Pêche en Mer

L’avarice

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Je vais aller à contrecour­ant d’une bonne conduite morale en louant l’avarice. Pas celle qui consiste à garder pour soi ses petits secrets techniques par exemple, mais celle qui permet d’avoir une forme de discrétion pour conserver ses coins de pêche. En effet, les très bons postes sont découverts souvent au prix d’une curiosité insatiable, d’efforts physiques ou d’une quête très personnell­e qui demande une volonté à toutes épreuves. Ange Porteux, toujours lui, ne sortait pas la canne du coffre de sa voiture s’il se sentait expié ou observé. Certains allaient même jusqu’à employer une paire de jumelle pour mieux le localiser. Car il ne faut pas croire, même un grand linéaire de côte ne protège jamais totalement d’un regard envieux. Ensuite, l’informatio­n peut se répandre très vite à cause du bouche à oreille. A ce propos, j’ai une petite anecdote à vous conter. Elle m’a fait comprendre d’un coup l’adage qui dit que le silence est d’or. Elle date de quelques années maintenant. J’avais réalisé une très belle pêche en sortant de l’eau deux très jolis bars de trois kilos en moyenne, un matin d’automne. Encore crédule, je raconte ma belle aventure au responsabl­e du rayon leurre du magasin de pêche le plus proche. Le lendemain, ayant fini ma pêche du matin, je croise un pêcheur. Comme souvent, une discussion s’amorce sur les résultats de notre session commune. J’étais bredouille. Lui aussi mais il m’apprend (ce qu’il croît) qu’un pêcheur a sorti de l’eau deux très gros bars en précisant parfaiteme­nt le lieu en question. ll s’y était rendu mais avait renoncé à pêcher devant le nombre de pêcheurs qui avaient pris d’assaut ce poste. Ce qu’il ne savait pas, c’est que ce pêcheur, c’était moi... En fait, je n’y suis plus retourné de la saison.

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