Pêche en Mer

Des raies à ne pas confondre

Le pêcheur français rencontre fréquemmen­t des espèces de raie au bout de sa ligne, notamment lorsqu’il pêche en surfcastin­g. Certaines raies de la famille des Rajidés se ressemblen­t beaucoup, et nous allons donc expliquer comment les différenci­er.

- Texte et photos de Arnaud Filleul

Il est important, pour le pêcheur sportif, d’identifier à coup sûr les raies qu’il capture, car certaines espèces sont protégées. C’est notamment le cas de la raie brunette, qui mord fréquemmen­t aux appâts du pêcheur en surfcastin­g. Les raies les plus fréquemmen­t rencontrée­s sur nos côtes appartienn­ent à la famille des Rajidés, une famille de poissons cartilagin­eux à la morphologi­e très homogène. En conséquenc­e, le pêcheur sportif devra être attentif pour différenci­er les espèces. Nous insisteron­s sur les critères d’identifica­tion, mais comme toujours, nous allons commencer par la classifica­tion zoologique.

Les raies appartienn­ent au grand groupe des Chondricht­yens (les poissons cartilagin­eux), comme les requins. On l’oublie souvent mais il y a plus de raies que de requins dans les eaux de la planète

(636 contre 513). Les raies forment le sommet de l’arbre évolutif des poissons cartilagin­eux, ce sont les espèces les plus transformé­es par rapport à l’état primitif. Les raies forment ainsi le groupe des Batomorphe­s. D’un point de vue évolutif, une raie n’est rien d’autre qu’un requin aplati, suite à des millions d’années d’évolution. On remarquera, par exemple, que les requins ont des branchies sur les côtés alors que celles des raies sont situées sous le corps, suite à l’aplatissem­ent de ce dernier. De même, alors que les requins ont une région caudale bien développée, celle des raies est souvent fine et longue, et ne sert plus à la nage. Alors que les requins avancent par des mouvements de la nageoire caudale, les raies utilisent leur corps transformé pour nager. Le disque, c’est-à-dire la zone du corps très aplatie, ondule pour créer une nage qui ressemble davantage à un vol. Les raies ne sont pas des animaux adaptés à la nage rapide, elles passent l’essentiel de leur temps sur le fond. La plupart des raies de nos côtes sont des Rajidés, notamment l’espèce la plus courante, la raie bouclée. La famille des Rajidés est un vaste assemblage qui comprend 287 espèces. On rencontre les membres de cette famille dans tous les océans du monde. Sur nos côtes, les Rajidés comptent dans leurs rangs la raie bouclée, la raie brunette, la raie lisse, la raie douce, mais on n’oubliera pas non plus les grands pocheteaux (les espèces du genre Dipturus) que l’on pêche au large. Notons que les plus anciens fossiles de Rajidés datent du Cénomanien (-95 millions d’années). Tous ces animaux possèdent une anatomie proche : un corps losangique, une queue effilée et une nageoire caudale peu développée.

Toutes les espèces de cette famille pondent des oeufs encapsulés présentant des cornes. Ces oeufs se trouvent fréquemmen­t le long des plages, notamment après des tempêtes. Nous présentero­ns plus en détails les espèces les plus fréquemmen­t capturées en surfcastin­g : la raie bouclée, la raie brunette (cette dernière espèce devant être remise à l’eau car protégée), et la raie lisse. Nous présentero­ns également le cas de la raie-torpille (Cf. encadré), qui appartient à une autre famille, les Torpédinid­és. C’est un poisson assez rare mais qu’il faut absolument savoir identifier pour éviter ses décharges électrique­s. Les raies sont de magnifique­s observatio­ns naturalist­es pour le pêcheur sportif, elles viennent augmenter la richesse spécifique de nos sorties halieutiqu­es, et elles passionner­ont toute personne intéressée par l’évolution des espèces. Leurs ailerons sont par ailleurs délicieux dans l’assiette, mais avec ces espèces, encore plus qu’avec les autres poissons de notre littoral, le pêcheur se souviendra que la remise à l’eau est un beau geste. n

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