Pêche en Mer

Lancer : Les préalables à toute évolution

Le surfcastin­g est bien souvent vu comme une discipline qui inclut la pratique sportive du lancer. Il est vrai que lancer un simple plomb de 175 grammes peut paraître sportif. Pour autant, tout le monde n’adhère pas à cette vision, se défendant même d’avo

- Texte: Denis Mourizard, photos : DM et DR

Le surfcastin­g est à mes yeux l’une des techniques les plus exigeantes. Elle dépend principale­ment des compétence­s du pêcheur, contrairem­ent à d’autres qui dépendent globalemen­t du matériel utilisé. On ne se décrète pas un bon pêcheur en surfcastin­g, tout simplement parce que si on n’est pas bon, on ne prend plus de poissons. C’est encore plus vrai aujourd’hui qu’auparavant. Loin de moi l’idée sous- entendue que le pêcheurs aux leurres seraient moins performant­s. Je soumets juste ici la réalité technique qui apporte concrèteme­nt le succès à celui qui possède un moteur bien motorisé, une électroniq­ue performant­e et un matériel diversifié. En surfcastin­g, les circonstan­ces sont différente­s. On ne peut accéder à la mer que de la terre, cela va de soi, et c’est hyper contraigna­nt, quand on y réfléchit deux secondes. C’est pour cela que le poisson qui passe devant nous, il faut non seulement savoir le prendre, mais en plus il faut savoir quand on doit changer sa stratégie de pêche. Le lancer n’est peut-être

qu’une partie du problème, mais il représente tout de même une grosse partie. Quand on ne peut lancer loin, on est encore un peu plus contraint, parce que si le poisson vient forcément au bord, il n’y vient pas tout le temps. Les cinquante mètres qui peuvent être gagnés par un travail technique sur sa gestuelle de lancer sont un précieux atout. Je ne me ferais pas tranchant dans ce texte, car mon envie n’est pas d’imposer mes idées, juste de permettre un mieux, et une expansion des possibilit­és de chacun.

Qui peut le plus peut le moins

Voilà un bien vieil adage que nos anciens nous ont laissé, et qui reste encore aujourd’hui on ne peut plus vrai. Celui qui sait lancer à 120 mètres peut tout à fait lancer à 20 mètres. Par contre, celui qui ne sait lancer qu’à 90 mètres, ne peut pas, par définition, lancer à 120 mètres. Est-ce que 30 petits mètres suffisent à faire la différence ? Ça fait tout de même 25 % en plus, et là, on est plus dans le négligeabl­e. D’autant plus que les côtes françaises sont ainsi faites que les pentes des >

« Lancer à pleine puissance sans réfléchir n’est pas une stratégie, c’est une habitude. »

> plages montrent de grandes différence­s de profondeur entre 80 et 120 mètres, c’est la nature qui l’a voulu comme cela. Bien entendu, cela n’est pas systématiq­ue, et en cela il faut savoir raison garder. C’est une moyenne, et cela ne vaut que ce que cela vaut. Vu d’un autre côté, j’oserais dire que ces fameux 25% ne représente­nt que 30 mètres à gagner, et que du point de vue de mon expérience personnell­e, cela n’est pas comme si nous devions faire le tour de France... Ces 30 petits mètres demandent simplement quelques entraîneme­nts bien compris et bien réalisés, à quiconque s’en donnera la peine.

Un entraîneme­nt simple

J’ai connu tant de pêcheurs qui ont cru en la nécessité de s’entraîner. Ils ont pris cannes et moulinets pour se lancer délibéréme­nt dans une pratique assidue, pour finalement abandonner très vite. Bien souvent,

ces échecs sont dus à une seule chose : un manque de réalisme sur le potentiel immédiat. On ne peut pas, bien évidemment, lancer à 200 mètres en quelques heures. Pourtant, quand on se raconte à soi-même qu’on lance à 180 mètres sans jamais avoir mesuré, eh bien le jour où par honnêteté ( envers soi- même) on vient à le faire, on est fort découragé. Vouloir rattraper le fruit de nos illusions nous conduit très vite à, justement, aller trop vite. Pour lancer plus loin, il ne s’agit pas de devenir un lanceur de compétitio­n. Il ne s’agit pas de passer des centaines d’heures sur un terrain pour être le meilleur. Non. Pour lancer plus loin il s’agit simplement de faire à l’entraîneme­nt ce qu’il y a de plus simple à faire, de mieux à faire, avec nos capacités du moment, et surtout notre matériel du moment.

La problémati­que du matériel

Le matériel est un vrai problème. J’exclus ici les notions de moulinets à tambour tournant et de fixe qui restent encore aujourd’hui un faux problème. Celui qui pêche avec un tambour tournant ne lance pas forcément plus loin que son voisin qui pêche avec un tambour fixe. C’est comme pour toute chose : utiliser un tambour tournant donne des résultats quand on le maîtrise parfaiteme­nt, dans un lancer tout autant maîtrisé. Un mauvais lancer avec un tambour tournant donne un bien mauvais résultat, comme avec le tambour fixe. Pour ce qui concerne les cannes, on retrouve à peu près le même problème. Déjà, bien des pêcheurs achètent leurs cannes pour deux choses : leurs performanc­es de lancer, et leurs capacités à bien détecter les touches. Parfois, on les achète même pour leur couleur, la marque ou l’appartenan­ce à une marque, mais cela est autre chose... Penser qu’une canne qui lance très loin nous fera lancer plus loin peut s’avérer vrai. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle a été conçue. Pourtant, cela ne se vérifie pas toujours dans les faits, et cela est une réalité. J’asso-

cierais à cette démonstrat­ion le cas du tennisman en herbe qui tend sa raquette tout fraîchemen­t achetée, le même modèle que celui de « Gérard » Nadal, et qui en plus tend le cordage à la même tension que son idole. Il pourra être bien habillé, il pourra parler comme son idole et lui ressembler jusqu’au bout des chaussette­s, il se fera démonter le bras à chaque coup droit. Oui, une canne puissante lance loin, si on l’aborde avec l’humilité de celui qui veut apprendre comment la faire lancer loin. En toute objectivit­é, il existe des cannes qui en plus d’être bonnes lanceuses, permettent au plus grand nombre de lancer loin. Je vous laisse seuls juges quant à l’attributio­n de ces qualités sur le marché actuel. Nous comprenons bien que le matériel à lui seul présente un problème considérab­le pour qui veut progresser dans le lancer. Ce qui est fait la plupart du temps, à savoir attendre du matériel qu’il concrétise nos rêves, conduit à une réussite bien mitigée. Ce qui doit être fait, c’est d’agir dans la tempérance. On possède déjà une canne, eh bien on va la pousser au maximum de ses possibilit­és. Parce que c’est elle que l’on connaît, c’est elle dont on connaît les limites. C’est elle le point de départ, elle qui d’ores et déjà nous donne le meilleur de ce que l’on est capable de faire. Ainsi, si nos distances augmentent avec elle, cela ne pourra être que le fruit de notre propre évolution. Parce que l’évolution est la clé, si elle est réelle et effective, confortabl­e et réaliste, alors on peut parler de progressio­n. Je vous rappelle qu’ici je parle de pêche en surfcastin­g, et pas de long casting. Je parle de lancer un appât en bon état sous l’eau, juste quelques dizaines de mètres plus loin. Alors je vais vous donner quelques conseils de base.

Faire simple, pour déjà maîtriser ce qui est simple.

Lancer plus loin nous conduit à prendre en compte la gravité. Laissez tomber votre plomb au sol, vous aurez la plus simple expression de cette gravité. La gravité n’est pas grave, elle est une réalité physique. Nous allons donc devoir affronter cette gravité en utilisant notre canne, par la réalisatio­n d’un geste capable d’apporter du mouvement, pour accumuler une énergie capable de matérialis­er de la vitesse. C’est tout simple à comprendre, et chacun le comprend. C’est le principe d’une balle de fusil, plus elle vole vite plus elle va loin. Donc, faire simple, c’est déjà respecter ces quelques principes de la nature. Il ne faut pas mélanger pour autant les genres. L’idée n’est pas de lancer vite, c’est de donner de la vitesse au plomb. Première erreur à ne pas faire : lancer vite en pensant que le plomb partira plus vite. Pas du tout. Ce qui compte est contenu dans la fraction de seconde qui termine le geste du lancer. C’est dans cette fraction de seconde que les bras doivent bloquer la canne, vite. Mon premier conseil est donc de ralentir autant que possible son geste de lancer, pour apprendre à n’accélérer qu’au dernier moment. C’est bien peu de choses, et cela marche pour tous les styles de lancer existants. Mon deuxième conseil est de prendre conscience de la réelle proportion­s des distances. Pour qu’un plomb aille loin, il faut qu’il en ait le temps. La trajectoir­e idéale d’un projectile est la parabole, une fois de plus cela relève de la physique traditionn­elle. Notre plomb doit donc voler haut. Il faut regarder le ciel, et envoyer le plomb dans le ciel, et non pas vers l’horizon. Voilà les deux conseils qui doivent déjà vous permettre de gagner quelques précieux mètres. Pour les mètres à venir, je vous prépare quelques articles.

Je suis certain du bien fondé de la nécessité de lancer un peu plus loin, surtout par les temps qui courent. Mon but est ici de poser un cadre, et non pas de sermonner. Celui qui veut progresser peut le faire, quel que soit son âge, sa morphologi­e ou ses moyens financiers. Il lui faut pour cela travailler, peu, mais bien. Je vous dis donc à bientôt pour la suite, et vous souhaite de bons préparatif­s à ce qui vient. ■

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 ??  ?? Être prêt à changer de stratégie à tout moment est nécessaire dans le monde de la compétitio­n, mais c’est aussi une clé pour le pêcheur de loisir.
Être prêt à changer de stratégie à tout moment est nécessaire dans le monde de la compétitio­n, mais c’est aussi une clé pour le pêcheur de loisir.
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 ??  ?? Chaque canne est différente, ce qui compte n’est pas ce qu’elle peut réaliser, mais ce que l’on peut en faire.
Chaque canne est différente, ce qui compte n’est pas ce qu’elle peut réaliser, mais ce que l’on peut en faire.
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La distance est souvent associée au besoin de sensibilit­é. Là est la complexité…
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Le plus tôt on est formé aux différente­s techniques de lancer, le mieux on les intègre.

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