La daurade, la reine des courants
Ce poisson dont la tête est ornée de sourcils dorés lui a valu le surnom de belle aux sourcils d’or.
La daurade royale dont nous parlerons ici est probablement celle qui atteint les poids les plus conséquents, bien qu’en France les gros poissons soient de plus en plus rares. La daurade m’a tant enseigné, notamment dans le domaine de la patience. Elle est présente du Sud de la France jusqu’à la pointe de Bretagne, et de plus en plus au-delà.
Les zones idéales
La daurade stationne volontiers sur des zones nourricières où elle peut séjourner des semaines. Néanmoins, elle ne rechigne pas à parcourir des milles pour aller d’un secteur à un autre. Elle peut, par exemple, pénétrer dans un étang côtier (comme l’étang de Thau), et en ressortir pour rejoindre un autre étang, et emprunter pour ce faire les plages adjacentes. Pour synthétiser, je dirais que là où on trouve des moules, ou plus généralement des coquillages, on trouvera de la daurade.
Les conditions idéales
La daurade n’est pas un poisson de mauvais temps. Elle n’est pas non plus aussi exigeante que le marbré qui lui n’aime pas les courants trop forts. Si on la pêche assez peu par mauvais temps, on peut la pêcher avec des courants assez puissants, car elle les utilise pour accélérer ses différents pèlerinages. Les conditions idéales sont engendrées par d’importantes variations de le pression athmosphérique. Une forte baisse, et les jours précédents les daurades se mettront en mouvement. Une forte hausse et elles stationneront durablement sur les lieux nourriciers. Je vous conseille de vous fixer sur ces zones nourricières, aux abords
des étangs, ou dans les zones portuaires.
Les habitudes
Tout comme le marbré, les daurades vivent en groupe. Il existe une hiérarchie, très codifiée. Les gros poissons ont le contrôle sur le groupe. Lorsque ces derniers mangent, ils ont autorité sur les autres membres du groupe. C’est pour cela que bien souvent au cours d’une journée de pêche on prend plus de gros poissons que d’autres jours. C’est aussi pour cela que si on ne pêche qu’avec des appâts susceptibles de ne pas intéresser les gros, on ne fera que des petits… La daurade vit également selon des rythmes quotidiens. Il est indéniable qu’on les trouvera au même endroit à la même heure lunaire. J’entends par « heure lunaire », l’heure suivant le cycle des marées. Si un jour vous prenez des poissons à 10h du matin, le lendemain cela sera un peu plus tard si la lune est en cycle descendant, ou un peu plus tôt si elle est en cycle montant. J’insiste sur l’importance de ce cycle, car les daurades semblent avoir un chemin nourricier qu’elles empruntent quotidiennement. Ceci sucitant de notre part une bonne connaissance du poste et de son rendement au fil des jours, cela n’est pas toujours possible. Alors il est conseillé de prévoir large pour la daurade, une partie de pêche étant vraiment gagnante sur au moins 6 heures de pêche (un cycle de marée).
Les exigences techniques
La pêche de la daurade est moins technique que celle du marbré. Néanmoins, elle impose doigté et perception très fine de la part du pêcheur. Tout comme le marbré, elle est d’une sensibilité extrême au niveau des lèvres. Elle recrache très vite aussi. Il est impératif d’éviter toute lourdeur dans la ligne, car la lourdeur est synonyme de résistance, et donc de fuite. Comme nous pêcherons souvent avec du courant, cela implique la pression de l’eau sur la ligne, en plus du poids du plomb. C’est pour cette raison que le montage coulissant est autant plébiscité chez les pêcheurs de daurades. Ouvrez les pick-up, bloquez le fil avec un élastique et veillez à ce que la ligne soit aussi libre que possible.
Les appâts requis
La daurade ouvre de larges portes en matière d’appâts. On les classe en trois groupes : les vers, les coquillages et les crustacés. Ensuite on les distingue en deux sous-groupes : les appâts rouges (moule, vers américain, piade), et les appâts blancs (couteau, bibi et gravette blanche, crabe rose). L’histoire va désormais être très simple : pleine lune = appâts blancs, lune noire = appâts rouges. Je pense ne rien vous apprendre en soulignant ici la nécessité d’une fraîcheur absolue, car s’il est une chose que déteste la daurade, c’est puer de la gueule… Elle fait la fine bouche, alors comme pour le marbré, veillez à la qualité, mais aussi à la richesse de la carte du restaurant.