La cohésion leurre-matériel
Le développement brutal des pêches aux leurres a enfanté un phénomène qui joue désormais un rôle capital dans la régularité et l’efficacité du pêcheur. La cohésion entre l’ensemble du matériel est une condition essentielle à la bonne maîtrise des leurres.
Il est on ne peut plus important de pouvoir s’adapter aux leurres que l’on utilise. La cohésion de l’ensemble de la chaîne matérielle est essentielle car le moindre maillon inadapté peut appauvrir considérablement le comportement du leurre. Je prendrais à titre d’exemple les stickbaits, ces leurres de surface qui sont pourtant reconnus pour leur facilité d’emploi. Le stickbait est conçu pour jouer avec la surface liquide. Flottant, il oppose une résistance permanente à la pression liquide.
Pour pêcher efficacement avec des stickbaits, il faut commencer par utiliser la canne adaptée. Celle-ci doit tenir compte de la précision des pressions qu’il faut exercer au museau des leurres. L’animation d’un stickbait se fait toute en nuances. Les réactions du leurre sont bien plus réalistes lorsqu’il reçoit des sollicitations franches. Il faut pour cela une canne nerveuse sur la pointe. Trop souple, une canne absorbe une grande partie de l’énergie qui de ce fait n’est plus conduite jusqu’au museau du leurre. Le walking the dog se trouve tronqué. Pire, il devient aussi plus compliqué de faire pénétrer le stickbait sous la pellicule (si tant est qu’il soit conçu pour le faire). Le second élément de la chaîne est la tresse. Avec des petits stickbaits, il faut absolument utiliser une tresse légère, fine et souple. Trop revêche, la tresse accroche la pellicule de l’eau. Pour que le stickbait puisse développer des glissades larges, il lui faut une liberté totale, et à chaque travers, le leurre tire la tresse à lui. Les nouvelles tresses en huit brins, plus fines ont d’ailleurs considérablement amélioré le travail des stickbaits, entre autres.
La tresse est quant à elle couplée à une tête de ligne en fluorocarbone. On place cette portion de ligne pour éviter que la tresse ne se prenne dans les triples, mais également pour améliorer la discrétion au museau du leurre.
Si vous utilisez une tresse fine, mais que la tête de ligne est longue, grosse et lourde, vous en tuez tout le bénéfice. Restez cohérent dans vos choix, et privilégiez une tête de ligne courte et d’un diamètre aussi restreint que possible.
Vient ensuite la connexion avec le leurre. Un stickbait effectue des mouvements latéraux réguliers. Une agrafe peut donc être un frein aux enchaînements si elle n’offre pas une liberté totale à l’anneau du museau. Optez pour des modèles ronds et bien ouverts. Ils facilitent le développement de la nage. Les agrafes resserrées (en «V») sont plus adaptées
aux poissons nageurs car elles stabilisent l’assise du leurre.
Je terminerais enfin par le moulinet. La vitesse de ce dernier est un piège dans lequel on a vite fait de tomber. Il est très confortable de bénéficier d’une haute vitesse de récupération. Ceci- dit, quand on travaille le stickbait, mieux vaut le faire à un rythme cohérent avec les attentes du poisson. Dans ce domaine, vous devez à votre tour adapter votre vitesse de rotation de la manivelle pour ne pas contrarier tous les efforts que vous avez déployés précédemment. Le succès tient souvent à de savants équilibres ! ■
Entre deux stickbaits, c’est parfois le jour et la nuit en matière d’animation et de comportement, mais aussi de résistance aux accélérations.