Éditorial
Le dernier épisode de l’énième saison de la série qui déchaîne les passions : “le bar à Bruxelles” nous a apporté un coup de théâtre digne de “House of Cards” ! Un retournement de situation mené par l’un de ses principaux acteurs, le breton Alain Cadec. Souvenez- vous, le mois dernier la Commission européenne mettait en ligne les propositions – pour le moins passéistes – concernant la gestion du bar qu’elle souhaitait faire voter au Conseil des ministres. Celles- ci, aux antipodes du plan pluriannuel proposé par les députés, qui rappelons- le avait recueilli en plénière un avis favorable par plus de 90 % des votants, ont largement ému le milieu et notamment sur la volonté de maintien d’un stock “nord” et d’un stock “sud” chez l’ami Labrax. Pour beaucoup les dés semblaient jetés, d’autant qu’Alain Cadec restait mystérieusement silencieux sur ce revers. Loin d’être abattu, l’homme était en réalité à la manoeuvre dans les couloirs de l’institution. Et c’est de cette manière que le 28 novembre, le même Cadec annonçait, quelque peu épuisé, avoir obtenu un consensus avec le Conseil des ministres pour faire voter ce fameux plan pluriannuel. Au grand dam de la Commission.
« J’airéussià obtenirqueles mesuresdegestion soientidentiques aunordetau suddu48 ème parallèle »
« Nous avons trouvé un accord après d’intenses négociations avec le Conseil sur le Plan Atlantique/ Manche. Notre plus grande victoire est certainement l’inclusion du bar dans les espèces cibles de ce Plan. Nous en aurons fini avec les mesures d’urgence reconduites chaque année. L’objectif est que, dès 2020, la pêche du bar devienne une pêche ciblée et surtout durable. De plus, j’ai réussi à obtenir que les mesures de gestion soient identiques au Nord et au Sud du 48ème parallèle. Ce Plan reconnait la présence d’un seul et même stock de bar en Manche, en Bretagne Sud et dans le Golfe de Gascogne. Ceci est également valable pour la pêche récréative qui est désormais inscrite dans ce Plan. » Ajoutant toutefois que « Cette victoire est tout de même tempérée par le fait que nous n’ayons pas obtenu des États membres la mise en place de fermetures de la pêche du bar pendant les périodes de reproduction. »
Or, selon des sources proches du dossier, ce serait la France, à travers le nouveau ministre de l’agriculture Didier Guillaume, qui se serait opposé à la fermeture de la pêche du bar pendant le frai. L’homme, qui officie dans un gouvernement se qualifiant sans rire d’ “écolo”, n’en est pas à son coup d’essai en la matière puisqu’il avait, dès son entrée en fonction cet automne, créé la polémique avec des prises de positions pro pesticides.
Mais dans le fond, pourquoi une telle différence entre la Commission et les députés me direz- vous ? Cela vient vraisemblablement du fonctionnement des institutions avec des commissaires européens nommés qui se tiennent aux exigences, pour 2020, de la dernière réforme de la Politique Commune de la Pêche ( PCP) d’il y a cinq, tandis que les députés, élus de terrain, doivent composer avec les remontés de leurs administrés. Preuve en est, les ONG sont, en cette fin d’année, en ordre serré pour dénoncer le retard pris par les États membres pour atteindre les objectifs fixés par la PCP en même temps qu’ils saluent les “résultats encourageants de la Commission européenne”.
Dans tous les cas, au moment où vous lisez ces lignes, le vote a du avoir lieu et nous devrions être fixés au début de l’année 2019. Très belles fêtes de fin d’année à tous.