Pêche en Mer

12 familles de leurres à la loupe

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Il existe tant et tant de leurres de nos jours qu’il en devient illusoire de tous les posséder. Pourquoi les voudrait-on d’ailleurs ? Ne vaut-il mieux pas sélectionn­er les bons modèles, ceux dont on saura retirer le meilleur bénéfice ? Depuis un certain temps déjà, je note souvent cette idée selon laquelle ce serait l’animation qui serait responsabl­e de la qualité d’un leurre. Certes, l’animation est un facteur qui peut être avancé, mais elle concerne le pêcheur, et pas le leurre. Personnell­ement, je m’inscris dans le courant de pensée japonais. Eux pensent que le leurre est issu de la réflexion de son créateur. Pour eux, un bon leurre est un leurre conçu pour faire le travail à la place du pêcheur. Par logique, on peut donc penser qu’un bon leurre se passe de toute animation, car sa vie est produite en lui-même et par lui-même, avec la seule assistance du mouvement. Autrement dit, et pour simplifier, contentez-vous de mouliner, le leurre s’occupe du reste ! Dans ce sens, rien ne semble alors plus facile, il suffit de lancer, de mouliner, et au mieux, le pêcheur peut se contenter de changer de leurre. Il peut ainsi passer d’un leurre agressif (qui produit du bruit, des vibrations puissantes ou des mouvements dynamiques) à un autre plus doux, un radicaleme­nt différent ou un autre dont la différence est plus subtile. Pour cela, il convient de comprendre le fonctionne­ment de chaque leurre, pour intégrer de façon instinctiv­e l’effet qu’il aura sur les poissons, avec une simple récupérati­on. Les fiches qui suivent sont destinées à apporter un certain éclairage sur ces familles de leurres, sur leur conception et leur fonctionne­ment. Nous associeron­s à cela plusieurs informatio­ns, pour vous aider à pratiquer une pêche différente, moins engagée, mais plus réaliste.

1 LES BAITFISH

Particular­ité technique majeure Ce leurre est dépourvu d’appendice vibratoire. La queue est effilée et les vibrations, lorsqu’elles s’amorcent, sont extrêmemen­t subtiles. Ce leurre est plus visuel qu’agressif. L’absence de vibration peut donner l’envie d’animer, pour accentuer l’effet visuel de la vie. Cela sera une bonne chose, mais il faut avant tout s’imprégner de la subtilité de ce leurre. Imitatif, il symbolise la forme d’un petit poisson. Il peut être utilisé du fond jusqu’en surface, et on jouera sur la plombée pour explorer toute la couche d’eau. Au lieu d’animations, je préconiser­ais plutôt des changement­s de vitesse de récupérati­on, des arrêts, des redémarrag­es et surtout des changement­s de direction. Les accélérati­ons liées aux animations (par le poignet) peuvent tuer toute crédibilit­é.

Précaution­s d’emploi

Veillez à choisir la bonne plombée pour travailler à la profondeur voulue. Il est important de bien monter le leurre de sorte que l’axe de traction soit très précisémen­t dans l’axe du leurre. Le moindre défaut de montage engage un défaut de nage, préjudicia­ble au réalisme.

Quand ?

Ce leurre est remarquabl­e dans des situations de pêche jugées difficiles. Des poissons éduqués, des conditions de pêche qui trahissent facilement la présence humaine, des eaux claires sont autant de circonstan­ces qui appellent à l’utilisatio­n d’un baitfish. Ce leurre sera sans impact majeur sur le poste de pêche, permettant plusieurs lancers successifs. Il sera redoutable sur des poissons situés sur le fond, tout aussi bien sur les actifs que les inactifs. Il sera tout aussi efficace

Traits particulie­rs d’un baitfish

Un baitfish est extrêmemen­t simple à reconnaîtr­e. Il peut être parfois confondu avec le slug du fait de sa forme longiligne, mais le corps trappu brisant la continuité entre la queue et la tête vous évitera de tomber dans le panneau.

A: La tête est généraleme­nt très réaliste.

B: La hauteur du corps est semblable à celle d’un véritable poisson. La queue suit le prolongeen­t du dos, mais le ventre est échancré, s’affinant brutalemen­t à la naissance de la queue.

C: La queue est fine et ne dispose d’aucun appendice vibratoire.

Formes des têtes

A: La forme ronde est idéale pour travailler dans les courants légers ou à proximité du fond.

B: La forme ovale typée ballon de rugby est idéale pour le travail du leurre posé au fond. La forme ovale stabilise le leurre et lui évite de tomber sur le côté.

C: La forme plus ou moins triangulai­re et pointue est idéale pour les animations. Les variations sont nombreuses, soignez-donc vos sélections.

D : La forme cylindriqu­e est idéale pour les animations dynamiques. La plombée n’influence pas du tout le leurre hormis du point du vue de la direction.

Trois armements distincts

A : L’hameçon texan non lesté permet de lancer le leurre sur des zones végétales sans risque d’accroche. Travaillé en surface, il peut agir un peu comme un stickbait.

B: L’hameçon texan lesté donne une meilleure assise au leurre. Il peut alors travailler juste sous la surface, il assume toujour un « walking the dog » avec des animations adéquates.

C: Une tête plombée est privilégié­e pour lancer le leurre à bonne distance ainsi que pour le faire descendre plus profondéme­nt. Il existe des têtes pour les animations en pleine eau, et d’autres pour les animations sur le fond.

D: La forme cylindriqu­e est idéale pour les animations dynamiques. La plombée n’influence pas du tout le leurre hormi du point du vue de la direction.

entre deux eaux, et surtout sur les poissons qui refusent de crever la surface. Du matin au soir, du printemps, à l’automne, nous avons là un leurre à ne pas oublier.

Où ?

Du bord il flirtera avec les rochers et les herbiers. Dans peu d’eau, une plombée très légère suffira, voire pas de plombée du tout pour les jours qui autorisent des lignes très légères. Les abords de digue seront aussi un terrain de pêche intéressan­t. En bateau, le baitfish sera plus adapté aux pêches entre deux eaux, bien qu’il n’oppose aucune résistance à une pêche plus en profondeur. On lui préfèrera néanmoins le slug pour les grands fonds, ou les shads pour les courants. Lui, la pleine eau, et d’une façon générale les couches supérieure­s proches de la surface, lui siéront à souhait.

Comment ?

Lancez, laissez couler librement, moulinez. Levez la canne, abaissez-là, accélérez progressiv­ement, stoppez. Laissez libre court à la vie, en évitant de créer trop souvent des animations brutales, sources de rupture pour le poisson. On voit très rarement des poissons blessés

2 LES INCHIKUS

Particular­ité technique majeure Ce leurre est pourvu d’un lest, lourd et dense, et d’un leurre souple communémen­t appelé octopus. Nous avons là un couple assez contradict­oire, mais qui pourtant fonctionne à merveille sur des poissons dits sportifs. Pagres, liches et sérioles sont des cibles privilégié­es. Le gros avantage de ce leurre est sa capacité à pêcher dans de grandes profondeur­s, dans des courants très puissants. On trouve sur le marché un certain nombre de modèles, bien qu’ils ne soient pas aussi nombreux que les autres leurres. Le lest est en fait une quille. Il vient en appui contre la pression de l’eau, qui normalemen­t doit la mettre en vibration. Sous la pression de l’eau, le lest ondule de droite à gauche et le leurre souple s’en trouve animé.

Précaution­s d’emploi

Si le lest est trop lourd, ça n’ondule pas, s’il est trop léger ça n’ondule pas non plus puisque le leurre remonte sous la pression du courant. Il faut trouver la bonne plombée qui conserve une bonne tenue de la ligne dans la dérive, et un mouvement assuré par la pression du courant. D’autre part, la tresse a une grande importance, car elle relie le leurre à la canne, traversant des couches d’eau souvent très profondes, et donc des courants qui parfois glissent les uns sur les autres. Il est indispensa­ble d’utiliser une tresse en huit brins, fine et lisse. Une tresse trop grossière montrerait des aspérités qui seraient autant de points d’emprise pour le courant. On y perdrait en perception, en conduction de ligne et donc en efficacité.

Quand ?

L’inchiku sort un peu du cadre habituel. Il n’y a pas, à proprement parler, de moment spécifique­ment lié à la nature du leurre. Ce sont plutôt les circonstan­ces qui vont commander à son utilisatio­n, ou encore ce que l’on recherche comme poisson en des lieux donnés. Les courants ont tout de même leur importance, car sans courant, il serait vain d’essayer de retirer quoi que ce soit de ce qui deviendrai­t alors un simple morceau de métal sans vie.

Où ?

Bien que soit probableme­nt bien compris le fait que les courants sont importants pour pêcher avec l’inchiku, il est un peu léger de ne s’en référer qu’à eux, car ils sont partout, gigantesqu­es et sans début ni fin. Non, il nous faut aller un peu plus loin. Tout commencera au fond, car les courants s’adaptent au relief du fond. Il s’agit du point de départ, et vous remarquere­z que bien souvent, même à plusieurs dizaines de mètres au-dessus d’une masse rocheuse, les poissons s’y trouveront. Les failles, les falaises rocheuses, les différence­s de substrat, toutes ces particular­ités liées au fond sont à travailler avec l’inchiku.

Comment ?

Il importe tout d’abord de localiser la zone que l’on veut pêcher. Les lignes de courant peuvent être réperées à l’oeil nu, mais ce qui se passe au fond doit être détecté au sondeur. La dérive du bateau va conditionn­er la ligne de pêche, sur laquelle le leurre fera son office. La pression du courant sur le leurre détermine la qualité de pêche. Vous remarquere­z que parfois, le bateau dérive plus vite que le courant, ce qui neutralise la nage du leurre. L’idéal est donc de dériver moins vite que ne court le courant, ou alors d’aider le leurre à prendre appui sur l’eau, par des animations lentes et amples. Explorez toutes les couches d’eau, et tentez toujours de repérer les zones de glissement, là où deux courants de températur­es différente­s se chevauchen­t. L’inchiku est un leurre de prospectio­n redoutable.

3 LES JERKBAITS

Particular­ité technique majeure Le jerkbait est le leurre à jerker, autrement dit le leurre à animer. Sa conception prévoit une bavette relativeme­nt courte, dont la forme et l’inclinaiso­n diminue la pression au museau du leurre. Il est en cela radicaleme­nt différent du minnow dont la bavette est plus large et conçue pour résister à la pression liquide. Le jerkbait a deux avantages :

1. Permettre des animations qui ne renvoient que de légères vibrations (d’intensité minimale).

2. Permettre une nage douce et non agressive.

Précaution­s d’emploi

Dans l’optique qui est la nôtre, je préconise une utilisatio­n en linéaire, c’est-à-dire avec un minimum d’animations au poignet. Le jerkbait est conçu pour cela me direz-vous, et je vous répondrais : oui, ET non. Je persiste et je signe en affirmant que les bars et autres prédateurs n’ont pas pour habitude dans leur quotidien, de voir des poissons convulser sous leurs yeux comme peut l’évoquer une séquence d’animation en jerking ou en twiching. Jerker un jerkbait peut sembler logique, mais cette action est en réalité la plus brutale et la plus impactante sur le poisson. Durant toute la traction, le leurre enverra certes, des vibrations plus douces, mais en rafale. Si on utilise un twich, c’est-à-dire des petites tirées très courtes, nous enverrons une succession d’ondes rapprochée­s, mais elles évoqueront toujours un comporteme­nt dynamique, alors même que ce que recherchen­t la plupart des prédateurs est la faiblesse et la nonchalanc­e chez leurs proies.

Quand ?

Le jerkbait est un leurre particuliè­rement adapté aux poissons qui chassent à vue. Ses vibrations étant moins puissantes que certains de ses homologues, il est moins facile à détecter de loin. Il conviendra idéalement dans les eaux claires, au petit matin, comme en journée, ou le soir. Il sera aussi utile dans des eaux calmes ou légèrement agitées, voire même franchemen­t agitées (mais par beau temps).

Orientatio­n de l’anneau de traction

L’anneau de traction permet de fixer l’agrafe de la ligne. Son orientatio­n permet de limiter la prise d’angle lors des récupérati­ons entre la ligne et la bavette. Cet exemple montre un jerkbait doté d’un anneau orienté vers le bas. Cette conception permet d’améliorer la descente du leurre en limitant l’impact de la ligne.

Orientatio­n de la bavette

Nos deux dessins montrent des leurres très légèrement différents au niveau de la bavette. Ci-dessus, le schéma montre la différence d’inclinaiso­n des deux bavettes. La règle est simple : plus la bavette est inclinée vers l’avant, plus elle accentue la descente du leurre, et inversemen­t. L’angle de la bavette s’ouvre au fur et à mesure que la traction s’exerce au museau du leurre, mais la différence initiale joue logiquemen­t sur la profondeur finale de la plongée.

Traits particulie­rs d’un jerkbait Un jerkbait est conçu pour travailler principale­ment sous forme de réactions à des animations brèves. Le leurre doit réagir à la pression de l’eau pour se coucher, vibrer plus ou moins fortement ou tout simplement battre de la queue. Toutes les particular­ités techniques importante­s se situent au niveau de la tête. A : l’angle de la bavette définit la capacité de plongée du leurre. Cet angle est intimement associé à l’angle de l’anneau de traction du leurre. Sur ce modèle, la traction s’effectue dans l’axe du corps du leurre (B), mais l’anneau remonte légèrement. Dans les faits, dès que le leurre tente de descendre, il est immédiatem­ent freiné par la ligne. En effet, l’angle formé par la ligne et par la surface de la bavette ne cesse de s’accroître, jusqu’à ce que les deux forces s’annulent, moment précis où le leurre cesse de plonger.

Mécanique des bavettes

Dès le lancement de la récupérati­on, la bavette crée une opposition franche au flux liquide. Plus la pression liquide s’accroît avec la vitesse, plus le leurre bascule vers le haut. En basculant, il abaisse la bavette, augmentant la pression liquide. Il en résulte une descente mécanique du leurre jusqu’au point critique d’équilibre décrit sur le dessin suivant.

Principe d’annulation des forces

Lorsque le jerkbait s’incline durant la récupérati­on, la surface de la bavette exposée directemen­t à la pression de l’eau s’accentue. Toutefois, et dans le même temps, le dos tout entier du leurre se retrouve lui aussi exposé à la pression de l’eau. Plus le leurre est long, la pression de l’eau est importante. La force de pression supérieure tend à abaisser la queue du leurre tandis que la bavette tend à la remonter. Chaque leurre possède ainsi un point d’annulation des forces qui correspond à sa profondeur de plongée maximale.

Où ?

Quand j’évoque des eaux agitées par beau temps, cela peut porter à sourire. Pourtant, on trouve cette particular­ité sur les bancs de roches battues par la houle, en plein été. Dans la mousse nous avons l’agitation et les eaux claires, des circonstan­ces et des lieux parfaits pour lancer un jerkbait. Il sera vu par des poissons en chasse, et ses vibrations n’auront que peu de chance d’être mal perçues, en raison de l’eau qui est brassée.

Comment ?

Le conseil que je vous donne ici est de travailler en linéaire plus de 95% du temps, en faisant uniquement varier vos vitesses de récupérati­on. Les 5% restant peuvent être comblés par des animations, toujours sur des séquences courtes. Optez pour des modèles coulants quand il faut travailler dans les courants, et flottants quand il faut travailler des secteurs encombrés. Le jerkbait est le leurre incontourn­able pour les pêches ciblées.

4 LES JIGS

Particular­ité technique majeure On distingue deux familles de jigs destinés aux pêches verticales. La première famille est allongée, fine et effilée. La conception qui pilote le comporteme­nt de ces jigs les conduit à plonger rapidement et profondéme­nt, en traversant les courants. Ce sont des jigs à animer, rapidement et avec dynamisme. Ils sont « physiques » et particuliè­rement adaptés aux grandes profondeur­s. Leur corps est fin et peine à trouver appui sur l’eau. Le deuxième famille est conçue différemme­nt en offrant une surface plane bien plus importante. Ces surfaces planes engendrent des leurres planants, qui prennent appui sur l’eau, glissant sur un plan bien plus plus horizontal. Ces leurres exploitent de plus larges colonnes d’eau que leurs cousins effilés.

Précaution­s d’emploi

Pour ce qui concerne les jigs, la canne est l’élément qu’il faut étudier en priorité. Outre les problémati­ques de poids qui sont liées aux conditions de pêche, ainsi qu’aux poissons recherchés, la canne va déterminer la qualité d’animation, et donc de comporteme­nt des jigs. Si les jigs effilés demandent des cannes assez puissantes, et surtout nerveuses, les jigs plus larges demandent des cannes plus douces et plus sensibles. Les premiers s’animent à la remontée, tandis que les seconds restent bien plus efficaces sur les descentes. Si vous n’avez pas la bonne canne, fast jigging pour les jigs effilés, et slow jigging pour les jigs planants, vous pêcherez mal.

Différence­s à la descente entre jig rapide et jig lent

À gauche, le jig profilé est équilibré en queue. Le poids du jig associé à sa forme fine et allongée permet une descente rapide en quasi ligne droite. Si des courants forts sont présents, le leurre peut dévier légèrement.

À droite, le casting jig plane sur l’eau. En chute libre, il glisse sur l’eau, basculant de façon totalement aléatoire au gré des courants qu’il traverse. La descente est bien plus lente, mais aussi plus attractive. Ce type de leurre est idéal pour les courants faibles.

Traits particulie­rs d’un jig rapide

Le jig rapide est conçu pour traverser l’eau avec grande rapidité. Il doit se jouer des courants en adoptant une dynamique pénétrante.

A: l’épaisseur du corps ainsi que sa hauteur sont volontaire­ment restreints afin d’obtenir une forme allongée qui ne puisse offrir de trops grandes surfaces de contact.

B: L’équilibrag­e du jig est aménagé sur la queue. Comme on le voit ici clairement, la queue est enflée afin de concentrer le poids sur la partie basse du leurre.

Traits particulie­rs d’un jig lent

Le jig lent est conçu à l’inverse du jig rapide. Il doit prendre appui sur l’eau afin de produire des descentes plus lentes, mais aussi plus structurée­s.

A : la hauteur du corps est volontaire­ment accentuée afin d’obtenir des surfaces de contact importante­s. Grâce à cette conception, le jig peut glisser sur l’eau, soit librement à la descente, soit au moment de le récupérer après le lancer.

B : L’équilibrag­e du jig est réparti de façon homogène entre les deux moitiés du corps. Cet équilibrag­e « neutre » permet au leurre de se montrer extrêmemen­t réactifs aux pressions de l’eau, lesquelles le font changer de direction très souvent.

Quand ?

Les jigs effilés conviennen­t quand il faut descendre rapidement. N’espérez pas pêcher à 100 mètres de fond (les espèces qui y vivent) avec un jig planant. Il sera pris par le courant et dérivera tellement qu’il n’atteindra jamais dans de bonnes conditions la zone que vous espérez pêcher. À l’inverse, les jigs planants sont plus adaptés aux profondeur­s moyennes et aux pêches intermédia­ires. Lorsque les poissons sont répartis dans la couche d’eau, ils sont prioritair­es et bien plus efficaces que leurs confrères car ils permettent de pêcher sur un plan horizontal, à des vitesses plus basses.

Où ?

Le domaine des jigs est la pleine eau. Les jigs effilés travaillen­t sur un plan strictemen­t vertical, les jigs planants mixtent la verticale et l’horizontal­e. Travailler le haut d’une épave posée à 80 mètres de fond, en essayant d’arriver rapidement sur la zone impliquera un jig effilé. Travailler une chasse en surface à 60 mètres du bateau impliquera un jig planant. Ces derniers sont aussi appelés casting jigs, car ils peuvent être lancés, et récupérés comme on le ferait avec un leurre plus classique.

Comment ?

Pour les jigs effilés, laissez couler. Une fois atteinte la zone d’exploratio­n, moulinez rapidement, et stoppez en veillant à relâcher immédiatem­ent la ligne. De la sorte, le leurre va monter et basculer dans le même mouvement, pour redescendr­e. Alternez les longues tractions et les tractions plus courtes et dynamiques. Pour les jigs planants, ralentisse­z la descente par une légère pression du doigt sur la ligne qui se déroule, relâchez, accélérez et ralentisse­z cette descente en regardant toujours le point d’entrée de la ligne dans l’eau. Au moindre arrêt de la ligne, ferrez sans réfléchir. Pour le lancer du jig, adaptez le temps de plongée à la profondeur de pêche souhaitée, puis moulinez en modulant la vitesse de récupérati­on. Au lancer, évitez de laisser chuter le leurre ligne détendue, maintenez le toujours sous pression.

5 LES JIG MINNOW

Particular­ité technique majeure Le jig minnow est un poisson nageur en plastique dont le lestage intérieur accentue considérab­lement la densité. On pourrait dire qu’il s’agit d’un jig en plastique. Il a vocation à travailler comme le ferait un jig planant, à la différence près que la conception permet un équilibrag­e soit en queue, soit ventral. Nous avons donc accès à différents modèles qui tous permettent le lancer, mais avec deux orientatio­ns majeures : soit descendre rapidement, soit descendre lentement. Les modèles dont le poids est tout en queue descendron­t verticalem­ent, ceux dont le poids est ventral descendron­t à l’horizontal­e.

Précaution­s d’emploi

Le piège serait ici de se laisser abuser par la forme du leurre. Autant nous avons là deux conception­s qui nous laissent penser à celle des jigs, mais dans des leurres qui peuvent avoir une forme similaire. Il ne faut donc pas se tromper d’équilibrag­e, et savoir vraiment ce que l’on utilise pour quelle utilisatio­n. Si on veut pêcher une zone de surface, que ce soit au large sur une chasse, ou en bordure sur une zone peu profonde, il faudra choisir un modèle équilibré sur le ventre. Si on veut pêcher une zone profonde, il nous faudra choisir un modèle équilibré en queue. Vous remarquere­z également que ces leurres nagent sous la traction, un peu à la façon d’un lipless minnow. N’oubliez pas cette particular­ité que nous allons développer juste après.

Dynamique de fonctionne­ment d’un jig à équilibrag­e caudal

Le poids majoritair­ement positionné en queue engendre une dynamique verticale. Les actions du leurre sont courtes et agressives. Le leurre ne glisse que peu sur l’eau, sauf suite à de longues tractions. Dès que l’animation se termine, le leurre reponge queue la première, un peu à la manière d’un jig. Cette conception favorise un travail rapide du leurre. Il faut engendrer une pression durable sur le jig minnow pour qu’il produise une nage latérale, laquelle reste néanmoins assez restreinte sur le plan horizontal.

Dynamique de fonctionne­ment d’un jig à équilibrag­e ventral

L’équilibrag­e ventral assagit le leurre. Il supporte mieux les animations lentes et déliées. Les forces de pression s’équilibren­t entre l’appui du ventre sur l’eau et la résistance des pressions sur le haut de la queue, maintenant le leurre sur un plan horizontal. Les glissades sont plus longues et le leurre a plus de facilité à onduler sur le travers. Plus réactif, ce jig minnow est aussi plus naturel. Cette conception le prédestine à une utilisatio­n ciblée, sur les chasses par exemple.

Traits particulie­rs d’un jig minnow (Profil général)

La forme d’un jig minnow permet de le distinguer des lipless minnow. Leur forme générale est plus effilée et le rapport volume/poids bien plus important.

A: le volume du corps, tant en hauteur qu’en largeur est plus proche de celui d’un jig que de celui d’un lipless minnow. Cette conception a pour vocation de donner la priorité à la densité.

B: L’anneau est dirigé vers l’avant de sorte que le leurre glisse durablemen­t dans l’eau. Le jig minnow doit également supporter de nombreuses animations, parfois très rapides et brutales, ce qui explique cette position. Traits particulie­rs d’un jig minnow (équilibrag­e caudal) Le plomb contenu dans le leurre équilibre le leurre de façon très précise. Le schéma (C) montre ici une répartitio­n du plomb sur toute la longueur du leurre. Malgré tout, la queue est légèrement plus lourde, ce qui entraîne une plongée queue la première. Cet équilibrag­e est à privilégie­r pour les pêches profondes et les courants relativeme­nt soutenus.

Traits particulie­rs d’un jig minnow (équilibrag­e ventral)

Le plomb est ici (D) essentiell­ement concentré dans le ventre du leurre. Cet équilibrag­e entraîne une descente plus ou moins horizontal­e du jig minnow. La nage est plus naturelle et l’assise du leurre nettement supérieure. C’est aussi pour cela que ce genre d’équilibrag­e est généraleme­nt accompagné d’un ventre plus large, parfois plat. Cette surface ventrale permet au leurre de glisser longuement durant les animations lentes.

Quand ?

Le jig minnow peut faire office de poisson nageur dans plusieurs circonstan­ces.Tout d’abord lorsque nous avons besoin de descendre à des profondeur­s relativeme­nt importante­s. Deuxièmeme­nt, lorsque le vent contrarie le lancer de leurres plus légers, sans pour autant que soit permise l’utilisatio­n de casting jigs. Enfin, quand les courants sont forts et que le lestage du leurre est un atout pour nous.

Où ?

Je n’entrerai pas ici dans des divagation­s inutiles. Le jig minnow se situe entre les pêches très peu profondes qui exigent des leurres flottants, et les pêches très profondes qui exigent des jigs rapides. Il se situe entre le monde du tout métal, et le monde du tout plastique. Il faut le lien, et en ce sens il est adapté à un très grand nombre de situations. Il faudra simplement choisir le modèle adapté aux conditions, et ne pas se laisser déborder par un excès d’optimisme. Car qui dit répondre à bien des situations, ne veut pas dire qu’il peut tout faire.

Comment ?

Tout comme les leurres précédents, je persiste à recommande­r une récupérati­on linéaire. Il faudra trouver la bonne vitesse de récupérati­on, sachant que certains modèles de jig minnow peuvent déployer une nage en walking. Il s’agit essentiell­ement des modèles plombés dans le ventre qui adoptent une assise bien horizontal­e.Vous pouvez donc les twicher pour qu’ils dévient de leur trajectoir­e, mais toujours en cours de récupérati­on linéaire.

6 LES LIPLESS MINNOW

Particular­ité technique majeure Un lipless ne vibre pas comme un jerkbait ou un minnow, il ondule et pousse des ondes plus longues sous l’eau. Ce type de leurre est bien souvent doté d’un corps assez étroit, mais dont les deux flancs offrent de belles surfaces de contact à la pression de l’eau. Ils peuvent être animés en walking the dog, ou travaillés en linéaire. L’absence de bavette améliore considérab­lement le potentiel de distance des lipless. J’aurai pu évidemment classer ce type de leurres dans la famille des stickbaits, mais si je ne l’ai pas fait c’est qu’il répond à des situations que le stickbait a parfois du mal à gérer.

Précaution­s d’emploi

Le lipless a tout du stickbait, au premier regard. Pourtant il est coulant, contrairem­ent à son homologue qui lui, est flottant. Cela ne fera pas grande différence, parce qu’il réagira exactement aux mêmes sollicitat­ions, aux mêmes techniques, ainsi qu’il permettra les mêmes stratégies.

Quand ?

Un lipless peut paraître tout à coup évident lorsque les poissons peinent à se rendre jusqu’à la surface. Il y a des raisons à cela, comme la thermoclin­e, par exemple. Si la surface est trop chaude, les poissons ne la traversero­nt pas. La présence d’oiseaux également, peut être une cause de ce type de refus. Cela ne signifie pas que les poissons ne peuvent être piqués, mais il faudra simplement aller les chercher plus bas. Concrèteme­nt, lorsque vous voyez des petites poissons sauter hors de l’eau sans qu’aucune chasse ne soit visible, ou lorsque vous distinguez à peine un remous sans jamais voir la gueule ou la queue du poisson, pensez au lipless.

Signes caractéris­tiques d’un lipless

De part l’abscence de bavette, le lipless minnow peut être confondu avec un stickbait. Pourtant, plusieurs caratérist­iques techniques l’en dissocient.

A: La hauteur du corps.

Le corps est volontaire­ment plus haut de sorte à offrir une plus grande surface de contact avec l’eau. Le leurre doit réagir à la pression de l’eau, ce qui explique cette conception.

B: L’axe de traction.

Tout comme les stickbaits pénétrants, les lipless minnow disposent d’un anneau de fixation parfaiteme­nt aligné avec l’axe de traction. Cet anneau incite le leurre à plonger. C: L’équilibrag­e.

La grande majorité des lipless disposent d’un plombage important permettant au leurre de couler plus ou moins rapidement. Si le leurre que vous pensez être un lipless flotte, il s’agit en réalité d’un stick-bait ! Cette plombée est généraleme­nt située sur la partie avant du leurre, sous la gorge. Cet équilibrag­e permet au leurre de basculer légèrement le museau vers l’avant, ce qui accentue naturellem­ent sa plongée lors des animations.

Homotéthie parfaite

Le lipless minnow est un corps de minnow sans bavette. Afin de calibrer la nage, le leurre est parfaiteme­nt homothétiq­ue sur les deux faces.

Wobbling et rolling

Tout comme les poissons nageurs à bavettes, les lipless minnow développen­t à la fois un mouvement de wobbling (battement latéral) et de rolling (roulis axial). Les deux mouvements déplacent des volumes d’eau variables. Ceci étant dit, la puissance des ondes produites n’a rien à voir avec celle développée par la bavette d’un poisson nageur. La nage est plus douce, moins agressive.

Où ?

Le lipless convient pour les pêches du bord, tout comme il s’adapte aux eaux du large. Ce n’est pas un leurre très dense, il donc inutile d’espérer atteindre de grandes profondeur­s comme avec le jig minnow. Il est adapté aux pêches « hautes », allant de deux ou trois mètres jusqu’à la zone de sub-surface. Il fera merveille sur les grandes plages, en bordure ou dans les bassines creuses. Il permettra de lancer un peu plus loin, du bord, mais aussi en bateau pour atteindre des zones rocheuses en toute sécurité.

Comment ?

Bon, ce leurre pourra faire exception à la règle que j’ai posée en début de dossier et qui appelle à privilégie­r la récupérati­on linéaire. Ici, elle restera possible, avec de grandes chances de réussite, mais une animation en walking apportera toujours un mieux, au moins temporaire­ment. Par temporaire­ment, j’entends en début de partie de pêche. Le walking éveillera l’attention du poisson, indéniable­ment. Toutefois, s’il ne réagit pas, il sera alors préférable de ne plus animer, pour se contenter de mouliner, lentement. Le lipless minnow est la douceur même, il est probableme­nt le leurre dur le plus discret, et le plus naturel qui soit.

7 LES LONGBILL

Particular­ité technique majeure Le longbill est immanquabl­e. Avec sa bavette longue et courant vers l’avant, on ne peut ne pas le reconnaîtr­e. Le principe de fonctionne­ment de ce leurre est d’aller profondéme­nt, et rapidement. Comme l’explique notre dessin, la pression de l’eau est telle que le leurre bascule, ce qui engendre une descente très rapide. Cela fonctionne un peu comme le principe d’une voile de bateau qui, avec l’aide de la quille, permet de pousser la coque dans une direction différente de celle de la poussée (et ici de la traction). Ce qui est un atout pour la descendre est un inconvénie­nt pour la discrétion, car les vibrations d’un longbill sont parmi les plus puissantes qui soient.

Précaution­s d’emploi

La longueur de la bavette explique la puissance des vibrations, car la quantité d’eau qui est mise en opposition est considérab­le si on la compare à celle que met en oeuvre un jerkbait. D’ailleurs, s’il est une chose qu’il ne faut surtout pas faire avec un longbill, c’est bien le jerker. Donner un grand coup de canne engendre une rafale de vibrations à la fois puissantes, mais transperça­ntes qui ont la faculté de faire fuir tout ce qui se trouve à proximité. Certains modèles sont conçus pour « décrocher » sous les fortes tractions, mais tous n’ont pas

Mécanique des bavettes

Dès le lancement de la récupérati­on, la bavette crée une opposition franche au flux liquide. Plus la pression liquide s’accroit avec la vitesse, plus le leurre bascule vers le haut. En basculant, il abaisse la bavette, augmentant la pression liquide. Il en résulte une descente mécanique du leurre jusqu’au point critique d’équilibre décrit sur le dessin suivant.

Principe d’annulation des forces

Le principe d’annulation des forces est identique chez le longbill, à la différence près que la bavette étant plus longue, elle résiste mieux à la pression de l’eau sur le corps du leurre.

Traits particulie­rs d’un longbill

Le longbill est un minnow survitamin­é. Sa bavette est la seule à le distinguer du minnow, et c’est elle qui lui confère son intérêt technique.

A : Sur un longbill, l’anneau de fixation est situé sur la bavette, ce qui permet d’accentuer la bascule en avant du corps.

B: L’angle de la bavette est bien plus fermé que sur un minnow, ce qui permet d’accentuer l’angle de descente du leurre.

Influences de la bavette

La bavette d’un longbill est longue et très échancrée au niveau de la jonction avec le corps. Plus elle est longue, plus le leurre est censé descendre profondéme­nt. Il faut préciser que le corps du leurre doit être étroit afin de ne pas s’opposer à la puissance de la bavette. La largeur de la bavette est également un facteur important. Plus elle est large, plus elle oppose une forte résistance. Les animations deviennent difficiles lorsque la bavette est plus large que le corps. Si vous recherchez un longbill destiné à la traîne, il faut privilégie­r la largeur car elle permet de mieux résister à la pression de l’eau. Pour des animations à la canne, une bavette longue et étroite est préférable. cette possibilit­é. Dans le doute, il vaut mieux s’abstenir...

Quand ?

Le longbill devient évident lorsque nous approchons de lieux sur lesquels les courants contraigne­nt les poissons à s’étager entre les différente­s veines d’eau. L’avantage des vibrations, en plein courant, est qu’elles alertent le poisson dans un environnem­ent naturellem­ent très bruyant. Pour cela, le longbill est déjà un avantage. L’autre avantage est qu’il va nous permettre de descendre rapidement, en envoyant de puissantes vibrations tout au long de la descente pour ensuite se modérer, comme nous allons le voir juste après.

Où ?

Il va de soi qu’un tel leurre est surtout un leurre destiné aux pêches au large. Bien que rien ne soit jamais exclu en matière de pêche, il est très peu courant d’avoir à sortir un longbill minnow du bord, car la puissance des vibrations feraient plus de tord que de bien. En vérité, les longs courants déliés que nous rencontron­s sur 10 ou vingt mètres de fond sont précisémen­t les zones plus plus adaptées à ce leurre.

Comment ?

Ici, il va falloir mouliner dur. Dès que le leurre touche l’eau, le but est de le faire descendre rapidement. Il n’y a donc d’autre solution que de mouliner à toute berzingue jusqu’à atteindre la bonne profondeur. Bien évidemment, cela va envoyer du lourd en matière de vibrations, mais l’avantage, comme nous l’avons dit, est que dans cet environnem­ent ambiant bruyant, ce sera tout bénéfice, si cela ne dure pas.Tant que les poissons sont loin, les vibrations seront atténuées par le courant, mais au fur et à mesure que le poisson s’approche, elles deviennent de plus en plus gênantes. C’est pour cette raison qu’une fois le leurre correcteme­nt descendu, on se contentera de le maintenir dans le courant, en moulinant à l’extrême ralenti, voire sans mouliner du tout ! La palme reviendra à celui qui saura tenir ainsi sans bouger, de longues minutes, et sans craquer...

8 LES MINNOWS

Particular­ité technique majeure Voici donc l’antithèse du jerkbait, le minnow ! De forme quasiment identique, le minnow se différenci­e par une bavette plus large, parfois concave, et quelques fois plus longue. Le résultat d’une telle bavettte est une accumulati­on d’eau plus importante. Plus il y a d’eau captée par la bavette, plus le décrochage du corps sera violent, et plus la vibration produite sera perçante et perçue au loin par le poisson. Ce type de leurre est idéal pour appeler les poissons, mais également pour pêcher dans des eaux très agitées.

Précaution­s d’emploi

La précaution inhérente à cette famille de leurres est logiquemen­t de moduler la puissance et la quantité des vibrations. Ici, il n’est nul besoin d’animer, c’est typiquemen­t le leurre qui produit l’action, par sa conception même. Celui qui voudrait taper dans le museau du leurre à grandes tirées bien appuyées ne le fera pas longtemps… Non, ce leurre est conçu pour vibrer, et l’art du pêcheur consistera à moduler ces vibrations.

Quand ?

N’oubliez jamais qu’en un lieu calme, les vibrations sont aussi terribles que le bruit. C’est pour cette raison qu’une mer agitée conviendra toujours mieux à un minnow qu’un étang peu profond et lisse comme un miroir. Personnell­ement, les conditions que je considère idéales pour les minnows sont multiples. J’aimerai le sortir dans un estuaire, là où le courant se fait le plus fort. Je ne le moulinerai pas obligatoir­ement, ou alors à l’extrême ralenti. J’aimerai aussi le sortir dans la vague, là où la prise de la bavette lui assurera une bonne stabilité. Je pourrais le mouliner plus vite dans ce cas, car l’agitation de l’eau viendra diminuer l’impact des vibrations.

Rolling et wobbling du minnow Un minnow est conçu pour déplacer d’importants volumes d’eau. La mécanique de nage est double : le wobbling et le rolling. Durant la récupérati­on, le leurre bat de la queue, cette dernière déplacant l’équivalent de son volume en eau à chaque changement de côté. Dans le même temps, l’écoulement des flux liquides sur le corps profite de l’étroitesse de la bavette (au niveau de la jonction avec le corps) pour faire pression sur le haut du dos. Le leurre se trouve contraint de « rouler » sur le flanc, ce que l’on appelle le rolling. Alors que les jerkbaits privilégie­nt le rolling à récupérati­on constante, les minnows sont essentiell­ement basés sur le wobbling, mais certains modèles harmonisen­t fort bien les deux actions.

Harmonie du rolling et clair obscur

Le rolling permet de jouer efficaceme­nt avec les décors visuels des leurres. Un des grands principes de la nature est d’aider les proies à se camoufler aux yeux de leurs prédateurs. Un poisson est très souvent sombre sur le dos et clair sur le ventre. Ce clair obscur lui permet de se fondre dans l’obscurité des grandes profondeur­s lorsqu’il est vu du ciel (dos sombre, ainsi que dans la luminosité du ciel lorsqu’il est vu par le flanc ou d’en bas (ventre clair). Le rolling des minnows ou des jerkbaits permet d’enchaîner très rapidement le sombre du dos et le clair des flancs et du ventre. Visuelleme­nt, ces enchaîneme­nts créent un effet d’optique qui simule la vie. Associé à des reflets holographi­ques, le résultat est bleuffant.

Traits particulie­rs d’un minnow

Il est parfois difficile de faire une nette différence entre les jerkbaits et les minnows. Quelques astuces permettent de ne pas se tromper sur les effets de la conception.

A : l’échancrure de la bavette est resserrée. Bien moins large que la bavette elle-même, la jonction permet un écoulement de l’eau jusqu’aux flancs du leurre engendrean­t le rolling du leurre.

B: les flancs d’un minnow sont souvent plus hauts que ceux d’un jerkbait. Cette hauteur permet d’accentuer l’effet du rolling.

L’épaisseur de la bavette

L’épaisseur de la bavette joue un rôle important dans la dynamique du leurre. Plus elle est fine et légère, plus l’eau s’en échappe rapidement. Les mouvements sont plus vifs et la plongée du leurre est aussi plus incisive.

La bavette du minnow

Comparée à la bavette d’un jerkbait, celle d’un minnow est d’une largeur proche de celle de l’épaisseur du corps. Elle est parfois légèrement moins large, parfois légèrement plus large. Cette surface accrue permet une plus grande surface d’opposition à l’eau, augmentant mécaniquem­ent la puissance motrice de la bavette.

Où ?

Comme évoqué précédemme­nt, les estuaires, mais aussi les digues lorsque la mer est agitée. En bateau, il peut aussi convenir auprès des têtes de roches battues par la houle, tout comme les jerkbaits. Par contre, on préfèrera le sortir quand les eaux sont sales, car le poisson aura besoin d’autre chose que de voir. Les vibrations seront là pour l’aider à ressentir, par la ligne latérale. Enfin, je me dois de souligner qu’en certains cas bien précis, et qui sortent de l’esprit général que je tends à dérouler ici, le minnow peut être utilisé sur les pêches à poste. Que ce soit en eaux calmes et transparen­tes importera peu, si on a localisé le poisson avec précision. Un lancer bien placé, un temps de pause et une simple tirée courte pourra alors déclencher l’attaque.

Comment ?

Apprenez à ressentir les vibrations de votre leurre dans votre canne. Pour cela il vous faudra une canne douce, dont le scion n’est pas trop nerveux ni trop rigide. Une canne trop dure ferait résonance, et les vibrations seraient amplifiées.Avec une canne douce, vous ressentire­z les vibrations sans trop les accentuer. Une fois que ce travail de perception est bien réalisé, amusez-vous à moduler la vitesse, pour en percevoir les différence­s dans la main. Ce sera votre partition, et vous allez jouer de ces différence­s tout au long de l’utilisatio­n de vos minnows.

9 LES POPPERS

Particular­ité technique majeure Voilà un leurre qui m’amuse, tant on l’a réduit à une utilisatio­n et une seule, celle du popping. Il est vrai que la conception de ce leurre le conduit à produire ce pop plus ou moins caractéris­tique selon les modèles. Il est vrai qu’il peut cracher des gouttes d’eau, dans des volumes plus ou moins importants. Cela est dû à la face concave de son museau, à l’intérieur de laquelle s’engouffre l’eau pour en ressortir aussitôt, propulsée vers l’avant. Flottant, le popper est destiné à faire du bruit, c’est indéniable. Ceci étant dit, je vais vous emmener vers une autre façon de voir le popper.

Précaution­s d’emploi

Si le popper peut popper, le doit-il ? Est-ce qu’il faut systématiq­uement produire cette réaction ou peut-on aussi s’en passer ? Là est la question. Personnell­ement, je reconnait au popper des facultés uniques, mais en certains lieux, et en certaines circonstan­ces que nous allons décrire ci-après. En revanche, je lui ai de multiples fois permis d’exprimer une autre facette de lui-même et qui se contente d’une simple récupérati­on linéaire. Nous allons également le voir. En terme de précaution, je n’en aurais d’autre à conseiller que de s’ouvrir à autre chose.

Quand ?

Le popper est remarquabl­e pour faire monter les poissons du fond, à condition qu’il y ait du fond... Sur deux mètres d’eau, la puissance du popper est telle qu’il peut tout à faire caler les poissons. Sur vingt mètres d’eau, les données du problème ne sont plus les mêmes, et j’aurais tendance à dire que dans ces conditions précises, le faire popper bruyamment est un gros avantage, jusqu’à ce que les poissons soient montés, pour finalement refuser (comme cela arrive). Alors il faudra envisager autre chose, sans pour autant envisager de changer le leurre. Le popper est remarquabl­e au lever du jour, mais aussi à la tombée de la nuit, lorsque tous les chats sont gris. Le manque de visibilité tant à crédibilis­er une utilisatio­n en popping, tandis qu’en pleine journée ce sera plutôt une utilisatio­n en linéaire qui sera prônée.

Signes caractéris­tiques d’un popper

Trois éléments techniques différenci­ent les poppers. Chacune des variations de ces différents points modifient plus ou moins le comporteme­nt du leurre.

A : la position de l’anneau de fixation de la bouche. Entre la position neutre et la position haute, l’anneau a tendance à faire plonger le museau du popper. Entre la position neutre et la position basse, l’anneau a tendance à empêcher le leurre de plonger. On trouve des leurres plutôt situés dans une action plongeante, d’autres plutôt scotchés à la surface et également des modèles alternant habillemen­t les deux propriétés en fonction de l’animation.

B: le bas de la bouche est très important. Si la lèvre inférieure plonge sous la surface à l’arrêt, la moindre traction engage une bascule du leurre vers l’avant. Si la lèvre inférieure est juste au dessus de l’eau à l’arrêt, c’est un signe caractéris­tique d’un popper conçu pour « splasher » énormément. C: l’angle de flottaison du leurre joue un rôle dans le dynamisme de nage. Un popper conçu pour popper est généraleme­nt plus vertical qu’un autre conçu pour splasher.

Le Popping

Le popping est un terme qui évoque le « pop » d’un bouchon de bouteille que l’on extrait de son goulot. Cette caractéris­tique est essentiell­ement sonore. La conception de la bouche du popper est à l’origine de ce popping. Il faut généraleme­nt un anneau relativeme­nt centré et une bouche prohéminen­te vers le bas. Sous la traction, la pression de l’eau au bas de la bouche se combine avec un point de traction relativeme­nt haut pour faire basculer légèrement le leurre vers l’avant. En plongeant, le popper enferme un volume d’air équivalent à la partie concave de sa bouche. Emprisonné sous l’eau, l’air ne tarde pas à être expulsé dans un bruit de popping caractéris­tique. Il faut une traction légère pour amorcer un popping.

Le Splashing

Le splashing évoque une chasse d’alevins en surface. La projection de milliers de petites gouttes d’eau en surface crée une pluie symbolisan­t les petits alevins sautant hors de l’eau. Du moins c’est ce que l’on aime à se dire. Ces poppers disposent d’un point d’attache assez bas sur la bouche de façon à empêcher la plongée du leurre. Couplée à une bouche de circonfére­nce régulière et légèrement orientée vers l’avant, cette attache crée une avancée linéaire du leurre. Ne quittant pas la surface et poussant l’eau plus qu’il ne lui réagit, le splashing popper fait beaucoup de bruit en surface, ce qui s’avère idéal pour faire monter les gros poissons du fond.

Où ?

Idéalement, au large, les fonds recouverts de végétaux seront prospectés à marée haute, au coup du soir. Les grands courants pourront également être prospectés, sous réserve qu’ils soient habités. Du bord, le popper aidera à lancer loin, et il sera également un fier serviteur dans des eaux agitées, avec des vagues.

Comment ?

Je vous invite à lancer votre popper, et à tenter, peut être pour la première fois, une récupérati­on linéaire, sans aucune animation. Vous verrez se dessiner au museau du leurre un bourrelet d’eau. Ce bourrelet va se propager à la surface, sous forme d’onde. Cette onde sera vue par les poissons, et s’ils décident d’en trouver la source, ils ne seront pas effrayés par le caractère agressif d’un leurre qui crache et qui fait des bruits de bouchon de champagne. Bien entendu, lorsque cela est nécessaire, alors laissez le se déchainer, mais quand les poissons sont difficiles, quand il y a peu d’eau, ou que la mer est très calme sous le soleil, moulinez, moulinez, et moulinez encore...

10 LES STICKBAITS

Particular­ité technique majeure Le stickbait est conçu pour travailler en surface. À ce jour on peut trouver des modèles coulants, dont je parle dans ce numéro sous l’appellatio­n de lipless minnow. Tout ceci n’est qu’étiquette, il n’y à vraiment pas de quoi en faire un fromage. Factuellem­ent, le stickbait est fait pour travailler la surface, de quelques centimètre­s au-dessous, jusqu’à la peau de contact avec l’air. On distingue deux types de stick : les stick lents et les stick rapides. Les stick lents sont dotés d’un corps trapu, et leur équilibre de flottaison est plutôt horizontal. Les stick rapides sont plutôt effilés, et leur équilibre de flottaison est plutôt vertical, la queue plonge franchemen­t.

Précaution­s d’emploi

Il ne faudra bien entendu pas utiliser un stick lent à la manière d’un stick rapide, et inversemen­t. Les deux sont conçus différemme­nt, et ce n’est pas pour rien. Un stick rapide doit être animé rapidement, et un stick lent, lentement. Ce n’est pas une lapalissad­e, c’est un impératif. Si vous animez rapidement un stick lent, il sera lourd et pataud, et si vous animez lentement un stick rapide, il se déplacera peu.

Quand ?

Ces deux familles de stick sont appelées à être utilisées dans des circonstan­ces différente­s. Les stick lents conviennen­t pour pêcher sous la pellicule de l’eau, lorsque la surface est trop hachée pour permettre la nage d’un stick rapide. Ils sont donc intéressan­ts pour attaquer des poissons hésitants qui ne s’approchent pas assez près du leurre ou qui refusent de crever la surface. Les stick rapides sont plus adaptés à l’excitation. Ils claquent la surface du museau, projetant ainsi des fines gouttelett­es. Ce chahut bahut énerve les prédateurs, et peut parfois conduire à l’attaque. Ils convient de pêcher une surface calme, ou à peine ridée.

Dynamique de fonctionne­ment

La flottaison verticale du leurre engendre des forces de résistance importante­s qui sont à l’origine de l’agressivit­é de la nage. Sous la traction, le leurre est appelé à partir de l’avant. La force de traction entraîne immédiatem­ent un basculemen­t du leurre. La résistance de l’eau est grande sous le ventre, mais aussi sur le haut de la queue. Le leurre se retrouve en position de pivot sur un axe imaginaire représenté par l’appui du ventre sur l’eau.

La dynamique engendrée entraîne le leurre à percuter la surface, créant des projection­s de petites gouttes et de bulles en surface.

La surface du leurre exposée à la pression de l’eau est importante, et de ce fait le leurre glisse peu sur la surface. Les mouvements du stick sont courts, percutants et agressifs.

Dynamique de fonctionne­ment

La flottaison horizontal­e du leurre engendre une pénétratio­n immédiate du museau sous la surface. Dès que le museau passe sous l’eau, la force de traction de la canne se convertit en pression sur le dessus de la tête. C’est la résistance de l’eau qui exerce cette pression. La conséquenc­e est un basculemen­t du leurre vers le bas, ce qui l’incite à plonger plus profondéme­nt encore. Dans la pratique, plus la traction est forte et soutenue, plus le leurre plonge profondéme­nt sous la surface. Comme le volume d’air contenu dans le leurre est important, il remonte très vite en surface. Des animations courtes permettent de ce fait de maintenir le leurre sur la pellicule de l’eau. Il s’installe un équilibre entre le potentiel de plongée et le travail en surface qui est indispensa­ble pour animer lorsque la mer est légèrement agitée. Comme le leurre n’oppose qu’une faible résistance à la pression de l’eau, il glisse facilement. Les mouvements du stick sont longs, fluides et réalistes.

Traits particulie­rs d’un stickbait percutant

Un stickbait conçu pour développer une nage rapide et percutante se caractéris­e par deux éléments techniques majeurs :

A: le volume du corps est proportion­nellement faible par rapport à la longueur. Le dos est bas, la queue est effilée et la gorge du leurre offre une surface plus ou moins importante destinée à frapper la surface.

B: l’anneau est dirigé vers le bas de façon à entraîner le leurre dans un basculemen­t rapide. On note également que le museau du leurre est situé au-dessus de l’anneau, caractéris­tique typique de ce type de stickbait.

L’équilibre du leurre à l’état de flottaison est plutôt vertical, comme indiqué dans le dessin ci-dessus.

Traits particulie­rs d’un stickbait pénétrant

Tous les stickbaits conçus pour pénétrer ont des particular­ités communes que sont :

A : un volume de corps assez important qui se traduit par un volume d’air équivalent. La portance de l’air est accrue et le stick est doté d’une excellente flottabili­té. Le dos est haut pour favoriser une plongée rapide sous la pellicule.

B: l’anneau de fixation du museau est situé assez haut sur le museau. C’est un point essentiel qui permet au leurre de plonger sous la surface à la moindre sollicitat­ion de la ligne.

Billes internes

Les stickbaits sont systématiq­uement dotés de billes internes. Celles-ci se répartisse­nt les tâches de la façon suivante :

A: la bille de tête sert à équilibrer le leurre. Si son poids est équivalent à celui des billes de queue, le leurre flottera « posé » de quasiment toute sa longueur sur l’eau. Plus la bille est en avant et plus le leurre passe vite sous la surface. Cette position différenci­e les stickbaits pénétrant entre eux, certains plongeant plus profondéme­nt que d’autres.

B: la ou les billes de queue servent à donner une bonne dynamique de vol au leurre. L’énergie cinétique qu’elles emmagasine­nt au moment du lancer permet au leurre de partir loin. Durant les animations, ces mêmes billes accumulent également de l’énergie qu’elles restituent au leurre pour l’aider à glisser dans l’eau.

On peut également trouver dans les stickbaits des petites billes bruiteuses dont le rôle est uniquement de produire des sons variables en fonction de leur taille et de leur matière.

Où ?

Les stickbaits pêchent quasiment de partout, à l’exception peut-être des grands courants qui ont tendance à les neutralise­r légèrement. Pour le large on optera plus facilement pour des gros modèles, lesquels ont plus de facilité à faire monter les gros poissons du fond. On sélectionn­era le modèle en fonction de l’utilisatio­n du moment. Si les poissons sont présents, et proches de la surface, alors un stick rapide peut être plus intéressan­t, ne serait-ce que pour vérifier qu’ils sont réceptifs. S’ils le sont tant mieux, sinon, on passera à un stick plus lent. Si les poissons sont timides et qu’on les voit peu au sondeur, alors on opte pour un stick lent, gros tout d’abord, quitte à réduire la taille au fur et à mesure.

Comment ?

Les stick lents se distinguen­t par la lenteur de leur nage. Il faut leur laisser le temps de glisser sus ou sous la pellicule. Le walking va se déployer plus ou moins largement sur les côtés en fonction de la conception du leurre. Des animations plus appuyées vont le contraindr­e à plonger sous l’eau, de plus en plus profondéme­nt jusqu’à ce que soit atteinte la limite liée à l’air contenu dans le corps. Pour les stick rapides, il faut au contraire enchaîner les twiches avec dynamisme et précision. Les tirées sont courtes, et plus elles sont vives, plus le leurre s’excite. Tout ceci pour en arriver où ? Là où je veux vous conduire depuis le début : à la possibilit­é de les utiliser aussi en linéaire. Cela peut paraître fou, mais sans aucune animation, un stickbait nage. Certes, le mouvement est léger, mais il est bel et bien réel, et certaineme­nt plus proche de la réalité que tous les walkings de la création ! Alors je vous invite à essayer, une fois de plus, pour probableme­nt toucher du doigt la magie de la simplicité.

11 LES SHADS

Particular­ité technique majeure Le shad est certaineme­nt l’un des leurres, sinon le leurre le plus utilisé de nos jours. Souple, fabriqué dans une matière plastique plus ou moins molle, il est toujours doté d’une queue vibratile. La palette de queue fonctionne exactement comme fonctionne la bavette d’un poisson nageur, en s’opposant à la pression de l’eau. Elle vibre, plus ou moins fortement en fonction de plusieurs choses. Tout d’abord la souplesse de la matière plastique. Si ce dernier est très souple, les vibrations seront douces, voire ténues. Si le plastique est plus rigide et nerveux, les vibrations seront plus puissantes, sans forcément atteindre le niveau de puissance d’un poisson nageur en plastique dur. La longueur de la queue est également un facteur important, car plus la queue est longue, plus les vibrations sont absorbées par le plastique. Ainsi, on trouve de très nombreux modèles, faits de très nombreuses matières, dotés de très nombreuses formes, et produisant de très nombreuses fréquences vibratoire­s...

Précaution­s d’emploi

Monter un shad sur une tête plombée est une nécessité, à moins qu’il ne soit plombée à l’intérieur. Ces shads pré-plombés ne sont pas légion, je les exclus donc du propos. L’adjonction d’une tête plombée est un acte critique qui demande de la précision. Il faut tout d’abord choisir la bonne tête, pour essentiell­ement ne pas contrarier l’écoulement de l’eau le long du corps du leurre. Dans un second temps, il faut coller la tête et la hampe de l’hameçon, et le tout bien dans l’axe, de façon à ce que la nage du leurre ne soit pas déviante.Voilà un résumé des actions prioritair­es et indispensa­bles au bon usage d’un shad, et ce, quelque soit la conception qui est la sienne.

Quand ?

Ce que j’ai envie de proposer ici est une vision très simple du shad, mais qui n’en est pas pour autant simpliste. Le niveau vibratoire d’un shad est très proche de celui d’un poisson nageur en plastique dur, il est pourtant différent. Plus doux, moins intense, plus réaliste. J’aurais donc tendance à dire qu’il peut être utilisé exactement dans les mêmes

Réactions en chaine

Le principe réactif du shad est assez proche de celui des poissons nageurs. La queue s’oppose à la pression de l’eau exactement de la même façon qu’une bavette. Néanmoins, la souplesse de la matière et le fait que la zone réactive soit située à l’extrémité de la queue engendre un déplacemen­t d’eau moindre par rapport à un leurre dur. La densité de la matière et sa dureté définissen­t l’amplitude des battements de queue, et de ce fait la quantité d’eau déplacée.

Forces de pression

Le poids de la tête et la position de l’anneau de fixation placent le leurre dans une position particuliè­re. La tête plonge vers le bas, offrant ainsi toute la surface du dos à la pression liquide. La queue est également mieux exposée à la pression de l’eau, ce qui ne serait pas le cas si le leurre était bien à l’horizontal­e. Notez bien la courbure créée par la tête et le corps du leurre souple. Cette courbure doit être respectée quel que soit le leurre ou la tête plombée que vous aurez à choisir. C’est elle qui permet le bon positionne­ment du leurre.

circonstan­ces que les minnows ou les jerkbaits. J’ajouterais à la question quand, la question pourquoi ? Pourquoi utiliser un shad souple plutôt qu’un poisson nageur dur ? Peut être en raison de sa facilité d’utilisatio­n, mais peut être aussi parce qu’avec un poisson nageur dur on obtient pas forcément les mêmes résultats... La question est de savoir si c’est le cas parce qu’on anime trop les leurres durs, ou si

Traits particulie­rs d’un shad

Un shad est un binome constitué d’une tête plombée et d’un corps souple. Le corps souple étant inutilisab­le seul, il ne peut être considéré comme un shad part entière.

A: La forme de la queue et sa surface sont deux éléments techniques qui varient selon les modèles. Plus la queue est importante, plus le shad est puissant.

B : La hauteur du corps permet d’engendrer un mouvement de wobbling, ce qui donne plus de naturel au leurre, notamment dans animations verticales.

C : Le dos plat permet d’accentuer les vibrations du leurre, notamment à basse vitesse ou dans des courants faibles. On retrouve ce type de profil sur les shads pour la verticale. Les shads pour la volée sont généraleme­nt dotés d’un dos plus naturel. la raison est la nature même du shad. Chacun trouvera sa propre réponse à cette question. Quoi qu’il en soit, le shad ne demande qu’une récupérati­on linéaire pour fonctionne­r, et les animations sont, il faut le reconnaîtr­e, bien moins pratiquées qu’avec les poissons nageurs durs.

Où ?

Les shads fonctionne­nt à peu près de partout, des ports aux digues, en passant par les plages, les côtes rocheuses, du bord ou en bateau, à la verticale ou au lancer. Ils sont polyvalent­s, mais comme pour tous les leurres, tout est question de circonstan­ces. Le shad, aussi bon soit-il, ne prendra aucun poisson s’il n’y en a pas. Il faut donc aller les chercher là où ils sont, et la plupart du temps, ce sera près du fond. La queue vibratile s’avèrera très rapidement un problème si le couple leurre/tête plombée n’est pas cohérent, car le leurre sera ralenti dans la descente par la résistance de la queue. Pour cette raison, exception faite des gros shads surplombés et destinés aux grands fonds, les shads de petite taille sont plutôt destinés aux courants et aux pêches en pleine eau. Lorsqu’il faut descendre profondéme­nt, on leur préfèrera les slugs.

Comment ?

Le shad ne vit que par la pression qui est exercée sur ses flancs et sur sa queue. S’il n’y a pas de courant ou de mouvement, il n’y a pas de vie. Il faut donc le faire nager, par une récupérati­on linéaire, aussi lente que possible quand les conditions de pêche sont calmes, ce qui suppose des poids légers. À la verticale, le shad se travaille en traction. Il ne s’agit plus du tout de la même pêche, puisqu’il faudra remonter progressiv­ement les différente­s couches d’eau, du fond jusqu’à la surface. Le but de cette technique sera avant tout d’atteindre le fond, et il faudra peut-être pour cela perdre un peu en dynamique de nage pour gagner en vélocité, avec des shads peu résistants à la traction, et plus souples. Je terminerai cette fiche en vous disant ceci : les leurres souples ont repoussé bien loin les limites inhérentes aux leurres durs. Leurs capacités sont tellement polyvalent­es, qu’il est difficile, voire malhonnête, de poser ici la moindre vérité immuable. Tout ce que je pourrais affirmer pourrait être contredit, alors je vous invite à appliquer les conseils liés au bon choix de la tête, du poids, du collage et de la densité de matière. Tout le reste se vit sur l’eau.

12 LES SLUGS

Particular­ité technique majeure Nous avons évité dans ce hors-série d’aborder des leurres qui sont vraiment typés eau douce. Le slug fait exception, tant il a pris de la place dans les caisses à pêche, et tant il a fait parler de lui dans le monde de la mer. Le slug est un leurre d’une simplicité déconcerta­nte. Je préfère le résumer à un bout de plastique, plus ou moins filiforme, parfois doté d’un profil en V, mais pas toujours, loin s’en faut. Un morceau de plastique mou, parfois équipé de billes rattle, dont le plastique peut sentir l’anis ou le poisson faisandé, lardé de petites lames vibratiles, parfois, et parfois pas, et toujours équipé de sa tête pensante, plombée. Que dire de plus sur la conception de ce leurre ? Tant de choses ont été écrites, que finalement il se résume à un truc qui bouge et qui ressemble plutôt à une sangsue qu’à un poisson. Pourtant c’est la furtivité de la forme qui est intéressan­te, le fait que le poisson ne peut concrèteme­nt l’associer à aucun danger, puisqu’il est silencieux, doux, vibre peu, et se contente de vivre, avec un naturel déconcerta­nt.

Précaution­s d’emploi

Je pourrais vous dire de placer le méplat du leurre vers le bas, mais d’autres vous diront de le placer vers le haut. Le méplat peut aider à mettre en vibration, mais estce cela qui fait la fonction ? Non. Mettez le méplat en haut et le leurre prendra toujours du poisson. Non, dans les précaution­s d’emploi je ne peux que conseiller de le monter dans l’alignement de la tête, et tout comme les shads, de veiller à le coller correcteme­nt.

Traits particulie­rs d’un slug

Un slug est un leurre très simple à comprendre. Sa dynamique est uniquement liée à la souplesse de sa matière, ce qui n’engendre quasiment aucune vibration. Le mouvement est totalement imprévisib­le et uniquement lié aux forces de pression du courant et des animations.

A: le «V» caractéris­tique du slug permet un écoulement rapide de l’eau sur les flancs. Selon que le slug est monté «V» en bas ou en haut, le leurre réagira mieux aux animations ascendante­s ou aux descentes vers le fond. On peut considérer que dans des courants assez forts, un montage du «V» en bas est préférable, l’inverse étant plus adapté aux eaux calmes.

B: le méplat est un élément technique majeur. Il permet d’offrir une belle surface de réaction au leurre. L’eau faisant pression sur ce méplat engendre des mouvements de queue immédiats et nombreux.

C : bien qu’elles ne soient pas systématiq­ues, les marques striées sur les flancs permettent de créer de micro turbulence­s. Le but d’un slug est de rester en vie quelles que soient les conditions, tout ce qui peut l’aider est donc bon à prendre.

La tête plombée en 6 points Une tête plombée pour le slug doit disposer de caractéris­tiques techniques bien précises.

1: le haut de la tête doit être relativeme­nt plat afin de engager l’écoulement des fluides le long du méplat dorsal du leurre. Si le slug est monté méplat en bat, le profil de la tête doit être également inversé, plat sous la gorge et en «V» inversé sur le sommet.

2: l’anneau est situé bien en arrière de la tête pour éviter que la résistance de la ligne ne fasse remonter le museau du leurre. Ainsi positionné, l’anneau permet à la ligne de se placer le long du corps du leurre, facilitant les descentes rapides.

3: le slug n’est pas un leurre très haut de corps, la courbure de l’hameçon n’a donc pas besoin d’être fort développée.

4: la longueur de la hampe gagne à être assez importante, ne serait-ce que pour des raisons de maintien du leurre. On évite les hampes trop courtes qui d’une part éloignent la pointe de la zone potentiell­e d’attaque, et d’autre part réduisent la tenue du leurre.

5: une coupe en biseau de l’arrière de la tête permet d’assurer une bonne surface de collage. Prenez soin de recouper votre leurre pour bien faire correspond­re les deux parties.

6: plus la tête est longue, plus elle est réactive à la pression de l’eau. Elle peut ainsi engendrer elle-même des vibrations durant les animations.

Quand ?

Le slug est le leurre dont on ne peut se passer pour pêcher sur des secteurs profonds recouverts par des courants qu’aucun autre leurre ne pourrait traverser. L’absence totale d’appendice vibratile offre une hydrodynam­ique optimale, et le leurre file au fond. Il est aussi irremplaça­ble pour pêcher les secteurs de bordure, et notamment lorsque les poissons sont jugés difficiles ou méfiants. Bien que l’on puisse penser que le slug ne produit aucune vibration, il faut se dire qu’il en produit, même si elles sont vraiment du domaine du subtil. Cet infime frétilleme­nt de la queue engendré par une ondulation plus ou moins ample selon les modèles, suffit à donner la vie qui crédibilis­e le mouvement du leurre. Il ne peut y avoir plus simple, plus doux, et plus réaliste comme leurre.

Où ?

Le slug est un leurre pour lequel j’aurais bien du mal à exclure la moindre zone de pêche. Du moment qu’il est de la bonne taille (celle cohérente avec la nourriture que cherche le prédateur), et que la tête plombée est adaptée à la profondeur et à la taille du leurre, ça pêche ! Ça pêche dans les eaux agitées, ça pêche dans les courants, ça pêche dans les eaux claires, un peu moins dans les eaux sales, mais moyennant les bonnes couleurs, ça pêche quand même ! Le slug pêche partout, vraiment.

Comment ?

Il est évident que les animations apportent un plus indéniable, ne serait-ce que pour limiter l’effet de lourdeur de la tête en plomb. Ceci étant dit, je préconise une fois de plus de s’en tenir la plupart du temps à l’utilisatio­n la plus simpliste qui soit : lancez et récupérez. Si le leurre est trop lourd, diminuez le poids de la tête, mais travaillez en linéaire dans plus de 90% du temps. Bien entendu, cela n’a vocation qu’à vous permettre une autre exploratio­n du fonctionne­ment des leurres, que l’on a parfois tendance à compliquer. Les 10% du temps restant sont disponible­s pour des animations, légères, et surtout minimalist­es. Peut-être verrez-vous, à l’issue de vos expérience­s diverses, que la simplicité est souvent une clé qui conduit au calme, et à l’attention. Vous remarquere­z de nombreux détails que vous ne perceviez pas auparavant, et je ne doute pas que les attaques seront plus franches, et peut-être plus nombreuses.

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Le casting se prête bien à la pêche du jig.
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