Pêche en Mer

Mouche : Bar à la crevette dans les goémons

L’arrivée des beaux jours va nous permettre de ressortir l’attirail mouche et d’enfin nous dégourdir les soies ! De la fin du printemps à l’automne, nous arrivons dans la meilleure période pour traquer les gros bars sur les bordures notamment à l’aide d’i

- Texte et photos : Herlé Hamon

La technique s’apparente à la traque du bar avec de petits crabes que nous avions déjà évoquée dans le magazine, il y a un moment. Cependant, la crevette va nous permettre de pêcher plus discrèteme­nt et se révèle parfois plus efficace sur les gros sujets un peu méfiants.

Baies peu profondes et estuaires

Une grande partie de notre littoral se prête à cette pêche itinérante et d’observatio­n. Les baies peu profondes et les

estuaires sont des postes de choix où viennent régulièrem­ent chasser les bars. Leurs abords sont souvent recouverts d’algues et notamment de fucus vésiculeux qui, grâce à leur sorte de flotteurs, offrent de beaux massifs où peuvent se cacher les nombreux crustacés tant recherchés par nos labrax. Il faut concentrer ses efforts sur ces secteurs et, canne à la main, arpenter les rives à la recherche du moindre signe pouvant trahir la présence d’un poisson. Il faut chercher la fameuse « nervous water » des Anglo- saxons, c’està- dire un mouvement d’eau anormal répercuté en surface. Cela peut être une minuscule vague qui avance, un remous étrange entre deux touffes d’algues ou mieux, une nageoire dorsale perçant la surface et ne laissant alors plus aucun doute sur la présence du bar.

Il s’agit donc en général d’une pêche visuelle même s’il est assez rare de vraiment voir le poisson et de voir surtout sa tête et la gueule s’ouvrir sur notre mouche. La plupart du temps, il faut lancer au plus près des algues, là où s’est produit le mouvement et laisser couler doucement son imitation. Il faut alors animer sa mouche par petites saccades comme une crevette cherchant à se mettre à l’abri. Avec leur large gueule, les

bars ne font qu’une bouchée de ces petits crustacés et la touche est souvent assez nette.

Discrétion avant tout

Sur des zones où alternent herbiers et sable, il est possible de repérer nos prédateurs avant qu’ils ne nous voient. Mais ici encore, la discrétion est le maître-mot. Il faut avancer très lentement et ne pas hésiter à s’arrêter de longues minutes au moindre doute de la présence d’un poisson. Il arrive alors de voir un gros labrax se détacher sur le fond blanc changeant de secteur de chasse. Il faut anticiper sa trajectoir­e et placer votre crevette sur le fond quelques mètres devant lui. Comme dans la traque du bonefish sur les flats tropicaux, vous avez ainsi la vision incroyable de ce magnifique prédateur, dos presque en dehors de l’eau, qui vient cueillir votre mouche. Comme toujours dans ce cas, il faut ferrer à la soie et non pas en levant la canne. C’est dans ces conditions optimum et si excitantes que la plupart des pêcheurs font cette erreur qui se solde la majorité du temps par un raté ou un bar qui se décroche en cours de combat. Bien entendu, nous n’avons pas cette chance tous les jours et sans indice visuel, il reste intéressan­t de prospecter les postes les plus prometteur­s. Une trouée entre deux grands massifs d’algues, les abords d’un rocher recouvert de varech, la limite entre les fucus et un tombant…

Il faut alors déposer son imitation doucement sur le poste en ayant parfois sa soie en partie sur les algues et tricoter lentement juste pour garder le contact et sentir la touche. Il m’est arrivé de voir surgir un éclair argenté alors que rien n’avait trahi sa présence.

Ne pas pêcher trop fin !

Le combat est ensuite tout en puissance car il faut extirper notre adversaire de son refuge végétal ! C’est pour cela que l’on ne doit pas trop descendre en pointe, un 12 à 15 lb est un bon compromis, finesse/solidité.

Au niveau des mouches, il faut adapter le poids de l’artificiel­le aux postes mais une constante lorsque l’on pêche dans les goémons c’est d’avoir un anti-herbe pour éviter de se planter dans la végétation aquatique au premier strip !

Plusieurs techniques permettent de créer des anti-accroches effi- caces grâce à du nylon. Vous pouvez attacher solidement deux brins assez rigides juste derrière l’oeillet de l’hameçon ou, plus classiquem­ent, former une boucle qui part de la courbure et s’attache sous l’oeillet. Cela permet à la mouche de « glisser » sur les obstacles sans se piquer en tous cas pas immédiatem­ent. Cela donne une chance au bar de la voir et donc de la gober avant qu’elle ne soit entourée de salade !

Au niveau lestage, il faut être raisonnabl­e et posséder une petite gamme allant du poids de l’hameçon seul pour les zones très encombrées et peu profondes, aux yeux haltères de 4 mm pour les tombants et forts courants par exemple. Il est important de ne pas trop charger en plomb car, dans cette pêche, la discrétion du poser compte énormément. Les bars deviennent méfiants lorsqu’ils se nourrissen­t sur les hauts- fonds et l’impact de notre artificiel­le sur l’eau peut suffire à les mettre en alerte. Cette traque des bars du bord à la mouche est exigeante mais vous permet des coups de ligne sensationn­els que seule la pêche tropicale sur les flats peut normalemen­t offrir. ■

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Il faut animer sa mouche par petites saccades comme une crevette cherchant à se mettre à l'abri.
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Il ne faut pas hésiter à poser sa soie sur les algues pour aller pêcher des trouées qui se trouvent à une dizaine de mètres de nous. Cela permet de ne pas faire fuir les bars qui peuvent être en embuscade dans les fucus.

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