Lieus et bars d’avril
Envie d’une reprise de saison anticipée ? Le lieu jaune est un poisson trophée hivernal que l’on trouve sur les épaves du grand large.
Nous entrons dans une période propice pour bien entamer la saison. Les premiers bars arrivent et les lieus jaunes sont encore là. Ces carnassiers se partagent le butin : les lançons, les maquereaux du large, les aloses, les sardines et toute cette troupe de poissons pélagiques qui se déplace avec le flux de courant chaud qui n’arrive pas à nous.
Si les éperlans, sprats et lançons commencent à longer les ouvrages portuaires, paisiblement, leur prédation principale reste majoritairement au large à cette période de l’année.
Les bars rassemblés sur les zones de fraie reviennent à la côte en plusieurs étapes. Ils se séparent sur les différentes régions et font escale au large par bancs de plusieurs milliers d’individus. Ces déplacements s’effectuent généralement durant des grandes marées. Arrivés sur leur nouvel habitat saisonnier, il faut attendre une ou deux marées avant que ces poissons reprennent leur activité alimentaire.
Selon les régions, les bars font escale en avril plus ou moins loin de la côte. Bien sûr, nous pouvons les trouver à plus de 20 milles d’un abri, mais on trouve bien souvent notre bonheur entre 5 et 15 milles nautiques du bord. Les bars se rassemblent sur des reliefs du large bien marqués. Ainsi, il faut prospecter les ridens, les roches ou encore les épaves pour espérer trouver une belle détection de bars au sondeur. Sur certaines épaves entre 15 et 20 mètres de profondeur, les bars côtoient les lieus jaunes. Il est alors possible de traquer l’un et l’autre de ces carnassiers sur une même dérive ! Bien souvent, la même technique et le même montage fonctionnent sur ces deux poissons nobles !
L’imitation lançon : une évidence
La pêche la plus simple et pratique à mettre en application est la pêche aux leurres souples. Les leurres de 10 à 25 cm peuvent tous fonctionner selon l’appétit des carnassiers. Les imitations de lançons tombent sous le sens. Ces poissons serpentiformes sont présents en masse sur les ridens et épaves et ils sont à coup sûr l’ali- mentation favorite du moment. D’ailleurs, les pêcheurs équipés d’un vivier peuvent partir en quête de quelques équilles pour pratiquer la pêche aux vifs. Un jeu de plumes ou de larves en 0,25 à 0,30 mm armées d’hameçons n° 8 à 10 fera le job. Une cuiller ondulante donnera vie à ce montage à l’étale du courant lorsque les lançons sortent du sable. Une dizaine de lançons permet de tirer son épingle du jeu lorsque les carnassiers sont difficiles. Le montage est composé d’un émerillon pater-noster, une empile de 1,5 mètre en fluorocarbone de diamètre 0,35 mm et un hameçon de type circle-hook en n° 5/0. Un Nylon fin en 0,25 mm, de 30 cm de longueur, porte le plomb de 50 à 150 g selon le courant. Ce montage historique se remplace aujourd’hui très facilement par une imitation de lançon montée directement sur une tête plombée. Citons le Magic Eel (Sakura) que j’ai créé il y a 10 ans, ou encore le Crazy eel (Fiiish) qui sont de véritables aimants à bars ou à lieus jaunes au printemps. Mais plus généralement, tous les slugs assez souples fonctionnent. Lorsque le courant s’installe, la tête plombée allongée dite « darting » se choisit en fonction de la
profondeur. Dans un fond de 20 mètres, essayez 20 g. Si vous avez du mal à sentir le fond avec une tresse en 0,16 mm et une canne sensible en 10-40 g ou 20-60 g, passez alors à une tête plombée de 30 g. Il est important de sentir le fond à la première descente. Lorsqu’un banc de bars ou lieus est repéré au sondeur, on cherche à rejoindre le fond pour tomber sur ce rassemblement de poissons. S’il faut mettre 40 ou 50 g de poids dans une profondeur de 20 à 25 mètres à cause d’un courant installé et un petit vent perturbateur, c’est normal et il faut s’adapter à la situation. Au lançon vivant ou avec une imitation en plastique souple, la technique est la même. Il faut donc laisser filer le leurre sur le fond puis, lorsque le lançon est sur le banc de poissons, remonter tout doucement. Effectuez un tour de manivelle toutes les trois secondes jusqu’à avoir remonté les deux tiers de la ligne. Arrivé donc près du bateau, à plus ou moins un tiers de la profondeur, laissez filer à nouveau la ligne. Le bar va aspirer le leurre puis donner un coup de tête (du moins s’il est gros). Le lieu va suivre le leurre, le prendre en bouche, puis tirer progressivement sur la ligne pour rejoindre le fond. Dès qu’ils se sentent piqués, ces poissons vont regagner le fond énergiquement. S’en suit un combat fantastique. Ce premier rush est vraiment palpitant. Le frein chante comme on l’aime, la canne est cintrée, le lancement de saison est gagné !
Les calmes d’avril favorables
La pêche n’est pas pour autant facile. Il faut privilégier une mer calme et un vent faible pour optimiser la qualité des dérives. J’entends par là la précision de la dérive et le confort de l’action de pêche. Car sans vent, le choix de la plombée est plus facile et la présentation du leurre ou du vif est plus naturelle. En effet, la proie dans son milieu n’évolue, dans ces profondeurs, qu’en fonction du courant. Le vent est un élément extérieur qui n’influe quasiment pas sur les phases alimentaires et sur la puissance du courant. Lorsque le vent est de la partie, la vitesse de
dérive du bateau est donc perturbée et son influence sur la vitesse et le sens de dérive du leurre peut tout changer sur le résultat de la pêche. C’est pourquoi, avant de rejoindre le large pour la première sortie de l’année, il est préférable d’opter pour une météo clémente. Le mois d’avril marque le retour de beaux anticyclones avec plusieurs journées consécutives de temps calme. Il ne faut pas être trop pressé et optimiser ce premier créneau.
Bar-lieu, à chacun son heure
Il n’y a pas de règle absolue sur le bon moment pour capturer le bar et le lieu. Parfois, les deux carnassiers mordent en même temps, à la même marée. C’est d’ailleurs plutôt rare. Généralement, les lieus jaunes répondent bien à notre technique à l’étale de marée, lorsque le courant stoppe. Le sondeur montre alors une boule au fond ou une colonne de poissons lorsque les lieus sont plus actifs. C’est le plein moment pour passer à l’action. Les bars mordent lorsque le courant reprend et durant les deux premières heures de la marée.
À ce moment, on peut tomber aussi bien sûr du bar que sur du lieu jaune, avec une prédominance du bar lorsque ces derniers sont actifs. Les deux carnassiers répondent à la même animation décrite ici qui est globalement la meilleure à cette période de l’année. Lorsque la mer est d’huile et le grand beau temps installé, il est alors possible de passer en mode finesse à l’étale de marée. Ainsi dans 25 ou 30 mètres d’eau, un slug de 10 cm sur une tête plombée de 14 g peut aller chercher un poisson de plus de 5 kg ! Pour cette approche, dédiez une canne « finesse » en 7-30 g. Le moulinet adapté est alors en taille 2500 à 3000 et il est garni de tresse 8 brins de diamètre 0,10 à 0,12 mm.
Voilà de quoi être solidement équipé pour un bon lancement de saison.
Outre cette approche multiespèces, n’abandonnez pas la cuiller ondulante ou le slow jig de 40 à 80 g sur les ridens du large. Les bars y sont installés et parfois très actifs. ■