Thon au broumé en light
Le thon rouge est un poisson magique à plus d’un titre et, en pêche “light”, les moments qu’il peut faire vivre à un pêcheur sont parmi les plus intenses. Matériel, préparation, action pour le pêcher et le relâcher…
S’il se porte mieux en Méditerranée depuis quelques années, nous constatons également son retour sur les côtes atlantiques. La plupart de ces poissons pèsent couramment quinze à trente kilos et peuvent monter jusqu’à quarante, voire dépasser les cinquante, à l’instar de la Bretagne ou les plus de 100 kg sont presque monnie coutante. Évidemment, le fin du fin est de pouvoir les pêcher au leurre sous toutes ses formes : jigs, stick baits, poppers, mini cuillers… Mais faut-il encore pour cela trouver les chasses ? Autant sur certaines zones, en sortie du Rhône en face du Cap d’Agde ou du côté de Perpignan, cela peut se faire, autant sur d’autres, c’est loin d’être une évidence.
L’autre technique à pratiquer, celle au broumé, permet de pêcher sur une zone fréquentée par les thons sans qu’ils soient actifs en surface, est loin d’être sans intérêt et ce partout en France. Sportivement, je vous assure que ça n’est pas mal lorsque l’on s’attaque à ces bolides que sont les thons rouges.
En temps que pêcheur de gros thons au broumé, mon souci aura été de passer des cannes 80 et 130lb à de petites stand-up 30 ou 50lb et de pêcher ces poissons hyper puissants avec du matériel spinning. Il faut dire qu’avec l’arrivée de matériel sophistiqué, ce qui était inconcevable
il y a encore peu de temps est devenu aujourd’hui tout à fait réalisable. J’ai donc rapidement sauté le pas et je ne le regrette pas.
Le plus délicat est de trouver la bonne plombée Pour ce faire, j’utilise deux cannes à popper et deux cannes à jig équipées de Saltiga garnis de tresse en 50 et 60 lb. En fin de ligne, j’ai opté pour un fluorocarbone de qualité et, contrairement au montage de leurres, mes bas de ligne sont très longs, entre 5 et 6m. Pour les hameçons, tous les types conviennent dans des tailles entre 5/0 et 7/0. Ce qui me paraît cependant important est de ne pas utiliser d’hameçons en inox, car dans le cadre d’une relâche, si le poisson ne peut s’en défaire, l’hameçon rouillant très difficilement l’empêchera de s’alimenter et entraînera le plus souvent sa mort.
En pêche au broumé, le plus délicat est de trouver la bonne plombée, surtout lorsqu’on est en tresse. Il ne faut pas utiliser de plomb type palangrotte tenus, même tenu par un élastique qui formera dans le courant un effet hélicoptère et qui vrillera la tresse d’une manière quasi irréparable. Les plombs de forme olive longue et fendus se fixant sur la ligne par des petits bouchons plastique que l’on aura au préalable pris soin de monter sur la ligne sont, en revanche, le nec plus ultra. Ces formes « olive longue » empêchent réellement la ligne de vriller, ce qui est ici la base dans la présentation de l’appât.
Pour ce qui est de la plombée, le mieux est de pêcher le plus léger possible, en tenant compte du courant bien sûr. Il sera ainsi possible de pêcher avec50g sur une ligne à25m de fond et de devoir mettre 300 g sur la même ligne, à la même profondeur, le lendemain.Pour le savoir,il suffit de descendre la ligne au bord du bateau à la profondeur voulue et d’y ajouter (ou d’enlever) du plomb jusqu’à ce que la ligne soit à la verticale, légèrement décollée du tableau arrière. Les hameçons, eux, peuvent êtres leevés sur le bas de ligne ou raccordés à l’aide d’un noeud, type Palomar. Quant au raccord bas de ligne/tresse, un noeud du genre Albright ou Baril donnera toute satisfaction, celui-ci n’ayant pas les mêmes contraintes de passage en anneau qu’un noeud pour le lancer. Passons à l’action… L’amorçage se fait, bien sûr, à base de sardines. N’oublions surtout pas que c’est la base de la pêche au broumé. Combien de fois ai-je entendu: «Aujourd’hui, nous avons un invité. c’est lui qui fera le broumé!» Il est vrai que ce n’est pas toujours agréable de mettre les mains dans les sardines pour les écraser et/ou les couper aux ciseaux. Cela dit, les sardines doivent
être jetées avec une certaine régularité, en n’hésitant cependant pas à varier le menu: sardines coupées en deux puis en trois, quatre voire cinq morceaux ou complètement écrasées en alternance avec des sardines entières.
À noter que l’on trouve aujourd’hui sur le marché des appareils automatiques distributeur de sardines. Ces appareils fonctionnent parfaitement et évitent de trop se salir les mains. Malgré leur variateur de vitesse, je leur reproche cependant d’être un peu trop «linéaire» et de faire passer l’amorçage au deuxième plan. Les broyeurs de toutes sortes sont également les bienvenus. Attention toutefois à ne pas trop en abuser, car cela attirera immanquablement les importuns, maquereaux, chinchards et autres oblades, qui s’en prendront bien sûr au broumé mais également à vos sardines sur vos lignes.
Niveau ligne, je pense qu’il ne faut pas descendre en dessous d’une ligne en 50 lb pour pêcher ce type de poisson. Non pas qu’il soit impossible de le prendre sur du 30 ou du 40lb, la relache du poisson sera plus compliquée car le combat sera plus long avec de plus petits diamètres.
Positionner les cannes dans la coulée
de sardines
En effet, sauf dans le cas ou vous êtes en possession d’une bague de capture – cela par le biais d’une licence de pêche dans un club de pêche sportive –, vous devez impérativement remettre tous vos poissons à l’eau. Attention, un poisson que vous aurez pris sur une ligne trop fine avec un combat souvent supérieur à une heure aura toutes les chances de ne pas survivre après sa relâche. Avouez qu’il serait tout de même dommage qu’un si beau poisson qui vous aura donné un plaisir fabuleux à la canne aille ainsi mourir au fond de l’eau. Restons donc dans la mesure…
Tout comme l’amorçage, le calage des cannes et le positionnement des lignes ne doivent pas être uniformes.Comme le courant commande, il faut d’abord essayer d’évaluer à quelle distance et quelle profondeur la sardine que vous venez de jeter du bateau se trouvera au bout de quelques secondes,puisque l’objectif est de bien positionner vos cannes dans la coulée de sardines. La
première canne, celle de «surface» devra être la plus prêt du bateau,entre 3 et 10 m de fond. Deux autres seront intermédiaires et pêcheront entre 15 et 25 m. Enfin, la canne de «fond» sera la plus éloignée du bateau et pêchera suivant la profondeur où vous vous trouvez entre 30 et 50 m de fond. Pour le maintien des lignes au bon endroit et à la bonne profondeur, chacun possède son système ; cela va du morceau de polystyrène à la bouteille d’eau minérale, le tout maintenu par un élastique. Pour ma part, je préfère rester au système du ballon de baudruche. Simple à mettre en place, il est très visuel. Et surtout, au moment de la touche, il explose tout en restant accrocher à la ligne, ce qui n’est pas le cas avec les autres systèmes, bouteilles et autres qui partent en dérive dans le courant. En pêche, même si l’action semble passive, il faut contrôler régulièrement les lignes.Au début, toutes les heures, et si vous n’êtes pas trop embêté avec les maquereaux et autres petits gêneurs, vous pourrez vous permettre d’attendre plus longtemps.
À la touche –ce que je vous souhaite –, travaillez le poisson avec un petit baudrier, juste pour pouvoir vous reposer un peu tout en restant très mobile sur le bateau. Quand le poisson arrivera au bateau, regardez où est pris l’hameçon, puis séance photos très rapide, toujours dans l’esprit d’une relâche propre. À ce sujet, voici une méthode de relâche ayant fait ses preuves : avant de relâcher le poisson, donnez la canne frein desserré à un collègue, mettez une paire de gants et descendez le poisson à 1 ou 2 m sous le bateau. Forcez-le alors à nager le temps de reprendre ses esprits et, quand il devient difficile de le tenir à la main, remontez rapidement la ligne et soit vous décrochez l’hameçon, soit vous coupez le bas de ligne si votre poisson a avalé,d’où l’intérêt de ne pas pêcher avec des hameçons inox et d’enlever les ardillons. Et maintenant, à vous de jouer… ■