Pêche en Mer

Rock fishing - Stage 1 : Light fishing

Voici qu’il me vient l’envie de vous emmener nous promener quelque part aux alentours de chez-vous, sur une digue ou dans un port, pour nous amuser. Cette version du rock fishing abordée ici est passionnan­te, parce que sans limite pour l’imaginatio­n. Elle

- Texte et photos de Denis Mourizard

Le rock fishing est une vision de la pêche essentiell­ement centrée sur la roche. Elle est ouverte à plusieurs techniques différente­s, dont celle que nous visitons ici dans ce numéro. Je voudrais pour commencer délivrer ma propre perception du rock fishing, une perception qui reste bien personnell­e, mais qui me conduit à rédiger cet article avec toute la joie de l’enfant que je prétends rester, et de l’adulte que je suis devenu. De nos jours, nul ne peut contester que la pêche que nous connaisson­s n’est plus la pêche que nous avons connue. Il est désormais derrière nous le temps où nous allions pêcher en surfcastin­g sans nous poser la question « allons nous pêcher du poisson ? » Il est loin le temps où nous pêchions les daurades dans le port de Sète (ou ailleurs) sans que nous ayons à nous poser la même question. Aujourd’hui, la pêche est assujettie à son lot d’incertitud­es, à un point tel que la maîtrise technique n’est même plus un argument suffisant quand on est au bord de l’eau. Pour ces raisons, et pour d’autres aussi, la prise d’un beau poisson est devenue matière à être fier, peu à peu nous avons glissé d’une pêche qui prônait le simple plaisir de partager et d’être au bord de l’eau, à une pêche où le seul et unique but est de prendre des poissons, et même

un seul poisson, pourvu qu’il soit gros. Naturellem­ent, je ne veux pas généralise­r, mais il est clair que nous avons un gros problème : la diminution des stocks de poissons, auquel est adossé un autre problème : celui de la relation entre l’homme et la nature, et donc entre le pêcheur et la mer. L’une des fondamenta­les de mon existence personnell­e est la liberté. La liberté de l’enfant qui parcoure la nature, parce que justement, c’est la nature de l’homme que d’être libre. Au lieu de préserver sa propre liberté en sécurisant celle de la nature, l’homme s’est attribué la liberté d’en priver la nature… et les autres. Nous sommes aujourd’hui contraints par des lois liberticid­es, pourtant devenues légitimes en raison des nombreux abus. Quel rapport y a-t-il avec le rock fishing me direz-vous ? Il y en a un : la liberté qu’il procure. Cette technique que nous allons parcourir ensemble s’adresse à des poissons qui n’intéressai­ent pas grand monde jusqu’ici. Pourquoi ? Parce qu’un poisson de roche a moins de valeur qu’un bar ? Parce qu’un poisson de roche est petit, et qu’il n’y a aucune gloire à le vaincre ? On pourrait néanmoins opposer le fait qu’avec des poissons de roches on cuisine la bouillabai­sse. C’est vrai. Pourtant, là n’est pas ce qui m’attire, et c’est justement l’inverse. Ce qui me plaît est le fait de pêcher des poissons qui n’ont aucune valeur, pour m’en tenir à l’essentiel : la découverte de la vie dans la roche. La roche, et plus généraleme­nt ici cet endroit si particulie­r où se rencontren­t l’eau et la terre (incluant donc les ports) est magique. Proposez à un enfant d’aller à la pêche… Lui ne se demandera pas s’il faut en prendre un gros. Lui ne se prendra pas en photo avec, il se prendra en photo avec papa. Lui ne se demandera pas s’il faut porter tel ou tel vêtement, ni même s’il faut poster la photo sur les réseaux sociaux. Non, l’enfant va sauter de joie. Il va s’enivrer de rêves, et la façon dont il va voir son premier poisson de la journée sera un mélange de Nemo et de Bruce dans le Monde de Nemo, ou de Dory et de Destinée dans le Monde de Dory. Voilà à quoi me ramène le rock fishing : au jeu de l’enfant qui pêche sans attentes, juste pour le plaisir. Cette distractio­n est pour moi un pied de nez aux nombreuses révolution­s des cent dernières années. Elle me ramène à l’essentiel : un homme les pieds au bord de l’eau, qui fouille, qui gratte, qui doit se faire discret. Si vous avez lu cet article jusqu’ici, alors je crois que vous êtes prêts à découvrir la suite.

Qu’est-ce que le Stage 1

J’ai pensé à cette idée de stage non pas pour poser une notion de valeur, ou de classement, mais dans l’esprit d’une étape. Pour qui veut découvrir le rock fishing, il y a plusieurs domaines à explorer, plusieurs techniques qui finalement en construise­nt une seule. Tout comme le leurre regroupe la pêche en surface, les poissons nageurs, le jiging la verticale, le rock fishing intègre l’iso ou le leurre. On déploie plusieurs approches techniques pour aborder un lieu de pêche, une zone spécifique. Il y a plusieurs façons de l’aborder, tantôt au leurre, tantôt aux appâts naturels, avec des cannes longues, ou des cannes courtes, en pratiquant une pêche virile par mauvais temps, ou une pêche très légère par beau temps. Le rock fishing est l’esprit, le stage 1 sera l’approche technique ultra légère de l’esprit de cette pêche.

Où ?

Nous allons cibler ici deux types de postes de pêche : les enrochemen­ts artificiel­s, et les ports qui sont encore accessible­s aux pêcheurs (de moins en moins nombreux). Ces endroits sont très souvent oubliés, ou vus comme de simples ouvrages sans intérêt. On y passe, on y marche, parfois on y pêche, avec pour seul instinct celui qui consiste à nous inciter à lancer au loin, le plus au large possible. C’est bien inconsciem­ment qu’on en oublie que dans la roche, ou au bas du quai, se développe une vie riche et fourmillan­te. Imaginez vous poser un instant sur une digue, n’importe laquelle, la première et la plus proche qui s’offre à vous. Commençons par la voir autrement, dans ses plus grands mystères : chaque trou, chaque faille, chaque endroit susceptibl­e de cacher l’invisible. Combien de postes, combien de prises potentiell­es proposent une simple digue ? 10, 20, 100 ou plus encore ? Certes, inutile d’espérer prendre un bar ou une liche dans un trou de 30 centimètre­s, mais il y a, et n’en doutez pas, certaineme­nt plus gros que ces deux là, quelque part, là sous vos pieds. Dans ce stage 1, il n’y aura pas de très gros poissons à envisager, juste une multitude d’espèces

différente­s, une variété qui fait pleinement partie de la magie de cette technique. Du côté des ports, que pourrons-nous explorer ? Bien évidemment, les digues qui très souvent en permettent l’accès, mais pas seulement. Les quais et les pontons sont des ouvrages qui permettent aussi de bien belles aventures. Un quai plein, c’est-àdire qui présente un mur vertical est une première possibilit­é. On y trouvera les poissons sur les bases, en quête de nourriture, mais également en cours de transit. Les poissons suivent souvent les infrastruc­tures pour se déplacer, près du fond pour être protégées. On explorera aussi les angles de quai qui produisent des contrecour­ants. On comprendra qu’un courant qui longe un quai subit une dépression soudaine lorsqu’un angle se dessine. Il s’élargit, et il permet ainsi à des poissons prédateurs, comme le bar, le loup, les chinchards ou les maquereaux de stationner. Ils se placent ainsi en retrait pour observer le courant qui déboule, et peuvent ainsi foncer sur tout ce qui apparaît sous leurs yeux. Enfin, on peut parcourir les piliers des pontons flottants, ou des ponts routiers, quand on le peut. Le long de ces piliers naviguent des Sparidés, sars et parfois daurades et loups. Tous ces postes que l’on croise au quotidien dans un port sont autant d’occasions de s’amuser.

Quand ?

Partant du principe que nous partons à chaque fois à l’aveuglette, sans savoir vraiment quoi cibler, que ce soit au niveau de la taille ou de l’espèce, on peut comprendre que cette technique se pratique toute l’année. Avec juste quelques leurres, et toujours le même ensemble canne et moulinet, on peut pêcher du céphalopod­e ou du bar. Parce que là est le fondement de la chose : toujours partir sans aucun à priori, avec un matériel simple et minimalist­e, à la découverte des opportunit­és qui vont s’offrir à nous. Ainsi, qu’il fasse 30°C ou qu’il fasse -2°C, il ne faut voir la températur­e que comme un élément qui fait changer la nature de la pêche, et vraiment pas comme une barrière. Certes, en hiver on prendra moins de poissons, et peut être plus de céphalopod­es, mais

l’essentiel n’est-il pas de prendre l’air ? Seul ou entre amis, vivre et respirer la nature en profitant de ce qu’elle nous offre.

Comment ?

La technique est essentiell­ement axée sur les leurres. Bien évidemment, on va utiliser des petits leurres de quelques dizaines de millimètre­s (de 25 à 45 mm). Ces leurres sont adaptés aux cannes légères que l’on utilise. Il peut s’agir de leurres souples, plus adaptés aux digues rocheuses. Il peut aussi s’agir de poissons nageurs, quant à eux plus adaptés aux postes que l’on trouve dans les zones portuaires. Techniquem­ent, il n’y a vraiment rien de bien compliqué. Les montages restent simples, très simples. Pour les leurres souples, on fait un montage en direct pour pêcher sur le fond. Une micro tête plombée équipée de son petit leurre fait l’affaire. Optez pour des poids très légers, mais néanmoins suffisants pour atteindre le fond. Des plombées de 2 g à 10 grammes sont amplement suffisante­s. En Atlantique, on évitera bien évidemment de pêcher avec un coefficien­t de 100 en pleine marée… On préfèrera les petits coefficien­ts, et les étals. En Méditerran­ée, cette plage de poids est suffisante pour toutes les situations. Le montage en direct convient pour les pêches à gratter

dans les ports, ou pour descendre e la ligne dans les trous des digues. . On peut aussi utiliser un montage e en drop shot, leurre monté sur le e corps de ligne terminé par une e plombée unique. Ce montage est t aussi utilisable pour pêcher avec c des appâts, des petits vers ou des s morceaux de moules. Il peut être e descendu verticalem­ent, soit dans s un trou, soit le long d’un plan n vertical (mur de quai ou pilier de e ponton). Pour les leurres durs, on n privilégie bien entendu un mon- tage direct sur la tête de ligne. . La ligne peut être en tresse très s fine (6 ou 8/100) terminée par r une tête de ligne en fluorocar- bone de 22 à 25/100. On peut aussi i faire le choix de pêcher en 22/100 0 fluorocarb­one intégral sur le mou- linet. Comme nous pratiquons des pêches à courte distance, on perd somme toute assez peu de sensibilit­é si le fluoro est de bonne qualité. La canne sera du type rock fishing. Longue de 2,10 à 2,70 m elle est idéalement en carbone, et équipée d’une pointe souple, mais néanmoins nerveuse. La sensibilit­é de la pointe est importante, et la légèreté de la canne également. Ce type de produit court les rayons des magasins, vous n’aurez aucun problème à en trouver, dans une plage de puissance de 5 à 20 grammes environ.

Je ne préconiser­ais pas de méthode particuliè­re. Non pas qu’il n’y en a pas, car il est toujours possible de compliquer les choses. Non, je préfère vous dire d’être créatif. L’important est de balayer du terrain, autant que possible. Il faut être très mobile, changer de poste souvent, ne pas attendre à un endroit. Un trou ne nécessite qu’une descente, si aucune touche ne nous alerte, on passe au suivant. Seuls les angles de quai peuvent justifier quelques lancers, surtout de nuit en recherchan­t la limite entre le noir et la lumière. Vous ferez vos armes rapidement, et je suis certain d’une chose : la bredouille n’existe pas pour qui suit les conseils simples que nous venons de voir. Amusez-vous est le maître mot ! ■

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Un pont dans une ville, amusant, et reposant coin de pêche pour le street fisher.
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Un coin de quai au milieu de nulle part est peut-être la porte d’entrée à un combat inattendu.
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On ne voit rien, pas même certaines touches, mais on développe sa sensibilit­é.

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