Le marbré, le prince de la lune
Ce poisson à la robe argentée est aussi appelé « Morme » ou « rayé » en raison des stries verticales qui jalonnent son corps. Le marbré est un poisson de sable, et exclusivement de sable.
On le pêche sur la moitié sud de la France, du grand Sud-Ouest aux côtes italiennes. J’ai personnellement une affection toute particulière pour ce poisson dont le poids, pourtant, n’excède que rarement les 800 grammes. Toute sa magie réside non pas dans le trophée qu’il peut représenter, mais dans la difficulté à la prendre.
Les zones idéales
Les longues plages de sable sont le domaine privilégié des marbrés. Ils les longent pour se nourrir de ce dont elles recèlent, et notamment de petits coquillages que l’on appelle tellines ou lavagnons, mais aussi de poux et de puces de mer. Ils ne rechignent pas non plus les vers, lorsqu’ils en trouvent.
Les conditions idéales
Le marbré aime les eaux relativement calmes. Ses habitudes alimentaires dépendent de sa morphologie, et notamment de sa gueule allongée qu’il plonge dans le sable pour fouiller profondément. Si la mer est trop agitée, on peut faire la déduction qu’il ne peut se nourrir correctement. Un léger clapotis est acceptable, et les courants devront rester raisonnables. On le pêche essentiellement en début de saison et en fin de saison. La nuit est le moment idéal, bien qu’il soit assez commun de les piquer lorsqu’il fait encore jour, jusqu’à une heure avancée de la nuit.
Les habitudes
Le marbré vit en groupe. On appelle cela un « banc » de poissons traditionnellement. Il longe les plages sans pour autant stationner durablement, contrairement à bien d’autres espèces qui élisent domicile, temporairement ou à demeure, en un lieu particulier. Le marbré parcourt donc les plages de long en large, mais plutôt en long… Je pense qu’il suit tout simplement les lignes de fond, et celles-ci semblent toujours se situer à une distance relativement importante du bord de plage. Dans ma vie de pêcheur, j’ai très rarement pris de marbrés tout au bord, mais cela est tout de même arrivé. En cela la daurade est bien plus téméraire que lui.
Concrètement, pour le marbré, le pêcheur devra s’habituer à être rapide et précis. Il lui faudra localiser la bonne distance de lancer, er surtout être capable de relancer plusieurs fois sa ligne à la même distance. Les poissons ne feront pas l’effort de venir sur un appât lancé trop près. Il faudra également être rapide car les poissons, rappelons-le, ne font que passer. Tout au plus un banc ne restera que quelques minutes sur le poste, après il glissera en remontant le courant.
Les exigences techniques
La pêche du marbré est une pêche tactique. Il est extrêmement craintif. Le bruit l’effraie, c’est indéniable. Ceci étant dit, il est aussi très curieux, comme tous les Sparidés. De ce fait, si le bruit d’un plomb trop lourd peut disperser un banc qui ne se reformera que plus loin, le même plomb traîné sur le fond pourrait être intriguant pour lui. Je conseille de ce fait de réduire le plomb autant que possible, jusqu’à utiliser le poids le plus léger qui nous permette quand même d’atteindre la bonne distance. Le montage proposé ici est celui que j’utilise le plus pour ce poisson. Les diamètres sont adaptés à la discrétion exigée, mais plus que tout le reste, c’est le fluorocarbone qui est important. Ne lésinez pas sur la qualité de votre fil, il doit être de premier choix.
Les appâts requis
Le marbré se pêche essentiellement avec du ver de sable, ou ver de digue, ou cordelle. Il peut être pris avec de la chair de telline, mais sa fragilité empêche la plupart du temps de la déposer aux distances qui sont exigées par ce poisson. J’insiste sur la nécessité d’utiliser des appâts de toute première fraîcheur, si possible ramassés par vous-même, sur les lieux que vous allez pêcher. Le marbré sait faire la distinction (semble-t-il) entre un ver du commerce et un ver local.