Éditorial
Souvent rivaux, parfois ennemis, les deux univers de la pêche française à savoir la pêche professionnelle et la pêche récréative font aujourd’hui face aux mêmes menaces. Nous en parlions dans notre dernière édition, les nombreux projets de parcs éoliens et hydroliens sur le littoral cristallisent autour d’eux les colères du grand monde la pêche. Ainsi, après avoir montré les dents avec un blocus du port de Jersey ultra médiatisé début mai, les pros ont remis le couvert quelques jours plus tard en encerclant à l’aide d’une cinquantaine de navires et ce pendant plus d’une heure l’Aeolus, un bâtiment de 138 m de long sur 38 de large, chargé de poser les fondations du chantier éolien de la baie de Saint-Brieuc. Les images ont fait sensation. Mais ce constat demande toutefois d’aller plus loin dans la réflexion car toute la pêche pro n’est pas vent debout contre ces projets. Les gros navires usines transnationaux, ceux qui sont à l’origine de la défiance des récréatifs et de la petite pêche artisanale, n’ont que faire de ces moulins des mers.
Il s’agit bel et bien de la pêche professionnelle locale. Le calcul est rapide : les locaux doivent faire face à des projets menaçant d’ampleur nationale, voire internationale, et pour lesquels ils n’auront aucun soutien de l’UE. Or, il semble qu’un bateau sur l’eau qui manifeste aura plus de poids qu’un homme avec une pancarte dans la rue. La vision du rassemblement maritime évoqué plus haut a largement été relayée, par les récréatifs sur les réseaux montrant ainsi qu’il n’était pas impossible de voir les mêmes actions menées de notre côté. C’est d’ailleurs ce qu’avaient fait les pêcheurs de loisir marseillais cet hiver à Martigues pour marquer leur opposition à un décret local contraignant pour notre activité faisant là aussi les choux gras de la presse.
En attendant de voir ces possibles grandes réunions navales, c’est l’ouverture de la pêche du thon rouge qui marque pour nous ce mois de juin, amenant avec elle tout un lot de promesse et de revanche sur une saison précédente bien commencée et malheureusement amputée par les restrictions. Et on nous susurre que les thons rouges sont déjà bien présents en Méditerranée… Nous souhaitons donc une excellente ouverture à tous les gros bras et à ceux en passe de le devenir !