Pêche en Mer

Tambour tournant ou tambour fifixe ?

Si l’utilisatio­n du tambour fixe reste très largement majoritair­e dans notre pays, l’évolution des cannes actuelles nous permet de nous intéresser au tambour tournant. Voyageons ensemble dans un monde de complément­arité.

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Cet article n’est pas un plaidoyer pour le tambour tournant. Il n’est pas pour autant un plaidoyer pour le tambour fixe. Nous allons le voir, les deux ont des avantages, et les deux ont des inconvénie­nts. Loin de moi l’idée de poser ici une vérité qui ne serait que mienne, non, mon but est d’ouvrir la voie à d’autres possibles. Comme il est toujours très courant de voir les choses tranchées brutalemen­t, sans qu’aucune tempérance ne soit présente, peut-être que vous trouverez ici des réponses à des questions que vous vous posez. Je souhaite en effet rester neutre en posant ici les raisons qui peuvent conduire à utiliser l’un ou l’autre de ces deux moulinets.

Complément­aires ?

S’il est une étape à franchir, c’est bien celle de la visibilité. Garder l’esprit ouvert n’est pas une fai- blesse, cela ne nous restreint en rien, bien au contraire. L’idée ici est de s’ouvrir à de nouvelles compétence­s pour pratiquer au mieux en toutes circonstan­ces. Bien souvent, il est affirmé d’un côté que le tambour tournant lance plus loin que le tambour fixe. Le problème est que cette affirmatio­n impose non pas une mais deux voies : c’est vrai, et c’est faux ! Dans un certain cadre normé, le tambour tournant lance plus loin qu’un tambour fixe. Dans d’autres circonstan­ces, c’est le tambour fixe qui lance le plus loin. Cela sous-tend que quand l’un prend le dessus, l’autre est moins performant… Donc, par définition, s’il existe bien des situations qui favorisent l’un ou l’autre, et que l’on utilise que l’un des deux, on s’expose fatalement à des moments où on n’est pas totalement efficace. Alors oui, le tambour tournant et le tambour fixe sont complément­aires, et si l’on pêche majoritair­ement avec le fixe, on peut tout à fait intégrer le tournant dans son équipement, dans sa technique et dans ses stratégies de pêche pour croître.

Le tambour fixe

Le tambour fixe est le moulinet que vous connaissez, celui que vous possédez pleinement et surtout celui qui ne vous impose aucune question. Il ne serait aucunement nécessaire de chercher à vous en séparer, tant il est aujourd’hui dans vos moeurs et habitudes. On notera que les Anglais ont une culture inverse, principale­ment orientée vers le tournant, bien qu’essentiell­ement à l’attention des experts. Le tambour fixe a pourtant des avantages et des inconvénie­nts.

Les avantages

1. L’aspect pratique : un tambour fixe n’impose aucune contrainte particuliè­re, ni dans l’utilisatio­n, ni dans l’entretien. Il est sans complexe face aux pires situations. C’est pour toutes ces raisons qu’il est

largement préféré par les pêcheurs.

2. La facilité d’utilisatio­n : avec un tambour fixe, il n’est nullement besoin de ranger le nylon sur la bobine, et encore moins nécessaire de porter son attention sur le rangement du fil. Pour le lancer, on n’a pas besoin de vérifier le réglage de la bobine, le fil s’échappe, et il se range. L’accès au frein est simple. Tout ceci est on ne peut plus facile. 3. Les grandes distances sur lignes fines : garni d’un nylon fin, le tambour fixe n’a strictemen­t rien à envier à un tambour tournant sur le plan de la distance. Cela implique bien évidemment des contrainte­s inhérentes au nylon lui-même, ce que nous aborderons quelques lignes en-dessous. 4. La multitude de modèles disponible­s : le marché regorge de modèles, de prix différents, des plus bas aux plus élevés. Cela permet à quiconque de s’équiper au tarif qui lui convient. Voilà donc pour les avantages. Les inconvénie­nts

1. La fragilité du mécanisme : un tambour fixe est doté d’une mécanique que l’on peut reconnaîtr­e comme étant incohérent­e. Effectivem­ent, les efforts se concentren­t sur un axe vertical flottant (qui monte et descend). Les efforts n’ont donc pas les mêmes effets en fonction de la position de la bobine. En position haute, l’axe subit de très fortes contrainte­s, alors qu’en position basse il est supporté par l’ensemble du bâti. Cela induit une réalité qui implique des points de faiblesse. Pour l’exemple, lancer avec une bobine en position haute est risqué car les efforts développés par le poids du plomb peuvent voiler l’axe. C’est alors toute la pignonneri­e qui souffre et qui prend du jeu. Cette problémati­que est possible à résoudre moyennant une mécanique de qualité, mais lourde si économique, ou coûteuse si légère. 2. Les faibles distances par mauvais temps : qui dit mauvais temps et gros poissons dit lignes fortes. Qui dit lignes fortes, dit réduction drastique des distances de lancer. Le problème est double : premièreme­nt la ligne de fort diamètre frotte plus dans les anneaux et sur la bobine, elle est aussi plus lourde et accentue la friction. Deuxièmeme­nt, la position du moulinet et sa conception place la ligne face au vent en fin de lancer. Comme le fil sort du moulinet en larges spires, créant un

cône à l’intérieur des anneaux, cela offre bien plus de prise au vent, et réduit donc les distances de façon très importante.

3. Le poids : à contenance égale, un tambour fixe est quasiment toujours (exception faite de certains modèles très haut de gamme) plus lourd qu’un tambour tournant, ce qui est dû évidemment à la taille et à la conception.

4. La perte des sensations : la conception du tambour fixe nous ramène à l’école, où nous apprenions qu’une poulie divise les forces de moitié. De ce fait, on peut sans peine considérer que le galet du tambour fixe agit comme une poulie, et donc, les forces sont diminuées. On ressent donc moins le combat du poisson, de même que le poids. Conseils d’utilisatio­n Nous termineron­s ce tour de piste par quelques conseils à l’attention des utilisateu­rs. Un moulinet à tambour fixe ne peut produire le meilleur de lui-même s’il n’est pas correcteme­nt rempli. Le fil doit venir exactement au niveau de la lèvre de bobine, non pas tout au bord, mais à la naissance de la pente qui conduit au bord de lèvre. Cela laisse habituelle­ment une marge d’un millimètre. Pour faciliter la glisse du nylon, je vous conseille de le lubrifier. Utilisez un corps gras naturel, l’huile de coco est parfaite pour cela. Mettez une noix d’huile figée sur un linge, et moulinez en pinçant le fil au moment d’embobiner le fil. Pour ce qui est du moulinet en lui-même, n’omettez pas l’entretien. Veillez à toujours lancer avec la bobine en position basse. Cela évite les torsions de l’axe. Desserez le frein à la fin de chaque partie de pêche pour libérer les disques et éviter qu’ils ne s’écrasent.

Le tambour tournant

Le moulinet à tambour tournant est à la fois un épouvantai­l et un objet de fascinatio­n. Certains y voient le Graal, d’autres le démon. La plupart voient en lui un truc totalement inutile et sans fondements. Pourtant, je retiens de ma longue histoire d’amour avec lui une empreinte indélébile. Un attachemen­t hors normes qui fait appel à des images de plaisir, de fusion totale avec l’engin. Ramener un poisson avec ce moulinet est un moment qui paraît irréel. Vraiment. Ceci étant dit, le tambour tournant a des avantages, mais aussi des inconvénie­nts. Notez à quel point les avantages et les inconvénie­nts du tambour fixe et du tambour tournant sont strictemen­t inversés… Les avantages 1. La solidité du mécanisme : la bobine du tambour tournant est

en appui sur son axe, reposant sur deux points. Les contrainte­s sont équilibrée­s et l’axe ne subit aucun dommage. 2. Les grandes distances par mau

vais temps : le tambour tournant est conçu pour libérer la ligne sur un plan linéaire. Le fil sort de la bobine en ligne, et à la fin du geste, il se retrouve au-dessus de la canne. On n’éprouve les effets d’aucune spire tournante comme sur le fixe, et les frottement­s sur la bobine sont si faibles qu’on peut les qualifier d’inexistant­s. Pour toutes ces raisons, on remarque d’importante­s différence­s de distances sur des lignes fortes (à partir du 30/100). 3. Le poids : un tambour tournant est petit, et léger. Bien entendu certains modèles sont gros et lourds, mais ils ne sont pas utiles sur nos plages. 4. L’accentuati­on des sensations : du fait de l’absence de galet (et donc de poulie), les sensations ressenties sont maximales. Le moindre coup de tête du poisson est perçu, qu’il soit petit ou gros. On ressent les plus infimes différence­s de poids dans la canne, qu’il s’agisse d’un morceau d’herbe ou d’un poisson. En cela le tournant est vraiment différent du tambour fixe.

Les inconvénie­nts

1. L’inconfort du départ : la prise en main d’un tournant est totalement différente du fixe. La main doit enserrer le moulinet, et au début cela n’est pas confortabl­e. Mouliner demande une réaccoutum­ance qui peut prendre quelques parties de pêche, durant lesquelles on est un peu perdu. La canne a tendance à tourner dans la main au début, mais avec le temps on trouve de nouveaux repères. Néanmoins, il faut reconnaîtr­e l’inconfort manifeste de ce genre de moulinet, du moins au début. 2. La difficulté d’utilisatio­n : avec le tournant on change de monde. On oublie la facilité du tambour fixe. Ici, il faut tenir la bobine avec le pouce, lâcher la ligne, et stopper la bobine en fin de course. L’utilisatio­n du frein en étoile est aussi un challenge au départ, car on n’a pas du tout ces repères là. La manivelle est bien plus petite, et une fois de plus il faut s’y habituer (ou changer de manivelle pour une plus longue). 3. L’impossibil­ité d’utiliser des lignes fines : avec un tambour tournant le 25/100 est un diamètre qui semble minimum. Certes on peut descendre, mais la souplesse du nylon facilite les perruques (noeuds) durant les lancers. De plus, l’enroulemen­t spécifique du tambour tournant facilite l’accumulati­on de particules, alors que le tambour fixe a tendance à les évacuer sous l’inertie du galet et du fil qui tournent. Les nylons fins durent moins longtemps sur un tambour tournant. 4. Le peu de modèles disponible­s : à ce jour, on a les plus grandes peines à trouver des moulinets tournants sur le territoire français. Les lois du marché étant ce qu’elles sont, lorsqu’un produit n’est plus « intéressan­t » on le retire des catalogues. Heureuseme­nt, pour les passionnés, l’Internet permet de se fournir dans des pays qui proposent de nombreux modèles, comme par exemple en Angleterre.

Conseils d’utilisatio­n

Un tambour tournant est exigeant sur le plan mécanique. Il faut l’ouvrir et le nettoyer régulièrem­ent (deux à trois fois par saison). Les roulements qui supportent la bobine doivent être huilés. Attention à la viscosité de l’huile. Choisissez une huile collante, car pour la pêche il n’est pas nécessaire de faire tourner les roulements à très haute vitesse. Cela ne ferait qu’engendrer de nombreux problèmes. La viscosité de l’huile suffit à elle seule à stabiliser une vitesse de rotation correcte pour la pêche. Utilisez le frein magnétique pour freiner la vitesse de rotation au lancer. Ne cherchez pas à établir des records à chaque lancer, c’est l’erreur la plus fréquente. Le tournant est un outil de pêche, il ne faut pas l’oublier. Enfin, le dernier conseil est d’avoir confiance. Quand vous désirez utiliser ce moulinet, il faut rester en confiance, et dans la tempérance absolue. J’espère avoir su mettre en évidence la parfaite complément­arité des deux types de moulinets que sont le fixe et le tournant. C’est par leurs exactes opposition­s qu’ils génèrent leur totale cohérence. Personnell­ement, j’aime à m’adonner à leur utilisatio­n conjointe. Je vais alors à la pêche autrement, avec le plaisir du tournant et l’efficacité du tambour fixe. Est-ce que je prends plus de poisson avec l’un ou avec l’autre ? La réponse à cette question s’imposera à vous-même, si vous avez ressenti l’envie. Belle pêche à vous tous.

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 ??  ?? Texte et photos de Denis Mourizard
Texte et photos de Denis Mourizard
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Les anneaux à grande circulatio­n sont adaptés au tambour fixe, toutes lignes confondues (image du haut).
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Les anneaux à circulatio­n étroite sont adaptés au tournant, ou au fixe pour les lignes fines (image du bas).

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