Pêche en Mer

« Le leurre est armé d’hameçons solides, le frein est réglé dur, l’échouage de ce bar est un jeu d’enfant. »

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frein est desserré, le ferrage sera raté, et le poisson décrochera au premier coup de tête, ou ne sera pas ferré du tout. Et avec un frein trop serré alors que le leurre est armé de petits hameçons, soit ces derniers vont s’ouvrir dès le début du combat, soit le petit morceau de chair qui retient le poisson va se briser en très peu de temps, libérant ainsi ce qui aurait dû être la prise du pêcheur. Pour éviter cela, il faut avoir une vision d’ensemble et n’omettre aucun paramètre.

que lorsque le matériel ne peut pas suivre, par exemple lorsqu’on utilise de petits hameçons. Mais à chaque fois que c’est possible, c’est le combat en force qui maximise la réussite. Première règle : si vous avez du matériel solide, choisissez l’option du combat en force. Moins un poisson passe de temps dans l’eau, moins il risque de se décrocher. Beaucoup de gens ignorent ainsi que le combat en force est généralisé dans de nombreuses activités halieutiqu­es, par exemple la pêche sous les tropiques ou encore la pêche du black-bass en concours. Pour moi qui ai l’habitude de pêcher le peacock-bass ou les carangues, le combat en force est devenu une seconde nature, mais pour beaucoup de pêcheurs français, il y a une certaine appréhensi­on à tirer sur un poisson. Pour oublier cette appréhensi­on, je vous propose de considérer l’exemple du blackbass, qui sous bien des points de vue, rappelle le bar.

Le black-bass est un poisson carnassier d’eau douce de la famille des Centrarchi­dés, une famille assez proche anatomique­ment de celle du bar, les Moronidés. Le comporteme­nt de chasse est également similaire, le blackbass étant un peu le bar des eaux douces. Sauf que, avec le blackbass, les problèmes durant le combat, et notamment le risque de décrochage, sont décuplés. Lorsqu’un black-bass sent qu’il est ferré, il monte dans la colonne d’eau, et effectue en surface une superbe chandelle, gueule grande ouverte. Si vous n’avez pas couché la canne et mouliné très rapidement, le ventre de la ligne associé aux hochements de la tête du poisson hors de l’eau provoque un balancemen­t du leurre dans la gueule et un décrochage immédiat. Il faut donc au minimum mouliner à grande vitesse, frein serré, pendant cette montée du poisson, ou encore mieux, « sécher » le poisson avant qu’il ait pu faire le moindre mouvement. Évidemment, le matériel doit suivre, et les pêcheurs de black-bass n’hésitent pas à utiliser de très gros hameçons simples et une ligne très résistante. Le poisson est treuillé canne basse puis levé d’autorité. Il arrive dans le fond du bateau avant d’avoir compris ce qui lui arrivait. Cela peut paraître un peu exagéré pour celui qui n’a jamais vu une telle scène, mais c’est pourtant la meilleure façon d’assurer la prise d’un black-bass.

Revenons maintenant à l’exemple du bar au leurre de subsurface. Non seulement, comme pour le black-bass, il faudra éviter le décrochage du bar, mais en plus, il faut considérer l’environnem­ent qui est souvent très hostile pour la ligne. Car en mer, il y a des rochers…

Souvent, lorsqu’on pêche au leurre de subsurface, on prospecte les abords des rochers, dans des fonds peu importants, en général inférieurs à 5 mètres. Cela veut dire qu’il est très aisé, pour un gros bar, de descendre dans la colonne d’eau et d’aller couper la ligne contre les arrêtes rocheuses. Pour éviter cela, il faut un matériel permettant de brider le

poisson. Et je vous conseille donc, à chaque fois que c’est possible, d’utiliser un matériel solide et de gros leurres munis de gros hameçons. Alors bien sûr, ce n’est pas toujours possible. Imaginez que, un jour, les bars chassent dans les sprats et semblent refuser des leurres volumineux, préférant des imitations plus exactes de l’espèce chassée. Il faut alors sortir un petit stickbait imitant un sprat, et bien entendu, ces petits leurres sont armés d’hameçons eux-aussi de petite taille, car un armement trop lourd empêcherai­t le délicat stickbait de nager. Le pêcheur devra s’adapter et régler son frein en conséquenc­e.

Et voici donc la deuxième règle : pour tout changement de leurre, le frein sera réglé le plus dur possible, au maximum des capacités du matériel utilisé, mais sans les dépasser ! Car comme je l’ai dit plus haut, le mauvais réglage entraînera un décrochage quasi-immédiat. Il faut donc connaître avec exactitude la tension que peuvent supporter les hameçons d’un leurre.

Et d’une façon générale, il faut pouvoir estimer la résistance de tous les éléments de son matériel. On prendra soin de ne rien oublier, de considérer l’élément le plus fragile, et de ne pas dépasser sa résistance. Cela s’apprend avec la pratique. Et bien sûr, quand tout est solide et homogène, c’est plus facile ! Celui qui connaît parfaiteme­nt ses leurres et a l’habitude de combattre des poissons saura, simplement en tirant sur la ligne, si le frein est trop serré ou non.

Les bars étaient tatillons et attaquaien­t du bout du museau. Avoir un frein bien serré permet d’optimiser la pénétratio­n des hameçons dans de telles situations. permet de bloquer net un bar de plusieurs kilos.

Si vos leurres de subsurface sont équipés d’hameçons simples de taille moyenne (2/0) ou de triples numéro 1/0 à 2, le réglage sera relativeme­nt fort, mais devra permettre au poisson d’effectuer un départ sans être stoppé net. Si vous serrez un peu trop le frein avec un tel armement, le poisson se décrochera au premier départ. Enfin, si vous utilisez de petits stickbaits de subsurface, et notamment s’ils sont munis de leur armement d’origine (souvent très fragile) il faudra desserrer votre frein, au point que, cette fois, la ligne sorte facilement du moulinet lorsque vous tirez dessus. Voilà les trois réglages de base. Évidemment, cela implique que tout le matériel soit pensé afin de pouvoir effectuer ces trois réglages, et les trois types de combat qui vont avec : le combat en force, le combat modéré, et le combat en souplesse. Pour cela, je vous donne la liste du matériel que j’utilise : concernant la canne, j’utilise uniquement des modèles en composite, quasiment incassable­s, mais relativeme­nt légers et précis, plutôt d’action de pointe.

Pour le moulinet, le moyen de gamme suffit (on ne pêche pas la carangue), par exemple chez Shimano ou Daiwa. Mais il existe d’excellents moulinets similaires chez d’autres fabricants. Pour la tresse, la résistance devra être d’au moins 15 kilos, et une résistance de 20 kilos ne gêne aucunement pour la pêche aux leurres de subsurface. Avec ces leurres denses et volumineux, on lance très loin même avec une tresse de fort diamètre.

Pour la tête de ligne, un nylon 35 à 50 centièmes sera parfait, en choisissan­t le plus fort diamètre lorsqu’on pêche dans les obstacles. Ceux qui vous disent que les gros diamètres empêchent le bar de mordre n’ont simplement

jamais fait l’expérience de leur utilisatio­n.

Enfin, pour les armements des gros leurres, je change en général les hameçons d’origine pour des modèles haut de gamme. Je prends soin d’utiliser des anneaux brisés et des agrafes qui résistent à 40 kilos. Bien souvent je préfère même ne pas utiliser d’agrafe, en nouant la tête de ligne directemen­t sur le leurre, ce qui élimine un point faible. Avec cet équipement, tout est possible. Si je veux utiliser un petit leurre, je desserre mon frein, et comme les leurres de subsurface sont très denses, même un petit stickbait est envoyé à grande distance avec aisance. Pour les gros leurres, dans un environnem­ent encombré, je peux bloquer le frein et empêcher le poisson de prendre le moindre centimètre de fil. Au passage, ceux qui n’ont jamais vu un tel combat avec un gros bar seraient sûrement étonnés de constater à quel point cela fonctionne. Le principe est d’empêcher le bar de se retourner, il ne doit pas pouvoir nager. Pendant tout le combat, la tension doit être telle que le gros poisson reste gueule face au pêcheur, ne pouvant effectuer que des hochements de tête, pendant son avancée inexorable vers le bord ou le bateau. Et ne croyez pas que le combat soit gâché. Au contraire, les sensations sont énormes, et les coups de tête dans la canne sont splendides. Visuelleme­nt, c’est une apothéose quand le poisson arrive en pleine forme jusqu’au pêcheur, dans de grandes gerbes d’eau. Si vous pêchez du bord, un armement fort et un frein serré permettent un échouage aisé. Si vous pêchez en bateau, il ne faut pas hésiter à amener le poisson dans l’épuisette sans interrompr­e le combat, et en utilisant la vitesse de récupérati­on. Dans tous les cas, ce sera une splendide expérience halieutiqu­e et un avant-goût d’une partie de pêche sous les tropiques. Pour conclure, j’ajoute qu’il est inutile de changer le réglage du

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