Un baroudeur abordable
Doté d’un bel espace de circulation et d’une bonne capacité de rangement, le Navigator 610 proposé par le chantier ukrainien Brig, montre également un excellent comportement marin. Nous l’avons testé lors d’une sortie pêche dans le Golfe du Morbihan.
Pourvu d’un réservoir intégré de 121 litres, d’un cockpit autovideur et d’une pompe de cale automatique, le Brig Navigator 610 est un semirigide construit en Ukraine. Il est proposé avec un bel équipement standard comprenant une console de pilotage, une banquette bolster pour le pilote et le copilote, en version Luxe, ou quatre sièges jockey, en version Sport, ainsi qu’une banquette-coffre arrière offrant une bonne capacité de rangement. Le chantier Brig propose également des flotteurs en PVC, mais le modèle de notre essai dispose de tubes en Hypalon Orca proposés en option. Il est mis à notre disposition par MMG, distributeur de la marque pour la région d’Arzon en Bretagne sud. Il s’agit du Navigator 610 en version Sport à bord duquel les deux assises Jockey situées à l’arrière du cockpit ont été ôtées pour optimiser l’espace de circulation en pêche. Dans cette optique, la console à également été décalée sur tribord afin de profiter d’un large mais unique passavant sur bâbord.
C’est au port du Crouesty que je retrouve Renaud Calicis, l’importateur Brig pour la zone Manche et Atlantique. Nous sommes en période de grande marée avec un coefficient de 101, ce qui augure d’un fort courant de jusant à la sortie du Golfe du Morbihan et des conditions de navigation musclées lors de la renverse de marée qui aura lieu à 13h25 au niveau de Port-Navalo. En début d’aprèsmidi, deux pêcheurs confirmés de la région nous rejoindrons.
Il s’agit d’Emmanuel, responsable du magasin Rhuys Pêche à Sarzeau et de son ami Fabrice, de Tolède Fishing, guide de pêche local. En attendant, nous quittons le port en fin de matinée pour tester les qualités marines du semi-rigide.
Un excellent passage dans la mer
Nous sommes au plus fort du courant de jusant et l’estran est déjà bien dégagé de chaque côté du chenal d’accès au Crouesty. Il est important de respecter le balisage afin d’éviter l’échouage et nous attendons d’atteindre la latérale bâbord numéro 2 avant de virer avec un cap au nord-ouest en direction de l’entrée du Golfe du Morbihan.
Renaud est à la barre du Brig 610 Navigator. Sur le tableau arrière, le pneu est propulsé par un 140 ch Suzuki 4 temps. Côté météo, nous sommes gâtés avec un ciel dégagé et du vent d’est faible. À l’approche de la pointe de Port-Navalo, un gros clapot s’est formé et c’est exactement ce qu’il nous faut pour tester les qualités marines du bateau. Manette des gaz dans le coin, le Brig montre un excellent passage dans la mer et la carène offre une bonne déflexion de la vague d’étrave.
Le combiné Lowrance Elite 9TI installé sur le tableau de bord affiche 39,5 noeuds au régime moteur de 6 000 tr/mn pour une consommation horaire de 44 litres, mais Renaud m’indique avoir déjà atteint 41 noeuds avec des conditions de mer plus clémentes. En réduisant les gaz, la vitesse de croisière à 4 000 tr/mn est de 22 noeuds et la consommation en carburant descend à 16 litres par heure. Avec le réservoir de 121 litres, cela nous offre une belle autonomie. La présence d’assises de type Jockey est très appréciable car elles permettent de bien se tenir
en navigation même en virages serrés. L’autre avantage vient de leur encombrement réduit qui optimise l’espace de circulation. Les pêcheurs peuvent également y prendre appui pendant les dérives. Afin de profiter du courant de jusant, Renaud fait route vers Goemorant, la tourelle latérale bâbord située à l’extrémité de la zone des parcs à huîtres de Locmariaquer et casse l’erre du semi-rigide. La dérive est rapide et Renaud prospecte au leurre souple de type Black Minnow. Le sondeur n’affiche pas beaucoup de détection pour le moment et nous poursuivons la recherche de poisson en passant à proximité de Kerpenhir puis des hauts-fonds des Boureseaux et jusqu’à la tourelle cardinale est Bagen Hir. Une touche est ressentie mais le poisson n’accroche pas. Lors d’un second passage plus en bordure de la cassure où les fonds passent de 6 mètres à plus de 20 mètres, un peu de poisson est détecté mais sans résultat côté prise.
Trois noeuds en dérive
Au port, Emmanuel et Fabrice, nos pêcheurs, vont bientôt arriver et nous passons les récupérer. Emmanuel embarque à bord du Brig, pendant que Fabrice prend place à bord d’un Gala V580 Fish qui nous accompagne pour l’occasion.
Cette fois nous ne perdons pas de temps car si la renverse de marée est déjà passée à Port-Navalo, le courant de jusant est encore sensible à l’intérieur du Golfe du Morbihan. C’est donc du côté de l’Île de Berder que nous faisons route en passant au sud de Gavrinis et de son Tumulus pour profiter du courant de la Jument connu comme étant l’un des plus fort d’Europe. En navigation, la vitesse est réglementée et limitée à 10 noeuds, mais en dérive sans erre, le courant peut afficher près de 9 noeuds à l’écran du GPS lors des plus grandes marées. Ce n’est pas le cas pour la fin de la descendante mais nous dérivons tout de même à près de 3 noeuds. Emmanuel a opté pour un petit jig rose qui permet de descendre au fond et de prospecter au mieux les abords du bateau. J’ai pris place à la barre et je maintiens le Brig dans le lit du courant. Cette première dérive permet à Emmanuel d’avoir une touche, mais le poisson ne mord pas.
Je remonte vers le sud du banc de Creizig pour une seconde dérive qui ne rencontre pas plus de succès puis, sur les conseils de Fabrice, installé à bord du Gala, nous nous dirigeons vers le nord-ouest de l’Île de Creizig pour en prospecter sa bordure. Nous sommes sortis du courant de la jument et la vitesse de dérive est beaucoup plus faible. Le sondeur affiche de la détection par une dizaine de mètres de profondeur. Le poisson est collé au fond. Emmanuel change de montage et choisit un crazy sand eel de chez Fiiish avec un coloris spécial Barracuda Tour, gris clair et pailleté. C’est la bonne option car dès le premier passage il pique un petit bar, non maillé, qui retrouve aussitôt son élément naturel. De son côté Fabrice observe également de la détection sur son combiné Humminbird Solix 10. Cette activité se confirme par la prise d’un petit lieu jaune sur un leurre souple
Yum Pulse. Le poisson est lui aussi remit à l’eau.
Lors des dérives suivantes, Emmanuel aura une autre touche mais le poisson décrochera avant l’arrivée au bateau.
Jusqu’à 150 ch sur le tableau arrière
Basé à Sarzeau, Emmanuel, qui tient le magasin Rhuys Pêche, connaît parfaitement les différents recoins du Golfe du Morbihan. Il n’est pas avare de conseils pour ses clients quant aux zones à prospecter et aux leurres à utiliser en fonction des saisons et des conditions météorologiques ou de courant. Son expérience a été un atout essentiel pour prendre un poisson car ce dernier se fait rare en ce moment et nous avions un délai extrêmement limité pour la prospection à l’intérieur du Golfe. Nous ne perdons pas de temps sur le trajet du retour. Si nous respectons la limitation de vitesse jusqu’au passage en face de PortNavalo, c’est ensuite l’occasion pour moi de mettre les gaz et d’apprécier le comportement marin du Brig qui se joue des vagues et réagit parfaitement aux changements de régimes du moteur. Bien que la motorisation de 140 ch installée sur le tableau arrière s’avère parfaitement adaptée pour le semi-rigide, il peut cependant accepter jusqu’à 150 ch en puissance maximale, ce qui ne devrait pas faire varier énormément les performances optimales. Nous ne mettons que peu de temps pour rallier le port du Crouesty. Au final, cette sortie nous aura permis d’apprécier les qualités marine du Navigator 610 et sa stabilité en dérive. L’aménagement intérieur avec seulement deux assises jockey au lieu des quatre, proposées dans l’équipement standard, permet d’optimiser l’espace disponible en pêche sans trop handicaper le nombre de places assises car une grande banquette-coffre à l’arrière occupe toute la largeur du bateau. ■