Ridens, postes multi-espèces
Les ridens sont des reliefs sableux situés au petit comme au grand large. Ils abritent de nombreuses espèces et il est rare d'y perdre le bas de ligne. Une partie de plaisir en perspective avec pléthore d’espèces, et notamment en hiver !
Le ridens est une dune sous-marine qui perturbe la linéarité du courant et attire une branche significative de la chaîne alimentaire. Ces plaines subaquatiques surélèvent le fond sableux de parfois plus de 10 m. Ainsi, sur le haut du ridens, la lumière pénètre mieux et la photosynthèse est plus active. Les poissons fourrage
évoluent couramment au-dessus de ces postes pour se nourrir de petites crevettes et autres macro-crustacés ou alevins. Les coquillages qui y sont enfouis font le bonheur des poissons plats et autres poissons fouisseurs. Les ridens fortement marqués laissent derrière-eux des tourbillons de courants visibles en surface, en aval, à plusieurs dizaines de mètres. L'éloigne- ment de se repère visuel est plus ou moins important selon la profondeur du ridens et la force du courant. Outre ce repère de surface visible en particulier dans un courant bien installé et par mer d’huile, on localise les ridens sur la carte marine par le biais d'un cercle indiquant une profondeur inférieure à celle des fonds avoisinants. Par exemple, sur un fond de 20 m, un cercle indiquant 12 m matérialise un ridens de 8 m de haut. Ce ridens présentera à la basse mer une profondeur de près de 12 m lors d'un très grand coefficient de marée, supérieur à 100.
Les poissons
Les premiers poissons rencontrés sur les ridens sont les maquereaux. Ce sont les postes idéaux pour piquer quelques
poissons à la plume. Ces carnassiers ne sont pas seuls : chinchards, lançons, sardines ou harengs se prennent également à la plume sur ces postes. Ces trois dernières espèces préfèrent les micro-plumes dont les modèles japonais sont les meilleurs. En effet, les Japonais considèrent la plume comme une pêche technique et proposent en boutique des jeux de plumes hauts de gamme à base de peau de poisson. Ils sont vraiment plus efficaces ! À défaut, en France, les microplumes ou micro-larves roses ressemblant au krill sont les plus efficaces. Le seul défaut de ces plumes techniques est la relative fragilité du Nylon utilisé. Si ces plumes sont déterminantes pour rechercher les lançons, sardines et harengs, les gros maquereaux ou chinchards de passage ne s'en privent pas et ont souvent raison de ses faibles diamètres. On sent généralement un « toc », puis un autre et toutes les empiles cassent au fur et à mesure. Dans ce cas, il faut changer de jeu de plume ou changer de poste. Notez que si les chinchards et harengs se trouvent d'ordinaire près du fond, les sardines, lançons et maquereaux se situent, souvent, bien décollés du fond, parfois même à 3 ou 4 mètres sous la coque du bateau.
Dénicher les espèces nobles
Les ridens attirent des poissons plus nobles également tels que les bars, turbots ou raies. Mais bien souvent, en les cherchant au fond, on rencontre d'autres invités à l'instar des roussettes, merlans ou encore les vives. Les grandes vives sont des poissons voraces qui se saisissent de la plupart des appâts traînant sur le fond. Que l'on pêche au Tenya en présentant une belle crevette ou au montage coulisseau présentant une lamelle de maquereau, les vives sont généralement les premières à se servir. Ce sont des poissons actifs et vivaces qui offrent des combats sympathiques sur ligne fine. Mais sur un montage lesté à plus de 120 g, l'intérêt du coup de ligne est très moyen. Moment de plaisir gustatif, la grande vive possède une chair fine. Mais attention à éviter les piqûres très douloureuses au niveau de son épine dorsale noire et de ses ouïes. Une pince à poisson est nécessaire pour s’en saisir et une pince à long bec très utile pour décrocher l'hameçon de sa gueule. Là où les lançons errent, les bars et turbots ne sont pas loin. Les turbots sont de véritables chasseurs qui n'hésitent pas à quitter le substrat pour se ruer sur les lançons. Ces jolis poissons plats s'alimentent également sur le fond sableux de coquillages, vers et crustacés. Ils se recherchent surtout près du fond, dans les deux derniers mètres. Ainsi, on cible les turbots à l'aide d'un montage de fond présentant une empile courte équipée d'un hameçon de type octopus en taille 3/0 à 5/0. Eh oui, notre turbot est vorace ! Mais ce gros hameçon n'empêchera pas les vives, grondins, maquereaux, merlans, roussettes, rouget-barbets et autres partenaires de jeu de nous rendre visite. Lorsque les vives sont omniprésentes, il devient difficile d'espérer toucher un turbot et il est judicieux de changer de poste. La lamelle de maquereau est un appât incontournable qui peut tournoyer dans le courant lorsqu'il glisse de l'hameçon. Et pour éviter cette déconvenue, on utilise une empile en fluorocar-
Les ridens permettent de mettre en application de nombreuses techniques tout en s’adressant à un panel d’espèces incroyable, et cela sans risque de casse. Une aubaine pour apprendre la pêche aux débutants.
bone de diamètre 0,40 mm qui ne vrille pas. Cette empile derrière une olive ou un coulisseau mesure 20 cm. C’est la longueur idéale qui, contrairement à ce que vous pouvez souvent lire ici, est dans le cas présent plus efficace qu'une empile de 1,50 m. En effet, le plomb traîne sur le sable et laisse s'échapper derrière lui des sédiments ainsi que la petite nourriture cachée dans le sable. Juste derrière, l'appât se balade dans le nuage de sable et devient très efficace. Les turbots sont des poissons chasseurs et engagent parfois de véritable courses-poursuites avec leurs proies. Ainsi, dans un courant de plus de 1 noeud, le turbot ne sera pas insensible à une proie nageant furtivement au ras du fond. Il est alors capable de poursuivre l'ap-
pât pendant plusieurs dizaines de mètres avant d'éventuellement attaquer. Plus le traînard est long, plus il a de chances de vriller. C'est pourquoi il est préférable d'utiliser une empile relativement courte qui conservera une tenue parfaite sur le fond. La petite empile offre une liberté de mouvement à l’appât présenté. En outre, elle facilite la prise en bouche par les turbots et raies. Si les turbots attaquent l’appât avec leur grande gueule déployée, les raies viennent se plaquer au sol sur l’appât pour ensuite le déguster. À la prise en bouche, la raie ne sent pas de résistance et le ferrage est facilité. Avec un hameçon directement monté sur le plomb (tête plombée, tête Tenya...), la raie ne peut être ciblée efficacement.
Le turbot, en revanche, se prend sur les deux types de montage : avec potence ou en direct. Le montage en direct sur tête plombée est efficace dans un fort courant, là où la potence devient difficile à utiliser. Comme un montage Tenya, l’appât sur tête plombée est perçu comme une proie vivante. C’est une approche similaire à la pêche aux leurres. D’ailleurs, les cannes techniques de type « bay jigging » conviennent
bien à cet usage. Une lamelle de maquereau fixée sur une tête plombée avançant au fond à une vitesse de plus de 2 noeuds est interprétée spontanément par le turbot comme un poisson. La tête plombée articulée sur laquelle on place un gros hameçon simple ou un triple est polyvalence, elle s’utilise à l’étale de marée comme en plein courant. Quant au Tenya, il est conçu pour une pêche à l’aplomb dans une eau stable ou un léger courant. Ces pêches aux appâts se pratiquent de préférence avec une canne à scion souple. À la première touche, on reste en alerte et on rend la main. Tant que le scion « titille », il n’est pas utile de ferrer. Lorsque la touche devient plus lourde, c’est le moment de prendre la main en effectuant un ferrage sec. Les bars squattent périodiquement les ridens, notamment en fin de saison. Mis à part les lançons,
les gros bars s'alimentent aussi en cette fin d’année de maquereaux et de hareng. Ces labrax se ciblent soit aux leurres souples, soit aux jigs. Les jigs brillants sont bien souvent les plus efficaces. Les ridens se prêtent particulièrement à leur utilisation. La première raison : l’hameçon triple ne risque pas de s’accrocher sur le fond sableux. Deuxième avantage : le jig frétillant et brillant se rapproche habituelllement des proies dont s’alimente le bar sur les ridens. Les maquereaux, chinchards, rougets grondins ou encore grandes vives sont égalemenrt des prises courantes. Toutes ces espèces animent la partie de pêche pour le plaisir des débutants. C’est l’occasion de tester des cannes fines pour un maximum de sensations. Regardez du côté des cannes Bay Jigging et votre vision des jigs métalliques va changer. Bien souvent, les poissons se prennent à mi-hauteur. Il est alors judicieux de pêcher en équipe, l’un au fond et l’autre pêcheur à mi-hauteur, pour trouver le positionnement des bars.