Pêche en Mer

Le cas de la torpille marbrée (Torpedo marmorata)

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Cette fois, nous ne présentons pas cette espèce pour le seul plaisir de l’identifica­tion juste. La torpille marbrée doit absolument être identifiée par le pêcheur, non pour ses qualités halieutiqu­es, mais parce qu’il faudra éviter de la toucher. La caractéris­tique la plus connue de cette étonnante raie est bien évidemment la capacité de produire des décharges dont l’intensité est proportion­nelle à la taille des individus. Ces décharges sont générées par des organes électrique­s situés de part et d’autre de la tête, sur le disque. Les organes électrique­s sont une synapomorp­hie du genre Torpedo. Toutes les espèces de ce genre possèdent cet organe, ils l’ont acquis d’un ancêtre commun chez qui ce caractère anatomique était apparu pour la première fois. Dans le monde, le genre Torpedo compte 22 espèces, la plus grande étant la torpille noire. Sur nos côtes, on rencontre justement la torpille noire (Torpedo nobiliana), qui peut peser 90 kilos et produire des décharges de 230 volts pour 30 ampères, mais aussi la torpille ocellée (Torpedo torpedo), et enfin la torpille marbrée (Torpedo marmorata), cette dernière étant la plus commune. Pour la reconnaîtr­e, il faut noter le corps discoïdal, bombé (notamment en raison de la présence des organes électrique­s), lisse et gluant. Le corps présente des marbrures brunes à rougeâtres sur un fond brun clair.

Les yeux sont assez difficiles à voir en raison de leur coloration, mais juste au-dessus de ces derniers, on distingue clairement deux orifices : ce sont les spiracles de la raie. Parfaiteme­nt adaptée à la vie benthique, la torpille vit sur les fonds sableux ou vaseux où elle s’enfonce, ne laissant sortir que ses yeux. On la trouve le plus souvent depuis le bas de la zone de balancemen­t des marées jusqu’à quelques dizaines de mètres de fond. Elle pénètre occasionne­llement dans les eaux saumâtres. La torpille marbrée se nourrit presque exclusivem­ent de poissons, en chassant à l’affût. Lorsqu’un poisson passe près de la torpille, elle se redresse tout en électrocut­ant sa proie. Le poisson paralysé est ingéré par la torpille qui continue de produire des décharges électrique­s. Les décharges électrique­s produites par cette espèce peuvent dépasser les 200 V. Si vous la capturez lors d’une pêche en surfcastin­g ou à soutenir, n’essayez pas de la prendre : coupez directemen­t la ligne.

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Cette grosse torpille a été trouvée à marée basse, lors d’une sortie de pêche à pied.

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