Pêche en Mer

Bord & Large

Slow jigging : entre bars et lieus

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Notre printemps démarre d’une manière totalement inédite. Le confinemen­t gèle ou du moins perturbe nos activités profession­nelles tout comme nos loisirs. La pêche est interdite comme nombre d’autres activités, c’est l’occasion pour se préparer à un début de saison réussi, au moment de l’année où se croisent les bars et les lieus jaunes.

Pour cibler les deux espèces, le slow jigging est une technique moderne très efficace. Alors que la températur­e de surface n’a pas encore atteint les 13 °C, les premiers bars sont plutôt près du fond. Les lieus jaunes, quant à eux, vivent près des obstacles benthiques. Un point commun qui nous amène à les chercher, à cette période de l’année, avec la même technique.

La technique dite « slow jigging » a été développée dans le Pacifique. Arrivée en France il y a à peu près cinq ans, elle présente une vraie évolution. Contrairem­ent au jigging pur et dur qui cible les poissons chasseurs rapides, le slow jigging touche un large éventail d’espèces : les pélagiques tout comme les poissons benthiques dont nous parlons. Il s’agit d’une pêche lente sur le fond qui doit son efficacité à la nage aguichante du leurre à la descente. Nous pouvons ainsi taquiner les bars, les lieus, mais aussi les tacauds, cabillauds, rougets, maquereaux, saint-pierres, chinchards et bien d’autres carnassier­s.

Cette technique permet de pêcher au fond, mais également sur toutes les couches d’eau grâce à des animations verticales proches de la technique de l’ascenseur. Une approche polyvalent­e qui répond parfaiteme­nt au comporteme­nt des bars et lieus jaunes. C’est une technique d’animation par paliers d’un jig moderne qui offre une nage très attractive. Le tout avec un ensemble cannemouli­net fin et très agréable à utiliser lors des animations et encore plus lors des combats. Le slow jigging est par définition une pêche lente, l’anglicisme « slow » signifiant « lent ». Nous sommes donc proches des bonnes vieilles techniques de dandines amples des Mitraspoon ou cuillers ondulantes Flashmer. Le slow jigging est en effet une dandine technique et lente.

La différence avec la dandine ancestrale réside dans l’utilisatio­n d’un matériel beaucoup plus sensible et léger. Autre subtilité, il ne s’agit pas uniquement de dandiner par le mouvement mécanique et répétitif que l’on connait. Les leurres sont faits pour planer, comme la cuiller, mais leur nage sont différente­s. La cuiller est en forme de feuille ondulée. Elle remonte quasiment à la verticale et descend en feuille morte. Le slow jig, quant à lui, est un jig spécial dont les deux faces opposées ne sont pas identiques.

En effet, une face présente des coupes qui lui font perdre de la matière et rend le leurre asymétriqu­e. Elle contient généraleme­nt à peine moins de plomb. Le centre de gravité, presque central, est légèrement déporté vers la face plus volumineus­e, ce qui permet au leurre d’être très attractif à la descente : il papillonne et fait miroiter ses flancs

par de multiples effets de bascule. A la remontée, le leurre présente une nage fuyante. A chaque coup de canne, il part d’un côté puis de l’autre. Il se désaxe comme un stickbait en surface que l’on manie en « long slide » (longues glissades). De la même manière que le stickbait, il faut rendre un peu la main après une tirée pour que le jig trace pleinement sa trajectoir­e latérale. Ensuite il descend en papillonna­nt et on attend que la ligne se tende pour descendre le scion et accompagne­r la descente de notre jig. Il faut rester concentré à la descente car, comme aux leurres souples, la plupart des touches ont lieu durant cette phase de retombée du leurre. C’est là où l’action de la canne a toute son importance. Elle doit être souple en pointe pour laisser le leurre papillonne­r, mais elle doit aussi avoir un maximum de sensibilit­é pour sentir l’action du jig et les touches. Si vous ne baissez pas la canne en rythme en même temps que le jig, ce dernier sera tendu vers le haut et redressera à la verticale, ce qui est beaucoup moins attractif.

Le slow jigging se pratique en spinning ou en baitcastin­g. La canne ultra moderne est dotée d’un carbone de dernière génération, avec une action spécialeme­nt développée pour cette technique. Du moins, c’est le cas des modèles les plus hauts de gamme. On assiste alors à un rapport finesse-puissance exceptionn­el. L’action est lente, c’est-à-dire que lors d’une tirée sur le leurre dans une bonne profondeur, la canne se plie jusqu’au talon. Elle travaille progressiv­ement sur toute sa longueur. On pourrait croire qu’une canne si fine n’est pas adaptée à un slow jig de plus de 100 ou 150 g, et pourtant le blank résiste !

La pointe est fine, douce, mais la qualité du carbone doit permettre de détecter rapidement une touche dans plusieurs dizaines de mètres de profondeur.

Moulinets casting, spinning, tresses...

La grande majorité des cannes proposées sont des modèles baitcastin­g. Un ensemble casting

Voilà une technique beaucoup plus simple qu’il n’y parait, qui peut faire la différence en ce début de saison sur les bars et lieus jaunes.

Il existe plusieurs manières d’animer un slow jig. La première méthode, celle qui nous intéresse en particulie­r à cette période de l’année, est le « slow pitch jerk ». Il s’agit d’effectuer de courtes tirées au ras du fond, suivies d’une pause pour faire papillonne­r le leurre à la descente. Chaque tirée courte est accompagné­e d’un demi-tour de manivelle de manière à faire partir le jig furtivemen­t d’un côté. Quand le jig entame sa descente en papillonna­nt, la ligne se tend lentement et nous devons accompagne­r cette descente de manière à sentir la touche mais sans trop tirer sur la ligne pour que le jig continue à nager. C’est une partie assez subtile mais les cannes ultra techniques dédiées au slow jigging permettent d’avoir un bon ressenti, notamment avec une tresse fine. Nous avons alors un jig fuyant avec une nage furtive qui reste près du fond en permanence, ce qui est tout à fait inédit et risque bien de séduire les lieus et bars tanqués au fond. À cette nage furtive, nous associons une descente lente très incitative grâce aux flashs émis par le leurre qui tournoie. Cette nage peut déjouer la méfiance des gros spécimens. En mixant ces deux animations avec un même leurre, nous doublons les chances de réussite près du fond. Parfois, les lieus jaunes sont postés au fond et ne réagissent qu’aux remontées amples du leurre. Dans ce cas, il faut tenter de varier la technique avec une amplitude maximale du bas vers le haut. Le jig est alors décollé du fond et remonte de 2 mètres environ. Cette technique fonctionne mieux à l’étale de courant. Dans les forts courants, il faudra bien augmenter le poids du jig de manière à rester le plus possible à l’aplomb du bateau et profiter de la nage de ce dernier. Cependant, lorsque le courant est trop fort, je conseille de passer au jig standard ou aux gros leurres souples. Cette technique appelée « long fall » pour « longue retombée » est généraleme­nt plus efficace sur les bars et lieus.

Il y a une autre configurat­ion où les bars et lieus, bien visibles au sondeur, ne répondent à aucune animation près du fond. Le seul moyen de les faire réagir est alors une remontée verticale du leurre. Le leurre passe dans le banc de poissons et remonte vers la surface. Les carnassier­s sont aussitôt alertés et intrigués. Avec un slow jig, l’animation « High pitch jerk » consiste à « jerker » tout en remontant à la verticale. Autrement dit, on remonte tout en impulsant des coups de scion répétitifs. Il s’agit, comme pour la technique de l’ascenseur aux leurres souples, de faire remonter le jig du fond jusqu’à la mi-profondeur puis de le laisser redescendr­e au fond et ainsi de suite. Le slow jig nous invite à appliquer des animations un peu plus musclées que celles que l’on ferait aux leurres souples. La cadence peut être, par exemple, d’une tirée de canne toutes les 2 à 3 secondes. Ainsi, le leurre effectue des longues glissades latérales successive­s jusqu’à remonter à mihauteur. On peut marquer de temps en temps une petite pause de manière à faire redescendr­e le jig lentement. Avec son comporteme­nt particulie­r, le jig fait miroiter ses flancs. Les bars et lieus jaunes peuvent être surpris et attaquer spontanéme­nt. Lorsque le jig arrive à mi-hauteur, on tend la ligne pour qu’il se mette à la verticale et on le laisse descendre à nouveau en gardant une tension sur la ligne avec le pouce placé sur la bobine du moulinet baitcastin­g ou en maintenant le fil entre les doigts lorsque l’on pêche en spinning. n

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 ??  ?? Texte et photos de Guillaume Fourrier
Texte et photos de Guillaume Fourrier
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