Le tramail incontournable au large
Il existe plusieurs familles de filets, les cylindriques, les coniques, les circulaires, les carrés qui se partagent entre eau douce et eau de mer. Si la Senne et l’Araignée, filets destinés à l’écrevisse, font partie de la famille des filets rectangulaires, celui qui est le plus connu y appartient également, le Tramail. Puisque nous évoquons ici l’unique pêche récréative, le Tramail, parfois appelé Trémail, est aussi le seul à imposer impérativement un bateau. Car il s’agit d’un filet qui se pose au petit large sur quelques mètres de profondeur. Son appellation tient au fait qu’il est formé de trois rangées ou rideaux de mailles qui sont inégales. Quand un poisson se prend dans les mailles, il lui est impossible d’en ressortir. Ainsi mieux vaut ne pas hériter d’un congre qui va saccager le filet en tentant, en vain, de s’évader.
Un filet tramail composé de nylon monofilament cristal ou polyamide et censé être invisible ne peut excéder une longueur de 50 m pour une hauteur de 2 m. Pour être opérationnel, il comprend deux bouées ou deux perches qui seront fixées à chaque extrémité du filet et reliées à ce dernier par un bout dont la longueur sera laissée à l’appréciation du pêcheur. Mais si votre filet est posé à marée basse sur 3 mètres de fond, il vous faudra une quinzaine de mètres de bout de chaque côté compte tenu des marées et de la hauteur d’eau. Un tramail comprend sur sa partie haute une ralingue ou une tresse flottante qui maintiendra ce filet, tendu dans l’eau, vers la partie proche de la surface. La partie basse du filet comprendra, également sur toute sa longueur, une tresse plombée qui permettra au filet de reposer sur le fond durant toute la pêche. Par le biais de pattes d’oies, les deux parties du filet, la haute et la basse, seront solidement arrimées à deux gros lests, ancres ou gueuses qui le maintiendront en place malgré le courant.
Poser un filet n’est pas trop complexe. On dispose le tramail bien rangé comme on le ferait avec un parachute dans un grand bac situé à l’arrière du bateau. On jette la première perche, ou bouée, puis l’ancre et on déroule progressivement le filet en prenant soin qu’il n’accroche pas le moindre obstacle sur le bateau. Le déploiement se fait en fonction de la dérive et du vent de façon à ce que le filet se tende toujours dans le sillage de cette dérive, par l’arrière avec un inboard, sur le côté avec un hors bord. Avant de mettre à l’eau la deuxième perche ou bouée et son lest, on tend au maximum le filet. La remontée sera un jeu d’enfant (ayez toujours une gaffe à bord) mais, là encore, il faudra respecter le sens du courant ou du vent afin que le filet ne passe pas sous l’embarcation.
On pose un filet sur des surfaces planes, sable, galets, roches plates mais surtout pas dans des endroits faits de dentelles rocheuses. La proximité des tombants est parfaite. On évitera les lieux de passages réguliers de bateaux, les grands coefficients porteurs de nombreuses algues de même que les lendemains de coups de vent pour les mêmes raisons. On pose le filet le soir avant le coucher du soleil et on le relève le matin, au lever du jour.
L’utilisation du tramail permet de séduire avant tout des poissons plats comme la sole, les plies, les raies (attention aux torpilles sur le sable), mais aussi des mulets, des vieilles, grondins, les inévitables tacauds et quelques autres dont les bars qui sont depuis peu condamnés à... éviter à tout prix ce piège (voir par ailleurs). Le tramail est aussi un excellent moyen pour prélever les araignées, dormeurs et étrilles au bord des roches. Mais il faudra être patient pour tout démêler.