Les surprises du plateau de Rochebonne
Le plateau de Rochebonne qui fait l’actualité tous les hivers depuis quelques années maintenant, se situe au large de l’île de Ré à 55 milles de La Rochelle, et grosso modo à 40 milles plein sud de la ville des Sables d’Olonne. Ce plateau est en fait une succession de têtes de roches affleurant à certains endroits à moins de 5 m de la surface. Large de 2-3km, il mesure près de 35 km de long. Entouré par de vastes étendues sablo-vaseuses, c’est une oasis au milieu du désert, caractérisé par une eau souvent claire, une température assez stable toute l’année et une richesse en algues et microfaune unique. Depuis longtemps c’est un lieu mythique, réservés aux pêcheurs professionnels et à quelques pêcheurs de loisir à la ligne ou en chasse sous-marine. Autrefois l’abondance des bars et des lieus suffisait à alimenter le mythe de pêches extraordinaires et prolifiques. C’est le temps passé ! Ravagé par les professionnels, nettoyés par les chaluts pélagiques, il ne reste que des miettes. Malgré tout, se rendre à Rochebonne reste une aventure extraordinaire, d’abord parce que c’est un lieu désert, très peu de navires s’y croisent en une journée, ensuite parce qu’y aller est rare dans la mesure où il faut une météo totalement favorable, sans vent et surtout sans houle, et finalement parce qu’il faut de 2h à 3h pour y arriver depuis La Rochelle, et 1h45 à 2h depuis les Sables d’Olonne. Enfin, hormis quelques coques open correctement motorisées et des navires hauturiers, le plaisancier standard a peu de chances de s’y rendre avec son pêche promenade. Par contre la richesse du plateau ne se dément pas si on s’intéresse au tout venant, il y vit un nombre incroyable d’espèces différentes dont certaines sont totalement absentes des côtes vendéennes ou charentaises voisines. Le pagre tout d’abord, des spécimens de 800g à plus de 5kg, se pêchant au Tenya plus crevette, mais aussi, plus traditionnellement, à l’encornet sur de grands traînards. Parmi les Sparidés, c’est le représentant du secteur. Les dorades grises, les pageots acarnés, les pageots francs, les sars sont des prises fréquentes dès lors qu’on les taquine à l’encornet. Des chapons et rascasses, rouges ou bruns, au Tenya, au leurre souple. Des lieus jaunes, essentiellement aux leurres souples. Il s’y est même capturé des lieus noirs. Des labres, dont la plus connue est la Coquette avec la particularité d’avoir le mâle richement coloré alors que la femelle est uniformément brune avec des tâches noires caractéristiques sur le dos. Des vieilles bien sûr, et de plus petites espèces, cténolabres (rouquié), crénilabres (petites vieilles) et centrolabres … Des girelles royales, colorées magnifiquement, des blennies « géantes », de nombreux serrans, omniprésents, des lançons, des vives, des grondins, des rougets, des tacauds, des merlans, des congres, des chinchards gigantesques et parmi les pélagiques, maquereaux francs et espagnols, bonites, et ces thons rouges qui viennent nous narguer régulièrement. Et le bar me direz-vous ? Eh bien c’est simple en 3 ans et 10 sorties sur ce plateau rocheux, zéro bar ! D’ailleurs, relation de cause à effet, de moins en moins de chasseurs sous-marins s’y rendent. Quoiqu’il en soit, Rochebonne reste un lieu unique, isolé, où le plaisir reste dans la diversité des espèces rencontrées, dans la multiplicité des techniques que l’on peut y pratiquer avec succès dans la même journée, leurres de surface (bonites), leurres souples (lieus), jigs (chinchards, lieus, maquereaux), pêche en dérive aux appâts (tout !!!) et pêche au broumé (thon, requins).