Avancer vers le passé...
Etape hautement importante dans le processus décisionnel menant aux autorisations de pêche pour la saison prochaine dans l’Atlantique et en mer du Nord : les propositions de la Commission européenne. Et on peut dire qu’elles ont de quoi étonner cette année tant elles diffèrent de l’avis du Parlement qui avait voté en octobre en faveur d’un plan pluriannuel intégrant le bar et supprimant, entre autres, la frontière nord/sud, le tout dans le but de tourner la page avec des années de gestion du bar très controversées. Car non seulement elle n’a pas pris en compte ce texte, mais en plus elle propose un quasi retour en arrière : « En ce qui concerne la composante nord du bar : la Commission propose un ensemble de mesures, exprimées en limites de capture (et non en TAC), sur la base de l’avis scientifique le plus récent. Ces mesures permettraient d’augmenter les captures, pour la pêche au moyen d’engins à hameçons, à sept tonnes/navire (contre cinq tonnes/navire en 2018) et d’autoriser une « limite de capture » pour la pêche récréative d’un spécimen/jour pendant sept mois (contre seulement trois mois en 2018).1 » Traduisez on conserve la “ligne Maginot”, frontière aussi hermétique qu’un buvard et contestée par, à peu près, l’ensemble des acteurs halieutiques. Gageons donc qu’ils libèrent enfin un budget pour embaucher des douaniers afin de s’assurer que les Labrax récalcitrants ne partent pas en territoire hostile... De son côté la FNPP accuse le coup : « C’est incompréhensible, c’est un virage à 180 degrés par rapport au Parlement. Nous allons travailler avec Alain Cadec pour infléchir cette proposition en maintenant nos objectifs : trois bars par jour et par pêcheur avec maille à 42 cm pour l’ensemble de l’Atlantique avec période de repos biologique. » Bon courage... Au-delà des questions institutionnelles que met en avant cette dissonance politique c’est avant tout l’absence de vision globale dans les choix de la Commission qui interroge. Reste un point positif dans cet univers kafkaïen avec la mise en place effective et imposée au 1er janvier 2019 de l’obligation de débarquement de prises accidentelles pour les pros – qui, rappelons-le, a été voté en 2013 – permettant un relatif meilleur cadrage. Ça ne vous rassure pas plus que ça ? En attendant le vote du Conseil des ministres qui aura lieu en décembre, on saluera au moins la récente entrée au Panthéon d’un célèbre pêcheur, Maurice Genevoix, qui nous aura largement régalé à travers ses récits oniriques au bord de l’eau, nous rappelant, lui, à quel point notre loisir peut-être poétique.