Essai électronique
TZ Professional v3.3 et Furuno DFF3D 50 points de sondage par seconde !
Bluffant ! C’est le moins que l’on puisse dire lorsque l’on est assis à bord du « MAXSEA », le Range Boat 39 de Brice Pryszo, patron de MaxSea, et que l’on découvre en direct la modification de la cartographie sous-marine avec le relief précis qui apparaît en un seul passage sur une bande de 120° d’angle sous le bateau. Il ne s’agit pas là de magie mais d’une technologie, jusqu’à il y a peu de temps, exclusivement réservée aux professionnels à cause de son coût prohibitif, mais aujourd’hui démocratisée par l’utilisation du sondeur Black Box DFF3D de Furuno, du module PBG et du logiciel TZ Professional v3.3. Un équipement très complet C’est du côté de Barcelone que nous sommes venus tester les qualités de sondage du sondeur Black Box Multifaisceaux Furuno DFF3D associé au combiné NavNet TZT 12 pouces, mais surtout à la puissance de la version 3.3 du logiciel TZ Professional. Dans cette optique, le bateau de Brice est également équipé d’un compas satellitaire SC30, du pilote automatique FP700 et d’un second sondeur Black Box BBDS1. Ce dernier ne permet de relever qu’un seul point de sondage par seconde, en revanche, il fournit la nature de la sédimentation du fond ce qui s’avère également important
pour la pêche. Parmi les autres équipements électroniques Furuno du bord, je note la présence du Radar DRS4A et du transpondeur Black Box AIS FA 50. Grâce à cette configuration nous allons pouvoir comparer en temps réel les relevés effectués avec les deux sondeurs, le compas satellitaire permettant de gommer les effets du roulis et du tangage ainsi que ceux dus aux vagues, à la houle, ou aux marées.
Génération de données bathymétriques
Pendant que Brice est à la barre, Frédéric Algalarrondo, directeur des ventes et du marketing pour TimeZero s’occupe du logiciel et de la gestion des fenêtres et espaces de travail. Lors de la sortie de la version 3 de TZ Professional, les utilisateurs ont pu profiter d’une nouvelle version du module PBG (Génération de base de données bathymétriques) permettant de créer des cartes du fond encore plus réalistes, d’une nouvelle fenêtre de profil du fond en 2D, d’un espace de travail réservé aux pêcheurs et permettant de personnaliser l’affichage 2D/3D, pour un accès plus rapide à l’information. La version 3.3 optimise la gestion des données issues du sondeur multifaisceaux Black Box DFF3D.
Un fond de carte intégré
À partir du fond de carte C-Map MapMédia intégré, mais également de la cartographie Navionics, les utilisateurs peuvent afficher des cartes Raster (cartographie papier scannée) ou Vecteur. Grâce aux données de sondes pré-enregistrées, on peut afficher le fond de carte en 2D ou 3D, mais ce dernier n’est pas très précis. Cependant, il est suffisant pour repérer la présence d’un rocher. Et c’est vers ce dernier que Brice fait route.
Une différence considérable entre les deux sondeurs
En attendant, Frédéric nous montre un enregistrement qu’il a au préalable réalisé sur une zone où la profondeur avoisine les 90 mètres. Pendant le trajet, les deux modules sondeurs DFF3D et BBDS1 enregistrent les données pendant les trente secondes que dure le parcours en ligne droite. Sur un écran déporté, j’observe les différentes fenêtres que Frédéric choisit d’afficher. En premier lieu, il présente celle correspondant aux points de sondage uniques réalisés chaque seconde par le BBDS1, puis celle montrant les 50 points d’enregistrement par seconde, sur un angle de 120° sous le bateau. Il superpose ensuite pour chaque fenêtre l’échelle de profondeur automatique qui colorise le fond, de l’indigo au rouge, en partant des plus grandes profondeurs et en remontant vers la surface. Sur la fenêtre correspondant au BBDS1, cette échelle varie de 89 à 97 mètres et affiche la présence d’une remontée du fond vers
le milieu de la trace mais sans grande précision quant à la forme du rocher situé sous le bateau. Néanmoins, lors de l’affichage des relevés effectués avec le DFF3D, c’est une toute autre histoire qui est contée. Grâce à la superposition de l’échelle automatique qui, cette fois, s’étend de 81 à 129 mètres de profondeur, le relief complet du fond s’affiche sur une large bande, laissant apparaître plusieurs hauts-fonds dont les contours sont délimités avec de nouvelles lignes de sonde et le sommet du monticule le plus élevé s’affiche par 87 mètres de profondeur. Et cela en un seul passage alors qu’il aurait fallu faire 50 allers-retours légèrement décalés avec le sondeur monofaisceau pour obtenir un résultat similaire. De ce point de vue, il existe donc un monde entre les deux sondeurs.
Le BBDS1 pour la sédimentologie
Cependant, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain et si le sondeur multifaisceaux offre de gros avantages pour la cartographie du fond sous-marin, il n’est pas en mesure de déterminer la nature de la sédimentologie, ce qui est l’apanage du BBDS1. Les pêcheurs savent bien que le relief n’est pas le seul élément important et que le passage d’un fond sableux à de la roche peut permettre de délimiter une zone de prospection intéressante pour la recherche du poisson.
Une réelle complémentarité
Nous allons maintenant rechercher un rocher isolé dont la position et les dimensions sont approximatives sur la cartographie d’origine. Cap au 76°, le sondeur multifaisceaux est activé et nous avançons à la vitesse fond de 7,4 noeuds. L’échelle de couleur automatique s’étend de 47 à 51 mètres et à l’instant T, le
sondeur affiche 48,8 mètres sur la partie droite de l’écran dédiée à l’affichage des données. Les deux sondeurs enregistrent simultanément les données. Depuis la barre d’outils située en haut de l’écran, Frédéric choisit d’afficher sur la cartographie C-Map, l’ombrage du terrain et de la profondeur ainsi que les lignes de contour de profondeur. Il joue également sur la transparence des informations afin que ces dernières soient toujours visibles sous la trace qui apparaît d’après les relevés des 50 points de sondage. Sur la cartographie raster, le haut-fond semble avoir des dimensions importantes, mais en réalité, la tête de roche que nous découvrons en direct ne représente qu’une petite partie de la tache bleue initialement indiquée sur la carte. Grâce au DFF3D, ses contours sont parfaitement délimités en un seul passage et avec la fenêtre d’affichage du sondeur CHIRP BBDS1 en deux dimensions on repère également le changement de nature du fond qui passe de la vase à la roche puis à nouveau à la vase sur une durée limitée à seulement 4 secondes. Les deux sondeurs ne sont donc pas à mettre en opposition mais plutôt en complémentarité.
Trois faisceaux pour mieux repérer le poisson
Au passage sur cette roche, le sondeur multifaisceaux a enregistré la présence de poisson. En affichant la fenêtre du sondeur divisée en trois parties avec les parties gauche, centrale, et droite du faisceau on repère que la quantité la plus importante de poissons est située dans la partie centrale du faisceau avant la tête de roche et plutôt sur la partie droite au passage du haut-fond. Il suffit alors de déplacer le curseur sur la zone où le poisson est détecté pour créer un « waypoint » qui s’enregistrera sur la cartographie et permettra de revenir effectuer une dérive en pêche par la suite.
Un repérage des épaves facilité
C’est de cette façon que procède Christophe Botherel lorsqu’il prospecte de nouvelles zones aux abords de l’archipel de Bréhat, son vaste terrain de jeu breton. Grâce au sondeur multifaisceaux couvrant un angle de 120°, c’est une bande de terrain d’une largeur correspondant à approximativement deux fois la profondeur qui est enregistrée. Lorsqu’il cherche une épave dont la présence à été répertoriée dans les années 50, la précision de sa position peut parfois être à 500 mètres près et avec un sondeur monofaisceau
il faut plusieurs heures pour la retrouver alors que par 50 mètres de fond c’est une bande de 100 mètres de largeur qui est prospectée à chaque passage du bateau. En quelques minutes, l’épave est alors repérée. C’est ainsi qu’aux abords du plateau des Roches Douvres, il a pu enregistrer la topographie du fond. Lorsqu’il y a un grand décroché depuis la gauche sur la droite du bateau, il n’y a pas de zone d’ombre, contrairement à ce qui est enregistré par un sondeur monofaisceau même avec un cône large de détection car ce dernier ne peut enregistrer que le point le plus haut. Grâce à cette technologie il a découvert de nouveaux trous à pagres et ses clients ont ainsi pu piquer quelques poissons trophées. Notez que le logiciel TZ Professional v3.3 a gagné le « NMEA product Award 2018 » dans la catégorie ‘Logiciel de Navigation’.
L’avenir dans le Cloud
La synchronisation entre TZ Professional, la NavNet TZT et les différents modules sondeur Furuno requiert aujourd’hui une connexion physique par Ethernet et l’utilisation d’un hub réseau. L’App TZ iBoat qui fonctionne sur le même tronc commun TimeZero ne profite actuellement pas en direct des routes et points de pêche préparés sur le logiciel TZ Professional v3.3. La version 4 devrait être une révolution avec la création d’un écosystème TimeZero et grâce au Cloud, d’une future communauté qui permettra l’échange de données entre le logiciel TZ Professional, la TZT de Furuno et l’App TZ iBoat. Les utilisateurs de TZ Professional v4, qui sortira en février, profiteront également, sur abonnement, d’un service océanographique haute résolution incluant la thermocline, la température surfacique, la bathymétrie et le plancton.