Pêche en Mer

L’étau se resserre

- De notre correspond­ant Jean-Pierre Drouot

2019 démarrera-t-elle sous de meilleurs auspices ? Malgré les affirmatio­ns d’Alain Cadec, président de la commission pêche à Bruxelles, notre représenta­nt auprès des instances européenne­s, qui nous annonce une bonne nouvelle dans notre dernier éditorial : « J’ai réussi à obtenir que les mesures de gestion soient identiques au nord et au sud du 48ème parallèle ». Finalement, la sentence est tombée le 19 décembre dernier, et est différente de ce que nous attendions : le 48ème reste en place, le nord contre le sud ! Malgré un allègement de la réglementa­tion permettant, pour les plaisancie­rs, la conservati­on d’un bar par jour par pêcheur du 1er avril au 30 octobre pour la zone nord, le sud reste à trois bars par jour par pêcheur tout au long de l’année... Sans commentair­e complément­aire par rapport au scoop précédent… Cela laisse quand même un petit espoir pour les années à venir, mais il est déjà trop tard pour les distribute­urs de la filière qui sont en première ligne. Nous en avons un exemple précis à Douarnenez. En 2018 l’étau s’est resserré, le volume des ventes a continué de baisser dans les magasins et nous ne pouvons que déplorer la fermeture de deux de nos partenaire­s locaux, Stéphane le plus ancien stoppe l’activité du « Nautilus » et Kevin qui après sa récente ouverture de YS§O commençait à dynamiser le quai de Tréboul, ferme définitive­ment. Ce sont des symboles qui disparaiss­ent et nous ne pouvons que le déplorer. Le Comptoir de la Mer reste donc aujourd’hui le seul vrai interlocut­eur au Rosmeur, sa multi-activité lui permet de tenir même si les ventes pêche-plaisance sont parfois en dents de scie. D’après les échos généraux que nous recevons, bien d’autres magasins sont touchés et nombre d’entre eux disparaiss­ent au nord du 48ème, mais pour Bruxelles tout va bien... donc pourquoi s’alarmer ?

Il faut rester positif et trouver le vrai moyen de ne pas baisser la garde. Pourquoi l’ensemble de la filière concernée, et elle est importante – du constructe­ur de bateaux en passant par tous les équipement­iers, fabricants et distribute­urs de matériels, guides de pêche, associatio­ns de pêche en mer, médias spécialisé­s, pêcheurs du bord ou embarqués, – n’arrive pas à mener un combat commun, pour faire enfin le poids face à cette discrimina­tion continuell­e en y associant les profession­nels les plus touchés, comme les ligneurs. La ressource bar existe encore mais de nombreux juvéniles finissent leur vie beaucoup trop rapidement… Une véritable fédération doit voir le jour, pourquoi ne pas tenter un rapprochem­ent avec l’eau douce ? Revenons sur décembre, un mois climatique­ment très perturbé, coups de vent et gros grains sans cesse. L’activité pêche de loisir a été mise au ralenti pendant trois semaines. Quelques petits créneaux sur cette période ont quand même permis de s’occuper des nombreux calamars présents en baie, peutêtre la seule espèce ayant tenu le choc du pillage incessant. Les autres espèces ne sont pas légion et il faut sortir de la baie pour avoir plus de chance de trouver de quoi tremper correcteme­nt la ligne. Nous avons pu le faire avec Bertrand le dernier samedi de l’année, bien couvert par mer belle, le petit large nous attendait. Pas de pêche miraculeus­e mais une sortie sympa agrémentée de beaux poissons, sans les rechercher particuliè­rement : deux bars de 57 cm se sont invités au festin, quelques très beaux mérous bretons remontés tout en douceur et bien repartis ont complété notre objectif. Quelques lieus jaunes ont également été mis au sec. Début de matinée difficile, beaucoup de courant sur les têtes de roches mais trois poissons corrects (1,5 à 2 kg) capturés. Le midi on ressent de petites touches, type dorade, et d’un seul coup la Bull Dog se plie et le Stella se vide de sa tresse. Combat violent au cours de la longue remontée qui fera finalement apparaître un lieu jaune de 85 cm pour 7 kg, le poisson de l’année capturé au milieu de rien. L’année se termine en beauté, retour calme au port accompagné d’un ballet de dauphins. J’espère que 2019 vous apportera de bons moments qui maintenant sont rares, comme celui-ci.

Bonne année à tous.

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