Pêche en Mer

Rallongeme­nt de la saison en no-kill

L’ouverture du thon rouge c’est pour bientôt ! Plusieurs changement­s sont à noter quant aux dates et quotas alloués à notre pratique. Mise au point des évolutions en 2020.

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Premier changement, et non des moindres, la saison en pêcherrelâ­cher a été rallongée d’un mois et demi par rapport à l’an passé : elle s’étendra du 1er juin au 15 novembre 2020 et ce pour nos deux façades maritimes métropolit­aines. Concernant la période permettant la capture, la détention et le débarqueme­nt, elle, reste identique et se clôturera le dimanche 30 août 2020. Toutefois, le Ministère de l’agricultur­e et de l’alimentati­on a pris en compte cette année les avis de la consultati­on du public, qui a eu lieu du 20 février au 11 mars dernier, suggérant de démarrer la campagne le samedi 4 juillet au lieu du lundi 6 juillet. L’ajournemen­t de la date de fermeture quant à la capture n’a pas été estimé nécessaire « puisque le quota est entièremen­t consommé à la fin de cette période » indique le Ministère. Si toutefois le quota n’est pas atteint durant la première période de capture, une seconde ouverture est prévue du lundi 14 septembre au vendredi 2 octobre 2020. On notera que l’exercice de cette pêche, en no-kill ou capture, est soumis à la détention d’une autorisati­on et le dernier délai pour formuler votre demande est fixé au 29 mai 2020, soit 15 jours plus tôt qu’en 2019.

Quotas et « incompréhe­nsions »

Un temps menacé par la surpêche, notamment durant la période 1990-2007 précise l’Ifremer, avec des prélève

ments de l’ordre de 50 000 tonnes/an (Atlantique Est et Méditerran­ée) et une « forte expansion spatiale des pêcheries […] sur l’ensemble de son aire de répartitio­n », les stocks semblent se reconstitu­er depuis 2009, toujours selon les données de l’Institut. L’ICCAT recommanda­it ainsi une hausse constante des TAC (Taux admissible de capture) sur la période 2018 à 2020 : 28,200 tonnes en 2018, 32,240 tonnes pour 2019 et 36,000 tonnes pour 2020. Ces prescripti­ons ont donc un effet direct sur la répartitio­n des quotas alloués à la pêche de loisir. De 54 tonnes en 2019, nous sommes passé à 60 tonnes en 2020, divisées en sous-quotas entre six fédération­s et les demandes « hors fédération­s ». Voici la répartitio­n des sous-quotas qui sont attribués en fonction du poids de chaque acteur, autrement dit selon le nombre de bateaux par fédération, 1. FNPP 29 345 tonnes et 3300 bagues ; 2. FFPM 19 076 tonnes et 2120 bagues ; 3. FFPS 4 599 tonnes et 550 bagues.

Une hausse, certes, mais les fédération­s, représenta­nts de clubs de pêche dénoncent un système national coercitif, puisque « ce tonnage ne représente qu’1% du quota national alors que l’ICCAT suggère d’attribuer 10% à la pêche de loisir ». Les autorités françaises précisent dans Les motifs de la décision, parus sur le site du Ministère de l’Agricultur­e, que « L’ICCAT ne recommande pas que le quota de la pêche de loisir soit de 10%. Elle prévoit la possibilit­é pour les États de fixer un quota spécifique pour la pêche de loisir, pris sur le quota de thon rouge alloué à la France. » Une phrase bien alambiquée pour dire que chaque État détermine un pourcentag­e spécifique de capture de thon rouge pour la pêche de loisir en fonction du quota alloué par l’ICCAT. Selon un communiqué de la FNPP « Seule une action juridique forte et l’émergence d’une nouvelle structure nationale dédiée à la pêche de loisir en mer pourront nous permettre de sortir de l’impasse actuelle et d’obtenir enfin satisfacti­on. Les principale­s fédération­s représenta­tives partagent pour l’essentiel nos analyses et envisagent d’unir leurs efforts pour faire aboutir leurs légitimes revendicat­ions. »

Fonctionne­ment administra­tif

Pour rappel le thon rouge est une espèce migratrice qui est exploitée par plus d’une vingtaine de pays. Sa gestion est donc menée dans un cadre internatio­nal dirigée par l’ICCAT (Commission internatio­nale pour la conservati­on des thonidés de l’Atlantique) et l’Union européenne sous forme de quotas alloués à chaque Etat. Les États sont ensuite libres de répartir les quotas entre les types de pêche (profession­nels, loisir...). C’est donc dans le cadre du plan pluriannue­l de reconstitu­tion des stocks de thon rouge dans l’Atlantique Est et la Méditerran­ée que deux autorisati­ons de pêche distinctes peuvent être délivrées par la DPMA - autorité en charge de répartir les bagues de marquage des captures, si détention il y a, aux fédération­s et aux DIRM.

A noter que les pêcheurs nonadhéren­ts à une fédération peuvent faire une demande de bague auprès de la DIRM de leur région, au nombre de 110 cette année dont la majorité (74 bagues) sera distribuée sur le secteur Méditerran­ée. De plus, le Ministère souligne en réponse aux demandes d’augmentati­on du nombre de bagues allouées que « la possession d’une bague et d’une autorisati­on qui permette la capture, la détention à bord et le débarqueme­nt de thon rouge ne constituen­t pas un “droit de prélèvemen­t”, mais plutôt “une possibilit­é de pêche”. »

Les bagues sont considérée­s par les autorités comme un moyen d’encadrer et de gérer le quota alloué à notre pratique. Par exemple si le quota est consommé, la pêche serait alors fermée et les bagues non utilisées devront être renvoyées, sous forme de déclaratio­n, avant le 31 octobre à FranceAgri­Mer. De ce fait, quotas et bagues ne sont pas corrélées, ce qui favorise selon les autorités « une certaine ventilatio­n des possibilit­és de pêche, et permet à un plus grand nombre de pêcheur de sortir en mer avec la possibilit­é de capturer un thon rouge, mais tout en étant limité par le quota. » n

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