomb de 80 g. En effet, les veines de courant lisibles en surface l'incitent à penser que le courant est déjà bien installé. Il utilise un plomb presque rond avec des faces légèrement aplanies pour éviter qu'il ne roule trop dans le courant. Lionel, lui, utilise un plomb montre un peu plus léger.
La pluie devient anodine face aux prises successives
Les précipitations sont désormais bien installées et les capuches sont de rigueur. Ce temps n'empêche pas l'équipe d'être attentive, canne en main, prête à ferrer la moindre touche. Paskal a la main heureuse, il ferre un premier griset de petite taille. Malgré cela, les quelques petites
touches ne sont pas significatives et Lionel décide de changer d'appâts. Paskal n'en reste pas là, puisqu'il pique immédiatement une deuxième dorade un peu plus grosse. Le chipiron a payé, mais pendant ce temps Lionel a troqué son céphalopode contre des coquillages. Il essaye alors deux ou trois petites coques enfilées sur l'hameçon. Cela paye immédiatement. Le plomb arrive à peine au fond qu'une touche se fait ressentir. Lionel ferre et amène au bateau une belle grise mise au sec avec celle de Paskal. Cette activité contraste avec le climat maussade et nous redonne
le sourire. Nous protégeons les appareils photos et immortalisons ce doublé en attendant impatiemment la suite. Mais la mer nous rappela son côté imprévisible. Le lancer suivant étant moins productif, Lionel change à nouveau d'appâts et amorce deux crevettes grises sur son hameçon. Les touches ne sont guère plus présentes… L'euphorie du départ semble s'être légèrement dissipée et une ou deux dorades sont remontées avec cet appât. Lionel attrape le cordage de l’amorçoir et le secoue pour mieux diffuser le broyat de sardines dans le courant.
En quête de satisfaction, l'activité laisse à désirer...
Les lignes sont placées en aval du courant par un lancer à 20 ou 30 m derrière le bateau. Ceci permet de positionner le montage directement au bon endroit en limitant les risques d'accrochage. En effet, le fait de laisser la ligne descendre sous le bateau fera glisser le plomb de roche en roche jusqu'à ce que l'angle dans la ligne soit entre 30 et 45 degrés d’inclinaison. Les trois lignes sont placées au fond, prêtes à en découdre. Cette pêche se pratique canne en main, pour être paré à ferrer la moindre touche. Contrairement au bar qui aspire ses proies, la dorade déguste l'appât et vient directement croquer dedans. Les ferrages se font donc souvent au bout des lèvres et exigent une réactivité certaine. Dans cette logique, l'hameçon doit être ultra piquant. Lionel choisit un modèle octopus n°1 à oeillet. Au passage, une perle mole protège le noeud de la dentition de
la dorade. L'activité reprend et nous assistons à une succession de touches dont certaines donnent lieu à de jolis combats. La pluie ne cesse de nous arroser et nous gardons le sourire devant les prises comme les ratés qui se suivent. Le chipiron semble être plus régulier que les autres appâts. Cela tombe bien, ce céphalopode est l’appât qui tient le mieux à l’hameçon. D’ailleurs, il est si attractif qu’un petit congre mord à l’hameçon, se piquant du bout des lèvres. Ce poisson serpentiforme possède la même morphologie