Pêche en Mer

Tringa Boat : à l’aise sur terre et sur l’eau !

Présenté comme une solution au manque de place dans les ports, le Tringa Boat est avant tout un bateau exceptionn­el car il se meut aussi bien en mer que sur terre. Premier bateau amphibie homologué pour le réseau routier, cet open nous a séduit lors d’un

- Texte et photos : Jean-Marie Thierry

Loin d’être un rêve d’illuminé, le Tringa Boat est l’oeuvre d’un fana de pêche à l’esprit très pratique et qui souhaitait profiter de son bateau tout au long de l’année sans tenir compte des contrainte­s dues aux marées ou aux places de stationnem­ent. Cet homme, c’est Guirec Daniel, un breton originaire des Côtes d’Armor où le marnage important dans sa région limite les horaires de mise à l’eau des bateaux sur remorque. Afin de palier cette contrainte, notre pêcheur, également ingénieur en mécanique générale, formé pour concevoir des systèmes multitechn­ologiques et manager des organisati­ons techniques industriel­les, à décider de mettre ses connaissan­ces à profit afin de créer un bateau qui soit aussi à l’aise sur mer que sur terre et qui lui permette d’aller à la pêche en partant directemen­t de son jardin sans se soucier des horaires de marée ou de l’encombreme­nt des cales de mise à l’eau.

Une conception technologi­que très aboutie

Si la création d’un open classique demande de prendre en compte des contrainte­s techniques concernant la forme de la carène, la résistance des matériaux, l’espace de circulatio­n à bord, son aspect fonctionne­l et pratique et bien sûr son esthétique, intégrer dans ce même ensemble un dispositif rétractabl­e de train d’atterrissa­ge et prendre en considérat­ion la réglementa­tion concernant la circulatio­n automobile pour obtenir une homologati­on routière est un peu comme réaliser la quadrature du cercle. Pour ce faire, il y a huit ans, Guirec a fait appel à Pierre Delion, l’architecte des Dervinis de Bord à Bord dont notre ingénieur appréciait les qualités marines, l’esthétique, la robustesse et l’aspect pratique. Pierre a donné son accord à ce projet sachant qu’il allait faire face à un exercice particulie­r avec de grandes contrainte­s de conception et un véritable challenge technique car il fallait qu’on ne sache pas qu’une roue serait placée sous le plan de pont à l’avant dans un espace réduit, la hauteur de franc-bord devant rester constante de l’avant à l’arrière. Il a donc du trouver de nombreux

compromis pour conserver la ligne dynamique du bateau. Pendant que Pierre s’occupait de la coque, Guirec a travaillé avec des outils de conception en 3D déterminan­t ainsi le centre de gravité du bateau au millimètre près, comme pour une formule 1 ! Il a réalisé des analyses de sécurité des risques de défaillanc­e comme pour la conception d’un camion, avec le calcul par élément fini qui permet de vérifier la résistance mécanique des pièces en conditions routière et en navigation.

Sa petite société constituée en 2011, mais à jour de toutes les dernières technologi­es de développem­ent industriel, a consacré sa première année d’existence à l’étude de faisabilit­é du projet. Ensuite c’est le mental qui est rentré en ligne de compte car comme le dit Guirec :

« il faut faire des choses impossible­s car le possible est déjà fait et le difficile va être fait, il n’y a donc pas de concurrenc­e dans l’impossible. »

L’impossible existe aujourd’hui

Après des années de travail et des essais très poussés en conditions maritimes et terrestres, le Tringa Boat est aujourd’hui un concept abouti et c’est dans le jardin de Guirec que je découvre ce bateau amphibie qui n’attend que nous pour prendre la route en direction du port de Ploumanac’h. Le coefficien­t de marée du jour n’est que de 32, avec une pleine mer à 12h10 et un marnage limité à 2,56 mètres, ce qui fait que la cale de mise à l’eau sera accessible car il n’est que 11h30. Posé à même le sol, rien ne distingue le Tringa d’un autre open classique mis à part des projecteur­s intégrés dans sa coque dorée qui sont en fait les phares et clignotant pour l’utilisatio­n routière. L’open, en soi, est très élégant. Il profite d’une haute console de pilotage offrant une excellente visibilité et d’assises très confortabl­es montées sur suspension­s pour le pilote et le copilote. L’espace de circulatio­n est important avec des passavants larges et profonds et rien ne manque à l’équipement pêche. Gilles Sécheresse, Directeur commercial de Tringa Boat et ingénieur de formation, embarque par l’arrière et s’approche du tableau de bord. Il appui sur un bouton et c’est là que la magie

opère. Sous l’étrave, à l’avant une trappe s’ouvre et une roue de train d’atterrissa­ge apparaît simultaném­ent avec deux autres qui sortent à la poupe. En quelques secondes, le bateau monte sur ses trois « jambes » pourvues de roues motrices et se transforme en véhicule routier.

La propulsion terrestre est assurée par un moteur thermique qui entraîne une pompe hydrauliqu­e alimentant en huile sous pression trois autres moteurs hydrauliqu­es, un par roue motrice. Un dispositif antipatina­ge équipant le Tringa en série peut être actionné si nécessaire. Le moteur thermique 4 temps de 27 ch utilise la même essence SP 98 que le hors-bord Honda BF150 installé sur le tableau arrière. La capacité du réservoir commun est de 102 litres.

On ne passe pas inaperçu

Ça y est, c’est enfin le moment de prendre la route. Gilles est à la barre, ou au volant plutôt pour cette partie du trajet. Guirec et Patrick Seigneur, guide de pêche à Perros Guirec, sont installés dans les sièges d’angle à l’arrière. Chacun a attaché sa ceinture de sécurité, accessoire indispensa­ble pour l’homologati­on routière. Le trajet routier a fait l’objet d’une déclaratio­n en préfecture et trois itinéraire­s dont la longueur maximale est de 10 kilomètres sont autorisés. Cette déclaratio­n, ainsi que la déclaratio­n de conformité de bateau amphibie et la carte de circulatio­n sont rangées dans la boîte à gants. Cette dernière est pourvue de deux ports USB bien pratiques pour rechar- ger les portables. Pour optimiser la sécurité sur route, Gilles dispose d’une caméra située sous la coque et connectée au combinée Lowrance HDS12. Elle permet de voir ce qui se passe devant l’étrave. Pendant le trajet nous croisons une voiture tractant un bateau sur remorque et dont le conducteur nous regarde avec étonnement. Il faut dire que notre monture ne passe pas inaperçue. En vitesse de pointe le Tringa atteint 16 km/ h sur route, c’est peu mais suffisant pour nous permettre d’atteindre le port de Ploumanac’h rapidement. En utilisant la cale, la descente à l’eau se fait en moins d’une minute, puis Gilles baisse le moteur Honda et démarre le hors-bord. Il utilise à nouveau le bouton correspond­ant au train d’atterrissa­ge et les roues se rétractent pour se ranger dans les compartime­nts prévus à cet effet sous le pont. À l’avant, le verrouilla­ge du capot de la coque se fait grâce à la roue intérieure par un système breveté. Une pompe de vidange entre ensuite en action pour vider le compartime­nt et optimiser la flottabili­té. Les ceintures de sécurité sont ensuite rangées dans des petits compartime­nts individuel­s près de chaque assise.

À bord tout est bien pensé

Féru de pêche, Guirec a optimisé l’équipement de son bateau avec la présence d’un vivier amovible avec porte- couteau et porteépuis­ette à appâts, une grande caisse à pêche s’installe devant la motorisati­on et dispose d’une table de découpe, une pince à

dégorger, un écailleur, un calibre pour la taille des crustacés et un petit seau pour garder les lançons à l’avant le temps de remonter la dérive. L’équipement compte également six râteliers à cannes amovibles derrière l’assise du pilote et du copilote, deux porte-cannes amovibles dans les plats- bords, huit râteliers dans les pavois, une grande glacière qui peut faire office de banquette dos à la marche et des rangements permettant de placer six boîtes à leurres sur le tableau de bord.

Place à la pêche

Il est maintenant près de 13 heures et nous mettons le cap en direction de la pointe du Château de Perros Guirec pour une première dérive. Un bon clapot marque la surface de l’eau mais la coque passe bien et le bateau ne tape pas. Une pointe de vitesse nous permet d’atteindre 32 noeuds au régime de 5600 tr/ mn avec le 150 Honda 4 temps. Arrivé sur zone l’open est placé en dérive. Il montre une belle stabilité mais la première dérive ne donne rien côté poisson. Après une seconde dérive aussi infructueu­se, nous positionno­ns le bateau au sud de l’Île Tome face à la pointe du Valet. Nous sommes sur le début du jusant et la dérive se fait à 0,7 noeud. Patrick à une touche sur son leurre X Fire de chez Megabass mais le poisson décroche. Guirec est au Black Minnow vert. Les têtes de roches et les hauts- fonds sont nombreux à proximité et tour à tour nous prospecton­s chaque site minutieuse­ment, hélas sans résultat. C’est donc sans trophée qu’il nous faut faire route vers le port où une fois encore le système amphibie avec le train d’atterrissa­ge hydrauliqu­e montre tout son intérêt car en quelques secondes nous sommes déjà sur le quai, prêts à prendre la route pour rentrer chez Guirec. En cas de trajet routier sur une longue distance, le Tringa pourra monter de façon autonome sur une remorque pour vous accompagne­r lors de vos vacances. ■

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 ??  ?? Grâce à son train d’atterrissa­ge qui se rétracte pour réduire son encombreme­nt, le Tringa se met à l’eau de façon autonome en quelques secondes.
Grâce à son train d’atterrissa­ge qui se rétracte pour réduire son encombreme­nt, le Tringa se met à l’eau de façon autonome en quelques secondes.
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 ??  ?? Sur la route le pilote domine la situation.
Sur la route le pilote domine la situation.
 ??  ?? Une caméra située sous la proue du navire et connectée au combiné Lowrance HDS12 permet de voir ce qui se passe devant l’étrave.
Une caméra située sous la proue du navire et connectée au combiné Lowrance HDS12 permet de voir ce qui se passe devant l’étrave.
 ??  ?? La glacière coffre arrière s’avère pratique pour pêcher dos à la marche.
La glacière coffre arrière s’avère pratique pour pêcher dos à la marche.
 ??  ?? La profondeur du cockpit est sécurisant­e et l’espace de circulatio­n est dégagé autour de la console centrale.
La profondeur du cockpit est sécurisant­e et l’espace de circulatio­n est dégagé autour de la console centrale.
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Doté de pneumatiqu­es larges et de trois roues motrices, le Tringa peut franchir des pentes jusqu’à 38%.
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En navigation l’open montre un comporteme­nt sportif et sain dans le clapot.
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C’est sur la Côte de Granit Rose que nous avons testé le Tringa Boat.

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