Pêche en Mer

Nouvelles tendances et bilans

- Texte : Maxence Ponroy

On sent qu’il y a encore de vieux réflexes. Le mot bilan revient par à-coups alors qu’il s’agit plutôt d’un « compte d’exploitati­on ». On serait tenté d’évoquer une « assemblée nationale » mais il s’agit en réalité de la « réunion annuelle de la commission mer ». Un cordon ombilical a été coupé. Des parents d’adoption ont été imposés par l’État. Compte rendu de l’AG de la FFPS mer qui s’est déroulée à Saint-Gilles-Croix-de-Vie les 23 et 24 février.

Il y a une part de frustratio­n car au sein de ce comité directeur figurent quelques barons de ce qui fut la FFPM (Fédération française de Pêche en Mer). De l’eau a coulé depuis quatre ans et la FFPS (Fédération Française des Pêches Sportives) portée par le ministère de tutelle a regroupé les filières eau douce et ceux qui ont suivi, issus de la FFPM, boostés par leurs valeurs, surtout la compétitio­n. Ils sont devenus les seuls à pouvoir attribuer les titres, du départemen­tal au national dans les discipline­s qui sont les leurs, surfcastin­g, bateau, big game, lancer de poids de mer. Alain Lareuze qui gérait au niveau du timing la 3ème réunion annuelle de la FFPS mer, à Saint-GillesCroi­x-de-Vie, les 23 et 24 février derniers, fédération invitée par le fidèle président du CNGV, Jean-Pierre Boursac, a d’ailleurs d’emblée fort bien résumé le sentiment général avec cette belle phrase : « il n’est pas facile de créer

une structure nouvelle quand on a un passé ».

La FFPS n’en est plus à ses premiers balbutieme­nts. En quatre années, même si les douleurs liées à l’accoucheme­nt ne sont pas pleinement effacées et que les embuches se dressent parfois, le pré adolescent a grandi. Patrick Morga, le président de cette FFPS mer, s’est voulu optimiste. « Nous sommes sur la bonne voie. N’oublions pas que nous sommes partis d’une olympiade avec 0 euro et qu’aujourd’hui nous sommes à 90000. La valorisati­on de notre temps de travail est énorme ». Ceux qui bossent étaient à Saint-Gilles. La garde rapprochée de Patrick Morga, ceux qui soutiennen­t l’édifice à bout de bras, Audrey Nuttens, Patrick Lacampagne, Alain Lareuze, JeanClaude Bouron, Amime Mammeri, pour ne citer qu’eux. En face, à peine vingt personnes lors de cette assemblée (pardon, réunion annuelle) du dimanche matin qui avait été précédée la veille par

les incontourn­ables réunions des commission­s. C’est très peu, et même si les pouvoirs avaient été donnés, il est difficile de se satisfaire d’une telle audience quand c’est l’avenir de ce qui est devenu un des doigts de la nouvelle fédération qui est en jeu. Mais, comme le dira Patrick Morga : « ce sont les gens qui travaillen­t qui sont là ». Et du boulot, ils en ont eu. La FFPS mer est née au coeur d’un nouveau boom. C’est celui qui a révolution­né les comporteme­nts. Le thon rouge a tout bouleversé. « La frénésie du thon » dira Alain Lareuze, poisson qui a aussi touché le sportif que se veut être la FFPS.

Petite progressio­n des licenciés

En attendant « l’intégratio­n de la commission mer se poursuit », dira le président. Mais l’unité fédérale est encore ébréchée avec la crise entre moucheurs et le reste de la troupe. Côté mer, même si on est

une victime collatéral­e de ces problèmes eau douce uniquement au niveau de l’image de marque auprès du ministère de tutelle, il n’y a pas d’impact direct. Les licenciés sont en progressio­n. Faible. Les jeunes, en dehors du surfcastin­g et, phénomène nouveau, le lancer de poids de mer où ils sont de plus en plus nombreux, boudent les actions en bateau. Ce n’est pas propre à la France qui, bien que dernière chez les U 21, a échoué au pied du podium à Sétubal… Une finale mondiale à quatre au bridge, cela passe. Pas en pêche.

Car tout ceci a un coût. Patrick Morga le sait. « Il nous faut trouver d’autres ressources, de nouveaux partenaire­s, miser sur des manifestat­ions d’ampleur nationale ». Audrey Nuttens est celle qui gère les cordons de la bourse. Pas simple. Avec 107 clubs, 3487 licenciés, 570 options Big Game pour un total de 17100 euros, les recettes totales ont atteint 167314euro­s. Impensable il y a trois ans. Seulement la part du sponsoring est en baisse. Et, surtout, la subvention du ministère Jeunesse et sport est en berne. De 46500 euros en 2016 elle est passée à 29420. Les Jeux olympiques à Paris se profilent et que pèse la pêche dans un tel contexte ? Pas grand-chose, voire rien du tout. « On ne peut pas être trop optimiste. Créer de l’emploi c’est le dada du ministère. Mais c’est impensable pour nous à la FFPS », dira Audrey Nuttens. Et le ministère de tutelle est aussi très intéressé par la part féminine au sein des structures. Pas simple là encore avec la pêche puisque les dames sont 277 contre 3210 messieurs. La parité dans ce secteur, ce n’est pas pour demain. Enfin, il y a le quota des jeunes. En dehors des juniors qui sont en légère augmentati­on, leur présence est en diminution. Ils sont en bord de mer, pas en bateau, pas en Big Game.

Malgré tout ceci la FFPS a dégagé un bénéfice de 23241 euros ce qui lui procure environ 85000 euros de réserve. C’est beaucoup, mais pas grand-chose à la fois. Il ne faut pas oublier qu’il y eut l’année dernière 144073 euros de charges dont 103139 euros pour les seules équipes de France sur 10 rendez-vous. Mais la FFPS mer, c’est la compétitio­n. C’est sa marque de fabrique. Pendant ce tempslà, la subvention du ministère « s’effondre ». Il n’y a pas d’autre mot. Il n’y aura pas d’équipe de France U 21 aux championna­ts du monde. Il n’y avait déjà pas eu, toujours pour des questions d’économie, de préselecti­ons en 2018. Les U 21, dira Jean-Claude Bouron, le « patron du bateau ». Deux ou trois U 21 seront directemen­t intégrés aux préselecti­ons 2019 qui se dérouleron­t en région PACA courant mai. Voilà qui va obliger la hiérarchie en place à se bouger un peu. D’autre part, les championna­ts mondiaux ayant lieu en Italie, une préselecti­on s’imposait quand même cette fois dans le cadre national.

On voit la grosse somme d’efforts. Au niveau quantitati­f on est passé de 3123 licenciés en 2016 à 3483 en 2017 mais à 3487 en 2018. La progressio­n est cette fois infime. Cinq nouveaux clubs ont été enregistré­s en 2018, dira Audrey Nuttens. Mais l’option Big Game avec un plus de 79,81% cache un peu la forêt. Un club de 100 adhérents a quitté la FFPS au début de l’année à Pornichet. Un autre suivra sans doute dans le même périmètre. De ces deux éclatement­s sont nées deux structures nouvelles mais, forcément, avec un effectif plus réduit. Le problème, pour la FFPS mer, va être cet équilibre à réaliser entre la compétitio­n pure et les tendances nouvelles, attractive­s comme les concours aux leurres dont les jeunes sont friands, tout en faisant face à ce que Patrick Morga nomme « le clientélis­me », chose qu’il se refuse à cautionner et qui est forcément liée au phénomène du thon. Le thon c’est bon, mais pas jusqu’à l’indigestio­n. ■

“Il n’y aura pas d’équipe de France U 21 aux championna­ts du monde. Il n’y avait déjà pas eu, toujours pour des questions d’économie, de préselecti­ons en 2018.”

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On est passé de 3123 licenciés en 2016 à 3483 en 2017 et à 3487 en 2018.
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