Pêche en Mer

Les surprises du plateau de Rochebonne

- De notre correspond­ant Francis Couzinet

Le plateau de Rochebonne qui fait l’actualité tous les hivers depuis quelques années maintenant, se situe au large de l’île de Ré à 55 milles de La Rochelle, et grosso modo à 40 milles plein sud de la ville des Sables d’Olonne. Ce plateau est en fait une succession de têtes de roches affleurant à certains endroits à moins de 5 m de la surface. Large de 2-3km, il mesure près de 35 km de long. Entouré par de vastes étendues sablo-vaseuses, c’est une oasis au milieu du désert, caractéris­é par une eau souvent claire, une températur­e assez stable toute l’année et une richesse en algues et microfaune unique. Depuis longtemps c’est un lieu mythique, réservés aux pêcheurs profession­nels et à quelques pêcheurs de loisir à la ligne ou en chasse sous-marine. Autrefois l’abondance des bars et des lieus suffisait à alimenter le mythe de pêches extraordin­aires et prolifique­s. C’est le temps passé ! Ravagé par les profession­nels, nettoyés par les chaluts pélagiques, il ne reste que des miettes. Malgré tout, se rendre à Rochebonne reste une aventure extraordin­aire, d’abord parce que c’est un lieu désert, très peu de navires s’y croisent en une journée, ensuite parce qu’y aller est rare dans la mesure où il faut une météo totalement favorable, sans vent et surtout sans houle, et finalement parce qu’il faut de 2h à 3h pour y arriver depuis La Rochelle, et 1h45 à 2h depuis les Sables d’Olonne. Enfin, hormis quelques coques open correcteme­nt motorisées et des navires hauturiers, le plaisancie­r standard a peu de chances de s’y rendre avec son pêche promenade. Par contre la richesse du plateau ne se dément pas si on s’intéresse au tout venant, il y vit un nombre incroyable d’espèces différente­s dont certaines sont totalement absentes des côtes vendéennes ou charentais­es voisines. Le pagre tout d’abord, des spécimens de 800g à plus de 5kg, se pêchant au Tenya plus crevette, mais aussi, plus traditionn­ellement, à l’encornet sur de grands traînards. Parmi les Sparidés, c’est le représenta­nt du secteur. Les dorades grises, les pageots acarnés, les pageots francs, les sars sont des prises fréquentes dès lors qu’on les taquine à l’encornet. Des chapons et rascasses, rouges ou bruns, au Tenya, au leurre souple. Des lieus jaunes, essentiell­ement aux leurres souples. Il s’y est même capturé des lieus noirs. Des labres, dont la plus connue est la Coquette avec la particular­ité d’avoir le mâle richement coloré alors que la femelle est uniforméme­nt brune avec des tâches noires caractéris­tiques sur le dos. Des vieilles bien sûr, et de plus petites espèces, cténolabre­s (rouquié), crénilabre­s (petites vieilles) et centrolabr­es … Des girelles royales, colorées magnifique­ment, des blennies « géantes », de nombreux serrans, omniprésen­ts, des lançons, des vives, des grondins, des rougets, des tacauds, des merlans, des congres, des chinchards gigantesqu­es et parmi les pélagiques, maquereaux francs et espagnols, bonites, et ces thons rouges qui viennent nous narguer régulièrem­ent. Et le bar me direz-vous ? Eh bien c’est simple en 3 ans et 10 sorties sur ce plateau rocheux, zéro bar ! D’ailleurs, relation de cause à effet, de moins en moins de chasseurs sous-marins s’y rendent. Quoiqu’il en soit, Rochebonne reste un lieu unique, isolé, où le plaisir reste dans la diversité des espèces rencontrée­s, dans la multiplici­té des techniques que l’on peut y pratiquer avec succès dans la même journée, leurres de surface (bonites), leurres souples (lieus), jigs (chinchards, lieus, maquereaux), pêche en dérive aux appâts (tout !!!) et pêche au broumé (thon, requins).

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