Pêche en Mer

Rendre les angles impossible­s, possibles

- Texte de Benoît Simon

Comme dans toute discipline sportive, la pêche à ses gestes : ceux qui optimisent et ceux qui nuisent. C’est sur ces derniers que nous allons nous pencher et plus particuliè­rement sur l’un d’eux, celui que l’on appelle l’angle impossible et qui a bien souvent pour résultat la fracture net du scion. L’entreprise GM Composite, basée à Vannes, est l’une de ces sociétés qui a fait le pari de rendre l’angle impossible, possible.

Les guides surveillen­t ces mouvements de canne de très près lorsque leurs clients débutants ramènent un poisson vers eux. Les détaillant­s, eux, n’ont que le privilège de voir la casse. Ce mouvement c’est l’histoire d’un angle, l’angle mort, une limite au-delà de laquelle la structure du blank perd sa capacité de résistance et peut voir, ce pour quoi il est fait, voler en éclat. C’est un peu le roseau qui se mue en chêne. Mais comment cette mutation est-elle possible sur notre canne ?

Mécanique de la canne

Tous les débutants n’ont pas eu la chance d’avoir un guide ou un grand-père pour les épauler, loin s’en faut. Et si les fabricants de cannes préconisen­t une « bonne utilisatio­n » afin que la canne donne entière satisfacti­on, le client peu expériment­é a bien souvent dans la tête l’idée que seul un gros poisson ou une erreur de manutentio­n pourra venir fracturer son arme. Pour comprendre quelle gestuelle peut mener à la rupture, nous allons voir trois cas de figure de la flexion d’une canne à travers le schéma ci-dessus. Lorsque la ligne est orientée entre les cas 1 et 2, la canne est soumise à de la flexion pure. Plus la canne plie, plus les charges se répartisse­nt vers le talon, la canne travaille normalemen­t sans risque de casse.

Au fur et à mesure que l’on s’éloigne du cas 2 pour se rapprocher du cas 3, la charge se répartie de plus en plus vers le talon. À ce moment-là, que se passe-t-il ?

En fonction des matériaux, de la constructi­on, de l’action et de la puissance de la canne, une « zone critique » apparaît. Ainsi, si une canne très souple évacuerait bien la charge jusqu’au talon, elle ne serait pas suffisamme­nt nerveuse au goût du pêcheur, il sera donc tenté d’amener son scion toujours plus à l’arrière du corps. Quand le pêcheur dépasse la limite, c’est-à-dire lorsque la ligne devient parallèle à la canne et donc proche du degré 0, une accumulati­on de contrainte­s trop importante se fait sentir dans la pointe et, c’est la casse, souvent incomprise par l’utilisateu­r.

Une casse qui n’arrive pas qu’en pêche

On pourrait se dire qu’il suffirait de ne pas mettre trop sa canne sur l’arrière pour éviter la rupture, pourtant la société bretonne Hot Rod est l’une de ces entreprise­s qui s’est creusée les méninges pour résoudre cette problémati­que et mettre en place une offre de cannes qui permette au pêcheur d’aller au-delà de cet angle.

Interrogé là-dessus, Loïc Charuel, le dirigeant, confie que « malheureus­ement les occasions sont fréquentes où la canne se retrouve sollicitée par un angle impossible : par exemple lorsque le pêcheur veut faire son montage, qu’il a passé le fil dans les anneaux et qu’il est assis avec la canne posée en travers sur les genoux. Quand les cannes sont dans le porte-cannes du bateau avec le leurre accroché à l’anneau de départ, dès que le bateau « tape » en faisant route, la manivelle du moulinet tourne légèrement mais avec les anti-retours infinis, elle ne revient pas en arrière, et il arrive de trouver le bout du scion cassé une fois arrivé à destinatio­n. Lors de la mise à l’épuisette d’un beau poisson, surtout lorsqu’on est seul, bref les occasions ne manquent pas ! » Ajoutant que « 90% des cannes qui cassent sont de ce fait... »

L’apport des nouvelles technologi­es

Or aujourd’hui, les matériaux composites sont en perpétuell­e évolution et les dernières génération­s de blanks ouvrent de nouveaux horizons. Nouveaux modules, nouvelles fibres, nouvelles résines et nouveaux types de renforts d’échelle différente pouvant directemen­t être intégrés aux résines permettent de répondre à des objectifs toujours plus pointus.

Surfant sur ces évolutions, Hot Rod a donc développé une technologi­e appelé Overboost qui permet de franchir l’angle impossible. « Avec la Hot Rod Light Game 210 Overboost de puissance 5 à 30 g, on peut suspendre un poids de 700 g et redresser le talon jusqu’à la verticale, ce qui équivaut environ au poids d’un bar de 40 cm. » Si la technologi­e en elle même est tenue secrète, le principe, lui, consiste en fait à apporter encore plus de souplesse à cette zone. Cela n’altère-t-il pas les qualités de la canne ? L’homme nous assure que non, « la sensibilit­é reste la même. »

Il est cependant à noter que l’Overboost a pour effet d’alourdir légèrement la canne et nous avons ouïe dire que la société travaille déjà sur une génération future.

En attendant, si vous ne possédez pas de canne qui bénéficie de cette technologi­e, gardez à l’esprit que cette casse peut arriver sur n’importe quel type de canne du moment que l’on pêche des poissons au moins de gabarit moyen et qu’il faut donc veillez à garder un angle supérieur à zéro lorsque le scion est en effort. ■

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 ??  ?? Schéma exposant trois angles que la ligne forme avec la canne. Le cas 3 étant celui qui nous intéresse particuliè­rement.
Schéma exposant trois angles que la ligne forme avec la canne. Le cas 3 étant celui qui nous intéresse particuliè­rement.
 ??  ?? Oui ! Images trouvées dans un manuel de pêche en Angleterre qui a déjà un certain âge. Deux photos qui ont le mérite de mettre en avant la bonne gestuelle.
Oui ! Images trouvées dans un manuel de pêche en Angleterre qui a déjà un certain âge. Deux photos qui ont le mérite de mettre en avant la bonne gestuelle.
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Non...
 ??  ?? Démo en direct du principe de l’overboost avec une imitation poisson de 700 g sur une canne 5-30 g.
Démo en direct du principe de l’overboost avec une imitation poisson de 700 g sur une canne 5-30 g.

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