Animations minimalistes
Après quelques dérives sans touche, nous sommes tentés de changer de spot. Mais parfois, une animation minimaliste se montre étonnamment efficace. Explications…
Lorsque le sondeur affiche des poissons actifs, on se frotte les mains. Le leurre ne touche pas le fond, il est directement happé ! Du moins, c’est ce que l’on imagine à la vue de cette boule de poissons. Et tantôt, plusieurs dérives ne donnent aucun résultat. La dandine près du fond, de grandes tirées successives en remontant à mi-hauteur, la technique de l’ascenseur, rien n’y fait. Nous avons beau changer de leurre, de taille, de couleur, aucune réponse. Il est alors temps de trouver un plan B, un autre spot. Avant d’en arriver là, avez-vous essayé de ne rien faire ? Si ce n’est pas le cas, vous n’avez pas fait le tour des animations. Pourtant, me direz-vous, un leurre est fait pour être manié, la pêche aux leurres est une approche technique. Eh bien des fois, le simple fait de laisser le leurre en stationnaire juste au-dessus des roches ou du relief prospecté suffit à déclencher de belles touches.
Proposez-leur des friandises
Dans un courant assez fort, il est facile d’imaginer l’évolution du leurre statique au gré du courant. Le leurre suit la trajectoire du bateau et, de fait, se trouve tracté à une hauteur constante au ras du fond, ou en remontant légèrement vers la surface si la
plombée est légère. S’il s’agit d’un swimbait, la réponse des poissons est compréhensible. Ce type de leurre, signifiant « leurre qui nage (tout seul) », englobe les shads ou les virgules, des incontournables pour attirer les bars et autres carnassiers marins. Mais s’il s’agit d’un slug, l’interprétation de ce succès est plus difficile. Ce leurre linéaire, à l’opposé du swimbait, ne nage pas tout seul. Il faut imprimer des coups de scion secs, plus ou moins amples, pour lui donner vie en imitant le comportement fuyant d’un poissonnet apeuré. Ici, notre slug longiligne est tracté en linéaire, il fend l’eau et reste
Même sans mouvement de la canne lors de l’ animation, la touche doit être bien ferrée, comme pour lapêchedusandre.
inerte en avançant le long des reliefs sous-marins. Nous attendons alors, canne à 45° vers le haut, l’hasardeuse touche. Dans ce cas précis, la technique fonctionne si le leurre évolue au ras du substrat, disons dans le dernier mètre qui compose le fond. Ainsi, nos carnassiers apathiques ont de grandes chances de voir passer le leurre devant leur nez. L’objectif, c’est qu’ils n’aient que leur gueule à ouvrir. Devant ce comportement démotivé de tout effort, dans une marée où, peut- être, il y a eu suffisamment de nourriture, les carnassiers ne sont pas dans une phase alimentaire particulière. Nous devons leur proposer, devant leur nez, des friandises.
De l'artifice pour les happer
Dans ces conditions, une imitation de lançon de 15-16 cm est une petite proie facile pour un bar de plus de 2 kg. Dans cette logique, un petit slug de 12 cm peut s’avérer extrêmement étonnant en ciblant des poissons à l’opposé de son gabarit. Sur un poste où les gros bars sont installés et concentrés en fin de saison, il n’y a que peu de place pour les petits spécimens. Ainsi, le petit slug conviendra bien aux poissons
trophées présents. Concernant les couleurs, pour cette technique, il n’y a pas de règle triviale. Le contraste peut payer, c’est-à-dire le blanc ou les coloris fluo, et le naturel, qui a souvent ma préférence, peut s’avérer tout aussi efficace. Ces derniers coloris sont verts, roses ou bleus, opaques ou translucides. La morue répond très bien à cette technique. En fonction du courant, canne à 45°, on laisse évoluer notre leurre sur le fond. Pas d’animation, juste un contact avec le fond de temps en temps pour rester performant. À ce jeu, pour mieux fendre l’eau dans le courant, je préfère les slugs. Parfois, les slugs affinés imitant le lançon sont plus efficaces. C’est notamment le cas de certains postes, tels que les épaves où des bancs de lançons élisent domicile. Généralement ma préférence va aux slugs plus ventrus, imitant des poissonnets tels que les harengs. Ce dernier est l’une des proies favorites des plus grosses morues. En revanche, dans certains cas elles sont plus réceptives à un petit octopus placé en teaser devant le leurre, tout en maniant de la même façon. Finalement, c’est le montage qui demande le plus d’effort... Notre pêche minimaliste ne demande que de la patience et de la concentration. Lorsque le courant ralentit ou en l’absence de dérive, c’est le même mode opératoire. Cette fois, la canne est tenue à l’horizontale et la ligne est à l’aplomb du bateau. Il faut s’armer de patience pour qu' un poisson attaque le leurre immobile. Dans ce cas, on peut effectuer de toutes petites remontées d’une vingtaine de centimètres pour remettre dans la foulée le leurre à sa position initiale, près du fond. C’est une technique visant des poissons inactifs plutôt embusqués ou proches de leur refuge. C’est pourquoi il faut suivre la topologie du coin de pêche pour chercher à décider ces carnassiers. On peut imaginer animer une imitation de crevette. Le slug rose ou orangé, translucide, doit alors être imitatif. La crevette est un décapode au mimétisme redoutable. Elle peut rester en stationnaire, près des roches et des algues, sans être décelée par ses traqueurs. L’imitation consiste donc à laisser le leurre en position fixe, près des roches. Cette pêche inactive a tendance à atténuer notre concentration. Or, les touches sont parfois violentes
et inattendues, si bien que l’on oublie de ferrer !
Le minimalisme, finesse et sensations
C’est une pêche appréciée des pêcheurs de sandre. Habitués à rester statiques des heures audessus d’un herbier à sandre, il ne fait aucun doute que la technique leur parle ! Par vent nul et courant absent, nous sommes donc proches des conditions habituelles en eau douce. Il faut alors opter pour une tête plombée légère. Le poids est d’un gramme par mètre de profondeur. Ce lestage est une bonne base pour partir du bon pied. À l’aide d’une canne de 1,90 à 2,10 m en 7-21 g, un petit moulinet garni de tresse fine en PE 0.6 à 0.8, soit 0.08 à 0.12 mm, on peut associer un slug de 12 cm à une tête plombée de 14 g dans 15 m de profondeur. C’est une configuration universelle qui fonctionne bien sur toutes nos côtes rocheuses, mais pas que ! Avant le leurre, il faut positionner un bas de ligne discret en fluorocarbone 0,25 à 0,30 mm, d’une longueur de 4 m. Si un mètre peut suffire, une grande longueur apporte un gain non négligeable en matière de discrétion et fait souvent la différence. Essayez : un pêcheur à 1 m, l’autre à 4 m, c’est redoutable. Si un poisson peut être pris en tresse directe, considérez cela comme une exception. L’addition de détails techniques tels que celui-ci mettra toutes les chances de votre côté. Évidemment, avec un vent de 10 noeuds, il faut tout revoir et opter pour une plombée deux fois plus lourde, voire au-delà. Le vent est l’élément le plus gênant pour cette technique. Un courant modéré, en l’absence de vent, permet de maintenir la règle du 1 g par mètre. Le leurre avançant avec le courant, il faut être attentif aux variations des reliefs sous-marins. Au moindre toc, il faut donner un coup de scion sec vers le haut. S’il s’agissait d’un poisson, il devrait être ferré, si c’était le fond, le coup de poignet devrait décoller le leurre du substrat sans s'accrocher. Cette animation minimaliste est à gar-
Lesslugsventrus sontrelativement efficaces sur les bars.
der dans un coin de la tête. Elle n’est pas loin de la pêche à gratter consistant à sentir le fond en permanence et animer en dents de scie. Sur une épave, où une belle détection de poissons se présente au sondeur, en l’absence de courant, on peut appliquer une variante de la technique de l’ascenseur. Il s’agit de toucher le fond, puis remonter très, très lentement. Nous sommes bien dans le sujet de l’animation minimaliste. Le moulinet tourne si lentement que l’on peut compter un tour de manivelle toutes les 10 secondes. Il ne faut pas s’arrêter trop tôt. La ligne doit remonter d’au moins un tiers de la profondeur pour détacher notre proie du biotope présent et attirer l’attention des lieus jaunes, espèce principalement recherchée dans ce contexte. Ici, pas de règle absolue en ce qui concerne le gabarit du leurre. Un lançon artificiel de 20 cm peut convenir tout aussi bien qu’un petit slug de 12 cm. C’est une technique très intéressante entre deux marées, à un moment où, d’habitude, nous faisons une pause casse-croûte. Cette technique peut intéresser les morues en l’absence de courant. Ces Gadidés tapissent les grands fonds à la recherche de coquillages, mais aussi de poissons. Ainsi, s’ils ne sont pas intéressés par notre leurre souple collé au fond, peut-être le serontils davantage lorsque le leurre remontera tout doucement. Voilà une très bonne technique d’appoint. Lorsque les animations standards ne donnent rien, passez le poste au peigne fin avec l’approche minimaliste !