Pêche en Mer

À la volée, à deux c’est mieux

Dès le début du printemps elles refont leur apparition. Les chasses sont éphémères, mais pour qui sait les comprendre, elles réservent de très bonnes surprises.

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Cette forme de pêche ne s’apparente à aucune autre. On lui a donné le nom de chasse et il est vrai qu’elle a un petit côté chasse à courre, que ce soit sous l’eau et sur l’eau, avec une meute qui poursuit une boule de petits poissons fourrage ainsi regroupés pour tenter vainement de survivre. Sur l’eau, point de cavaliers ni de cors mais des pêcheurs qui, sur leur bateau, accompagne­nt le mouvement,non pour cerner le gibier mais la meute.

Tomber dans une chasse est toujours source d’une grande animation à bord, de frénésie même. Elle surprend toujours et les pêcheurs ne sont pas toujours prêts à l’affronter. Souvent éphémère, le temps d’équiper les cannes et elle a disparu. Son charme est qu’elle réserve parfois de

très bonnes surprises. D’ailleurs, nombreux sont les poissons qui capturent leur indispensa­ble nourriture ainsi.

Sous l’eau et sur l’eau, les protagonis­tes

en piste

Une chasse regroupe plusieurs éléments. Il y a tout d’abord, sous l’eau, les poissons, les poursuivan­ts et les poursuivis.Sur l’eau,il y a les pêcheurs, qui tentent de suivre le mouvement, et les oiseaux, un excellent allié. Car ces derniers participen­t aussi à la tragédie sous-marine.

Les premières chasses se déroulent avec l’arrivée des premiers beaux jours, début mars, et se poursuiven­t jusqu’à l’été indien. En fait, elles ne s’arrêtent jamais dans la mesure où les poissons ne sont guère décidés à jeûner en période hivernale. Seulement, elles se situent plus au large, hors de portée de la plupart des équipages. On les redécouvre donc quand les espèces se rapprochen­t des côtes, les petits poissons fourrage étant immanquabl­ement suivis par leurs prédateurs, affamés par l’hiver. Les chasses ne se produisent pas n’importe quand. Sardines, sprats et lançons peuvent parfois croiser un banc de maquereaux sans être inquiétés, comme une gazelle passe sous le nez d’un lion rassasié. Pour qu’une chasse soit efficace, le banc de prédateurs a besoin de mettre le maximum d’atouts de son côté. Et la principale difficulté est le courant qui joue plutôt en faveur des fuyards. C’est pourquoi la plupart des chasses se forment lors des étales de haute ou de basse mer avec de plus grandes

probabilit­és à la renverse à marée basse. Car, comme on le constatera dans une pêche à soutenir,les touches sont souvent plus importante­s au large au montant qu’au descendant. La chasse n’échappe pas à la règle.

On ne cherche pas

une chasse, on tombe dessus

On considère aussi, mais à tort, qu’une chasse se constitue par mer calme. En réalité, il y en a autant quand la mer est agitée. Seulement, on ne les repère pas simplement parce que, dans la plupart des cas, les oiseaux aussi n’ont pas pu prêter attention au phénomène. Et sans les oiseaux comme guides, les pêcheurs sont impuissant­s. Les chasses offrent aussi une autre particular­ité. Elles peuvent débuter à proximité du fond, mais elles évoluent et s’achèvent toujours en surface. Il y a plusieurs raisons à cela. La première est que les poissons fourrage se meuvent en bancs en pleine eau et rarement sur le fond. D’autre part, quand ils se sentent cernés, ils se rapprochen­t de la surface ce qui est, avec les oiseaux, suicidaire pour eux. Cela crée forcément une agitation et, quand la mer est calme, les premiers à déceler ces mouvements anormaux à la surface de l’eau sont les oiseaux qui se précipiten­t à leur tour pour participer à la bataille. Et les mouvements de ces oiseaux attirent immanquabl­ement l’attention de pêcheurs attentifs à ce qui se passe autour d’eux. En revanche, si le temps est orageux, vous aurez toujours plus de chances de trouver une chasse. C’est ainsi ! Les chasses ne sont pas liées à une question de profondeur. Elles peuvent se déclencher sur plusieurs centaines de mètres de fond comme dans 2 ou 3 m d’eau seulement. La nature du fond a aussi peu d’importance. Sable ou roches, il y aura chasse quand les poissons fourrage auront eu la mauvaise idée de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment pour eux. En général, les pêcheurs ne partent pas en quête d’une chasse. Mais s’ils ont un peu d’expérience, ils s’apprêtent pour y faire face. Il n’y a rien de plus frustrant que de tomber sur une chasse alors que l’on est train de faire route, les cannes rangées à l’arrière du cockpit en attendant que l’on arrive sur zone. Une chasse, va très vite.Non seulement elle est en mouvement, car les poissons traqués font tout ce qu’ils peuvent pour fuir,

mais il y a un tel déséquilib­re sous l’eau que les malheureux sprats ont une espérance de survie, une fois repérés par la meute et les oiseaux, de quelques petites minutes. Le temps de préparer le matériel, dans la précipitat­ion, et la chasse aura disparu. Quand on quitte le port, avec pour objectif d’aller traquer ses premières daurades grises de l’année,il faut avoir pris soin,auparavant,de monter deux cannes prêtes à agir si l’on se trouve confronté à une chasse. Ensuite, on fait route vers sa destinatio­n en se montrant attentif à ce qui se passe autour de soi. Certaines chasses se produisent souvent dans les mêmes espaces, simplement parce qu’il s’agit de lieux de passage empruntés par les poissons fourrage. Mais les chasses peuvent aussi surprendre, pas à n’importe quel moment, mais n’importe où. L’idéal est de faire route à la fin du descendant de manière à arriver sur son secteur habituel de pêche au début du montant.C’est le moment le plus propice pour croiser une chasse, on redoublera donc de vigilance. Ce qu’il faut surveiller, c’est le comporteme­nt des oiseaux que l’on sera appelé à croiser. Ils sont l’unique indicateur précis. En général, on les aperçoit de fort loin quand ils sont en action. Mais il existe un autre indicateur, parfois négligé, quand les oiseaux sont posés à la surface de l’eau, souvent en fortes concentrat­ions. Que font-ils là ? Ils patientent, tout simplement. Il suffit alors de se rapprocher d’eux, de jeter un regard sur le sondeur et on s’apercevra qu’il y a de nombreux poissons sous le bateau. La chasse sous l’eau s’est formée, mais elle n’a pas encore atteint la surface d’où l’attitude des oiseaux qui, eux, savent instinctiv­ement qu’elle a débuté et attendant quelle se rapproche d’eux.

Attention aux faux indicateur­s de chasse Mais il y a aussi de faux indicateur­s. On peut ainsi voir parfois des oiseaux plonger à quelques centaines de mètres. En se rapprochan­t d’eux, on constate qu’ils sont juste en train de récupérer ce qui les intéresse dans une large bande, mélange d’algues et de détritus, qui s’est formée avec l’affronteme­nt de deux courants opposés. Idem si vous voyez un chalutier qui relève son filet. Les oiseaux peuvent être très loin dans le sillage du navire et grappiller ici où là ce qui aura pu s’échapper de la nasse. Dans ces deux cas, il est inutile de se

« Dans une chasse, la loi du plus fort est la règle… »

précipiter vers ses cannes. Et aussi, si vous apercevez à la surface des goélands posés sur l’eau, mieux vaut ne pas s’attarder, car ce n’est pas un oiseau chasseur. Piètre plongeur, il est incapable de descendre, ne seraitce qu’à un mètre sous la surface. Il est donc très important de savoir reconnaîtr­e, comme on le verra par ailleurs, les types d’oiseaux capables de participer à une chasse. L’idéal est de tomber sur une chasse à quelques milles des côtes, au petit matin ou le soir, sur le chemin du retour. En effet, vous serez souvent seul à l’avoir repérée. Élément important, car avec une chasse qui se constitue en plein été, à quelques centaines de mètres du bord, c’est l’assurance de voir quantité d’embarcatio­ns lancées à pleine vitesse se ruer franchemen­t au milieu des sternes ou des mouettes. Certes, quand les maquereaux ont décidé de passer à l’action, ils seront peu préoccupés par les vrombissem­ents des moteurs. Seulement,il n’y aura que des maquereaux à bord, alors qu’une chasse intelligem­ment abordée réserve bien d’autres surprises.

Il vaut donc mieux avoir la chance d’être seul sur la zone. L’équipage sait qu’il aura peu de temps pour participer à la chasse, quelques minutes seulement. Mais pour en bénéficier pleinement, il ne faudra pas confondre vitesse et précipitat­ion. Il existe une règle d’or. On ne pénètre pas dans une chasse, on la laisse venir à soi,moteur coupé.Moins il y aura de bruit, plus grandes seront les chances de succès.

Une chasse suit une ligne bien précise. Les poissons pourchassé­s ne vont pas partir soudaineme­nt au nord ou au sud pour tenter de fuir. Ils utilisent le peu de courant qu’il y a et l’accompagne­nt. Il faut contourner la chasse de quelques dizaines de mètres et placer le bateau face au courant, en s’inspirant de la trajectoir­e suivie par les oiseaux, afin que la chasse passe

sous l’embarcatio­n ou à proximité immédiate.Une fois les oiseaux partis et vos premiers poissons à bord, vous ferez à nouveau route en prenant soin de passer toujours à côté de la chasse sans la traverser, pour la dépasser et aller vous positionne­r en attendant le second passage. On pourra renouveler l’opération à quatre ou cinq reprises pour s’apercevoir que les oiseaux sont de plus en plus rares au même titre que les touches. La chasse aura vécu, les sprats aussi.

Dans les chasses, on croise des espèces

bien précises

Pêcher dans une chasse ne présente pas de difficulté­s particuliè­res. Il faut toutefois se hâter en conservant son sang-froid. Cette pêche se pratique avec des trains de plumes. On peut pêcher sous le bateau, à la verticale, en se laissant glisser avec le bateau porté par le courant. Mais le plus souvent, on lance. Chaque pêcheur doit être attentif à ce que fait son voisin pour éviter que les lignes s’emmêlent. Dans une chasse, on trouve avant tout des maquereaux et, avec trois plumes, vous en ramènerez souvent trois à bord. Mais ces poissons savent se défendre et partent dans tous les sens. Là encore, il y a des risques que les bas de ligne se croisent sous l’eau. La chasse se situe en général à la surface ou à proximité. Mais il peut y avoir aussi des poissons un peu plus profondéme­nt. On pense au bar, qui apprécie aussi les chasses. Il ira se régaler avec les sprats, mais ne laissera pas passer l’occasion de chiper une lisette (petit maquereau). Enfin si le bar chasse, il n’ira pas se mêler aux maquereaux. On attaque donc une chasse en laissant filer son lest (plomb ou cuiller lourde) au ras du fond, et on remonte assez vite jusqu’à la surface. Il ne faut pas hésiter à jeter fréquemmen­t un regard en direction du sondeur, pour savoir où se situent vos poissons. Quand on les a localisés, on peut alors apprécier la bonne hauteur et libérer le fil en conséquenc­e. On laisse alors son bas de ligne entre deux eaux ou près de la surface en dandinant énergiquem­ent sans relâcher de fil. Efficacité garantie ! Dans une chasse, on rencontrer­a des espèces bien précises. Il y a d’abord les maquereaux,souvent les premiers à s’approcher des côtes à la fin de l’hiver. Participen­t aussi aux chasses les orphies, encore un poisson de début de printemps, les chinchards, les bars et des espèces que l’on ne s’attend pas à trouver comme les grosses bogues, de plus en plus fréquentes en Atlantique. Si une chasse a lieu sur un fond couvert de roches, les lieus qui ne participen­t pas aux chasses viendront quand même vous rendre visite. Il y aura aussi de belles surprises en caressant le fond avec les vieilles, des coquettes aux gros spécimens qui peuvent atteindre 2 ou 3 kg. Enfin, il y a des chasses très particuliè­res et fréquentes au large qui feront le bonheur de l’équipage, celles des lançons. Il s’agit souvent de lançons de belle taille (15 à 20 cm) qui constituen­t des appâts royaux pour bars et lieus. D’ailleurs, quand les lançons sont poursuivis, ils le sont avant tout par des bars. Attention, il faut avoir un train de plumes adapté. Une chasse offre surtout comme intérêt d’avoir de quoi constituer, avec les maquereaux un petit stock d’appâts frais pour la pêche à soutenir qui nous attend et qui était l’objectif premier. On y participe avant tout en espérant tomber sur une chasse de bars, ce qui est moins exceptionn­el que l’on pourrait le penser. Enfin, dernier détail, mais que vous rencontrez avant tout en période estivale, la présence de dauphins. Ces derniers participen­t souvent aux chasses, mais ils sont le dernier maillon de la chaîne. Et c’est le maquereau qui, de poursuivan­t, devient le poursuivi. Il est inutile alors de s’inviter à la curée. On n’a

jamais vu un maquereau s’attaquer à un train de plumes quand il a les dauphins à ses trousses.

Quels sont les oiseaux marins qui chassent ?

Il existe de multiples familles d’oiseaux marins mais, le long de nos côtes, on ne pourra rencontrer que quelques espèces bien précises et qui sont susceptibl­es de participer à une chasse. Il ne faut pas s’attendre, nous l’avons dit, à assister à une chasse de goélands. Leur « truc » pour survivre, c’est la plage à marée basse à la recherche de coques rejetées par la mer, les décharges publiques, les sillons laissés par les agriculteu­rs à la recherche de vers. Les goélands, en dehors du railleur mais qui se cantonne à une très petite partie de la Méditerran­ée, ont depuis longtemps adapté leurs habitudes alimentair­es au comporteme­nt des hommes. Ils n’offrent aucun intérêt en tant que guides de pêche. On citera aussi, parmi ceux qui ne proposent aucun service comme indicateur de pêche, le labbe, sorte de Mandrin des océans qui tournera autour de la chasse en attendant que les sternes et mouettes aient récupéré une proie pour tenter de la leur faire lâcher en vol. Le labbe, au regard de son imposante stature, a le plus souvent le dernier mot. Mais il ne plonge que sur les autres oiseaux, jamais sous l’eau.

Les sternes sont l’allié idéal en matière de chasse. Les hirondelle­s de mer ne sont pas de grands plongeurs, mais elles vont chercher les petits poissons qui s’aventurent à la surface ou s’introduise­nt quelques dizaines de centimètre­s sous l’eau.On les voit s’exprimer sur des chasses qui s’improvisen­t sur de petites profondeur­s,à la sortie des ports,à proximité de la berge des estuaires, mais on les rencontre aussi au large. On affirme que les sternes préfèrent être seules pour chasser. Mais quand les petits poissons fourrage sont présents, elles se regroupent pour aller les chercher. La sterne gaugek est la plus commune. Elle est souvent confondue, à tort, avec un goéland, car cet oiseau peut atteindre quasi le mètre d’envergure avec ses ailes. Dans son comporteme­nt, la sterne ressemble à un véritable oiseau de proie. Elle va survoler la chasse, la fixer en effectuant une sorte de surplace, avant de se lancer en piqué sur ses proies. La sterne Pierre-Garin, plus petite et avec le bec rouge, adopte un comporteme­nt presque identique. Les mouettes aussi se distinguen­t, surtout avec leur tête noire. Elles sont en fortes concentrat­ions et trouvent leur nourriture aussi bien sur terre qu’en mer. Ce sont d’admirables nageurs qui plongent en se laissant décrocher d’une quinzaine de mètres. Contrairem­ent aux autres oiseaux marins, quand elles chassent, les mouettes le font savoir avec leurs cris, ce qui leur a valu le titre d’un célèbre film comique du siècle dernier.

Il y a le roi des rois qu’est le fou de Bassan On ne suivra pas le cormoran. C’est un chasseur exceptionn­el, capable de plonger quelques mètres sous l’eau. Seulement, ce dernier plonge en solitaire, parfois en couple, mais jamais dans les chasses. Il préfère s’attaquer à un poisson isolé de belle taille qui s’est aventuré près de la surface, plutôt qu’à des sprats insuffisan­ts pour son énorme appétit. Enfin, il y a le roi des rois. Avec lui, une chasse est souvent synonyme de gros bars. C’est le fou de Bassan. On le voit souvent en couple dans son vol majestueux (envergure de près de 2m), rasant les bateaux qui font route. Quand il chasse, il le fait en colonie avec quelques dizaines d’autres couples. Il survole la chasse à 20 ou 30 m au-dessus de l’eau. Soudain, il décroche, en piqué, referme ses immenses ailes pour pénétrer dans l’eau, parfois à près de 100 km/h. Il ira chercher sa proie à 8 ou 10m de profondeur. Ce qui l’intéresse dans une chasse, ce ne sont pas les sprats mais plus volontiers les petits maquereaux. Il ne faut jamais rater une chasse de fous de Bassan et surtout ne pas tenter de la traverser au moteur. Un de nos plus grands oiseaux marins est aussi terribleme­nt craintif et il fuirait, ne vous laissant plus aucune indication sur la direction de la chasse. ■

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 ??  ?? Tomber dans une chasse est toujours la source d’une grande animation à bord du bateau.
Tomber dans une chasse est toujours la source d’une grande animation à bord du bateau.
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 ??  ?? La plupart des cuillers sont munies d’un hameçon triple mais vous pouvez très bien les remplacer par un simple pour faciliter la relache lorsque les prises s’enchaînent.
La plupart des cuillers sont munies d’un hameçon triple mais vous pouvez très bien les remplacer par un simple pour faciliter la relache lorsque les prises s’enchaînent.
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Les chasses se produisent aux étals, mais de préférence au lever et à la fin du jour. Et l’on aurait tort de penser qu’il y a toujours que du maquereau en dessous.
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Les orphies sont de grandes chasseuses et se mêlent souvent aux frénésies alimenatir­es des bars.
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La présence de fous de Bassan dans une chasse est plutôt bon signe. Mais quand les dauphins chassent, il est inutile de tremper son fil dans l’eau. Le chinchard est un poisson typique des chasses. Comme les orphies, qui fré-quentent volontiers les chasses.

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