La pêche à gratter
Cette technique permet, en grattant le fond, d’aller chercher les carnassiers au plus près de leur refuge et de diversifier les prises.
La pêche à gratter consiste à faire travailler le leurre au ras du fond en balayant la zone sous l’effet du courant ou grâce au lancer-ramener depuis le bord. Le leurre gagne le fond, puis il nous reste à prendre contact et donner des coups de poignet pour sentir le fond et tenter d’éviter les accrocs. En bateau, l’embarcation dérivant plus vite que la ligne, elle tracte le leurre. Lorsqu’on ne sent plus le fond, on relâche quelques mètres de fil jusqu’à regagner ce dernier. Le leurre pêche au ras des anfractuosités rocheuses ou d’autres types de fond dans le but de déranger les carnassiers au plus près de leur refuge. La pêche à gratter dans les roches est très consommatrice de leurres. Lorsque le leurre souple est accroché au fond, faites le chemin inverse, serrez le frein et moulinez en force jusqu’à passer largement en amont de la roche où se trouve le leurre. Ça fonctionne relativement bien. Le montage texan limite avec efficacité le risque d’accrocher dans les roches, en particulier lorsqu’on laisse la pointe de l’hameçon dans la matière souple. À la touche le carnassier se pique alors très bien, contrairement aux apparences.
Multi-espèces
et spots
Cette pêche se pratique aussi sur épave, les dérives sont alors beaucoup plus courtes. Il faut remonter de quelques mètres lorsque l’obstruction apparaît au sondeur, sous peine de casser inutilement les lignes. La technique se pratique bien sur les ridens, le leurre gratte alors le fond en remuant les sédiments pour attirer le poisson de loin, je pense en particulier aux turbots et aux morues. D’ailleurs, cette technique cherche de nombreuses espèces telles que les bars,maigres,morues,tacauds,vieilles, lieus et bien d’autres.
De nombreux carnassiers ne quittent que rarement leur couche d’eau profonde. À cela plusieurs raisons. Ces carnassiers trouvent leur nourriture en quantité suffisante près du fond : coquillages, poissonnets, crevettes et autres proies. Ensuite, la température de l’eau dans 10 mètres de profondeur est inférieure à celle de la surface et certains carnassiers ne s’acclimatent pas aux températures adoucies de la couche d’eau supérieure. Enfin, la vessie natatoire des Gadidés et des vieilles est sensible aux différences de pression entre la surface et quelques mètres de profondeurs. Pour cet ensemble de raisons, ces carnassiers ne sont pas adeptes des remontées en surface.Ainsi, pour multiplier les chances de toucher un joli poisson aux leurres souples, il suffit de le faire évoluer au ras du fond, technique appelés « pêche à gratter ». Cette technique est particulièrement connue pour la pêche au coeur des roches. L’évolution du matériel de pêche a apporté des subtilités techniques qui multiplient les chances de réussite. Les cannes haut de gamme dont nous disposons aujourd’hui nous permettent de pêcher plus fin, avec des tresses parfaitement rondes en 8 ou 12 brins et les montages antiaccrocs limitent les risques de perdre les leurres au fond.
Dénicher les carnassiers postés dans les profondeurs
1. Faites planer les leurres
Dans certaines conditions, les carnassiers ont tendance à rester postés près du fond, notamment sur les postes très soumis aux bruits des bateaux et en début et fin d’hiver lorsque les eaux se refroidissent. Aux leurres souples, on va taquiner le carnassier au plus proche des obstacles, en profondeur. L’objectif est
de faire passer le leurre au plus près des têtes de roches, quitte à suivre les dénivelés rocheux. On appelle cette technique « pêche à gratter », en référence au besoin permanent de gratter le fond avec le leurre pour sonder la topographie sous-marine. La règle de la plombée est toujours la même : le leurre doit planer ! Il faut lester au minimum pour sentir le fond dans le but d’offrir au leurre une nage la plus planante possible. Plus la nage est planante, plus elle est naturelle.Avez-vous déjà vu un poissonnet couler comme une pierre ?
2. Montage classique ou texan
Les leurres se montent de deux manières récurrentes : soit à la manière classique sur une tête plombée, soit à l’aide d’un hameçon spécifique, à hampe coudée et à large ouverture, appelé texan ou plus exactement « offset wide gap ». Ces montages permettent tous les deux de gratter le fond par des animations en dents de scie de faible amplitude. La nuance du deuxième montage dit texan est qu’il accroche moins au fond et est particulièrement adapté aux zones fortement encombrées. La tête plombée classique laisse largement sortir la pointe de l’hameçon vers le haut, permettant d’optimiser les chances de piquer le poisson. Sur les zones au relief sous-marin très marqué et difficilement exploitable, on opte pour le montage texan. On peut lester à l’aide d’une tête plombée articulée ou via un plomb balle fixé par un stop sinker ou stop float. La pointe de l’hameçon cachée dans le leurre souple permet glisser le long des roches en limitant le risque d’accrocher.
3. Adapter les grammages
En matière de grammage, la règle « un gramme par mètre » fonctionne dans des conditions optimales, sans vent ni courant. Dans le courant et dès lors qu’il y a un peu de vent, on peut passer à deux grammes par mètre, voire plus. Tout dépend donc des conditions, l’objectif est de trouver le grammage minimum pour être en mesure de faire tressauter le leurre de roche en roche. Ces animations minimalistes sont susceptibles de faire sortir les carnassiers de leur trou. A la touche, il faut ferrer et brider en force, car certains poissons comme les vieilles regagnent systématiquement leur trou. Une fois à trou, ce poisson peut y rester plusieurs heures… Autant dire que c’est perdu. En bateau, on peut remonter la dérive pour tenter malgré tout de sortir le poisson en force, mais du bord, perdu pour perdu, on peut ouvrir le pick-up et attendre 30 secondes à une minute en laissant du mou dans la ligne.Audelà de cette durée, s’il n’y a pas de coup de tête, on peut tirer en force, jusqu’à ce que la ligne ne cède.
4. Les types de cannes
Cette technique requiert donc une canne avec une bonne réserve de puissance et une bonne sensibilité. Un modèle de 2 à 2,40 m dont le grammage de lancer oscille entre 7 et 21 g convient bien pour la pêche du bord. En bateau, on peut opter pour une plage supérieure entre 10 et 60 g, ce qui permet d’utiliser une tête de 40 g avec un slug ou shad de 12 à 18 cm dans plus de 15 mètres de profondeur. Les pêches en bateau permettent de toucher, selon les régions, de gros poissons. Je pense en particulier aux maigres qui peuvent atteindre 40 kg et dont quelques pépères de plus de 15 kg sont sortis chaque année. Pour la recherche du maigre, la canne doit avoir une bonne réserve de puissance et le moulinet doit être garni de tresse robuste, au minimum en 16/100.
Les animations du bord
et en bateau
Il y a une différence notable entre cette pratique du bord ou en bateau. Du bord, le pêcheur anime en dents de scie de roche en roche en récupérant lentement la ligne. En bateau, l’embarcation dérive plus vite que le leurre et embarque ce dernier.Il suffit
donc d’effectuer des animations minimalistes au ras du fond en relâchant du fil lorsque vous ne sentez plus de toc sur les roches.Au niveau du poids de la tête plombées, il varie entre 7 et 30 g du bord, et peut monter jusqu’à 70 g en bateau, rarement plus. Parfois dans un courant de plus de 2 noeuds, on a envie de surlester le montage pour sentir le fond.Attention tout de même, un leurre souple trop plombé risque de s’accrocher souvent dans les enrochements. Mieux vaut regarder de plus près la ligne, et descendre en diamètre de tresse pour une prise au courant minimale. Ensuite au niveau du leurre, un slug pousse beaucoup moins d’eau qu’un shad, et avec une tête darter (en pointe) sa descente sera rapide et il évoluera aisément près du fond.
Qu’il s’agisse de pêche light du bord ou plus lourdes en bateau, il faut se concentrer au maximum sur ce qui se passe au fond. La moindre tape doit être ferrée, qu’il s’agisse d’une vieille du bord ou d’un gros maigre en bateau. Une petite touche non ferrée peut laisser passer un gros carnassier, car la nervosité de la touche n’est pas
proportionnelle à la taille du poisson. Il est vrai que cette pêche devient vite ennuyeuse, particulièrement en bateau, après deux heures de dérives sans touche,et la concentration s’atténue bien vite. C’est un réel problème avec cette pêche. Il est important de prospecter avec attention pendant les meilleurs moments, notamment autour des débuts et fins de courant.
Les types de leurre pour fond rocheux
De nombreux types de leurres souples se prêtent à la prospection dans les roches. Les slugs et les finesse-shads ne vibrent pas et tirent moins sur la canne, les shads classiques émettent des vibrations attractives, ils travaillent tous seuls même en stationnaire dans le courant. Ces trois types de leurres conviennent aussi bien du bord qu’en bateau, le shad émettant des vibrations et les jerkbaits (slugs et finesse-shad) simulant des déplacements furtifs et planants. Au-delà de ces trois incontournables, on peut essayer les tubes. Ils ont un corps tubulaire, creux ou plein, et une queue en forme de jupe. En fin de saison à partir de début octobre, lorsque les chipirons, seiches et calamars sont chassés par les bars, ces leurres maniés par à-coups au ras du fond pourront se révéler fructueux, surtout le long des digues où des groupes de pêcheurs remontent les seiches en arrière-saison. Il existe des hameçons pré-plombés spécifiquement étudiés pour les tubes, dont la partie plombée se glisse et se camoufle dans l’intérieur du tube. Toutefois ils sont difficiles à trouver et une simple tête plombée ronde sera suffisante. Pour gratter les roches, un fluor o carbones’ impose. J’ utilise1,5mà4m de bas de ligne en 30 à 50/100 selon la finesse de la pêche et les poissons visés. Enfin, un petit rattle permet de rendre le leurre bruiteur.Il s’agit d’un petit tube contenant une à plusieurs petites billes,qui créent des sons aigus sous l’eau lors des maniements. Cette sonorité peut décider un carnassier méfiant à attaquer.
Cette pêche amusante se pratique parfaitement en groupe de deux ou trois pêcheurs. Les phases d’attente de près de 30 minutes permettent, tout en restant concentré sur les scions, de passer un moment convivial entre amis.
Gratter le sable
Il faut garder en tête que la pêche à gratter peut se pratiquer égale
ment sur le sable. Le fait de gratter le sable laisse derrière le leurre un petit nuage de sédiments qui se dégagent du fond et qui peut attirer l’attention des turbots et des morues, pour ne citer que les plus convoités. De nombreuses espèces répondent à cette technique sur les ridens, par exemple les grandes vives,les merlans ou encore les grondins.Les imitations de lançon sont efficaces pour viser les bars et turbots. Les morues, quant à elles, se nourrissent plutôt de proies volumineuses telles que les harengs et autres gadidés et seront davantage séduites par un leurre volumineux tel qu’un shad. La base de la technique consiste à maintenir le leurre souple à l’aplomb du bateau, au ras du fond (voir schéma). La morue et le turbot sont des espèces qui se nourrissent près du fond.La morue et le tacaud possèdent d’ailleurs un barbillon mentonnier, organe sensoriel caractéristique des poissons de fond. C’est pourquoi une animation minimaliste au plus près du fond est suffisante. Le simple fait de décoller le leurre par un petit coup de poignet puis le laisser retoucher le fond pour contrôler qu’il soit au plus près du fond suffit à attirer de nombreux poissons de sable. La touche d’une belle morue ou d’un turbot nous scotche sur le fond. Il faut prendre la main en tirant avec autorité sans jamais laisser de mou dans la ligne sous peine de décrocher. C’est flagrant sur les turbots tout comme les morues.
Lorsque les poissons ne sont pas très actifs, et plutôt réfugiés près du fond, la pêche à gratter s’impose comme la technique idéale pour sortir son épingle du jeu. Elle permet de battre du terrain au ras du fond, pour débusquer des espèces variées. ■