Pêche en Mer

Avec Bruno Buchou sur l’île de Noirmoutie­r

- Texte et photos de Jérôme Japa

Ce mois-ci nous allons mêler la pratique à la découverte, en compagnie du local de l’étape, Bruno Buchou, qui plus est compétiteu­r de renom. Les spots et les techniques clés seront ainsi passés au peigne fin par notre guide exclusif et ce dans trois configurat­ions différente­s. Immersion dans ce paradis du surf entre terre et mer.

Outre la pêche à pied, au carrelet ou encore la pêche au leurre, de nombreuses autres techniques sont praticable­s aux quatre coins de l’Ile de Noirmoutie­r. Bruno, notre guide, pêche principale­ment en surfcastin­g depuis le rivage. Cette approche lui permet de cibler pléthore d’espèces comme la royale, le bar ou encore des poissons plus méfiants à l’image du mulet.

1er rendez-vous diurne sur le secteur nord-est

Pour cette première rencontre nous nous donnons rendez-vous au nord de l’île avec pour objectif de pêcher depuis les roches. Nous arrivons sur le poste après quelques minutes de marche et surtout 1h30 avant la basse mer. Nous sommes équipés sobrement de deux cannes en action et un trépied que nous partageron­s. Nos montages sont basiques, j’utilise un traînard d’un peu moins de 2 mètres en 25/100 muni d’un hameçon fort de fer en taille 4 et mon guide utilisera un montage 2 empiles en 30/100, d’un mètre environ. Les appâts ont été ramassés quelques jours en amont sur le Gois : grosses arénicoles et vers tubes seront le menu du jour. Par alternance on changera nos plombs avec un pyramide de 150 gr et un plomb boule coloré de 130 gr pour à la fois pêcher fixe et en dérive car le courant n’est pas trop fort. En effet, le coefficien­t et notamment le poste de pêche nous donnent différente­s alternativ­es pour la présentati­on de nos appâts.

Les premières touches sont belles et bien au rendez-vous. Bruno m’avait annoncé pas mal de petits Sparidés, calibrés entre 23 et 27cm, qui se sont effectivem­ent manifestés en venant goûter nos appâts. Même s’il m’a offert la plus belle place sur le poste (un magnifique couloir qui me permet de tendre ma ligne en amont de la sienne), c’est mon guide qui s’en sort le mieux. Ses touches sont plus faciles à détecter grâce à ses empiles plus courtes.

La marée a renversé et le courant s’intensifie. Les consignes de Bruno sont claires : pêcher la trace de courant (écume blanche sur la surface de l’eau) pour cibler les royales qui s’alimentent dans le courant.

Il ne faudra pas attendre longtemps pour voir un départ digne de ce nom ! C’est certaineme­nt un très beau poisson et il va falloir assurer la manoeuvre dans les derniers mètres car le banc de roches à nos pieds est maintenant immergé.

Le poisson utilise le courant et il n’est pas facile de le brider, nous arrivons sur la zone à risque et Bruno parvient à échouer cette belle royale en s’aidant d’une vague. C’est un beau poisson qui dépasse allègremen­t les 45 cm. Une première prise qui nous donnera plein d’espoir pour la suite. Quelques dizaines de minutes plus tard c’est à mon tour d’enregistre­r une belle tape. Le poisson prend stratégiqu­ement la même direction et fait chanter le frein de mon moulinet. Le combat n’est pas gagné car le poisson se montre plus nerveux et se dirige sur la moulière. Je passe donc de roche en roche pour contourner la ligne de mon guide mais c’est déjà trop tard... l’empile en 25/100 était de toute évidence trop faible pour résister à ce type de poisson sur ce poste escarpé.

2nd rendez-vous nocturne avec un couché pleine magnifique

Le second rendez-vous approche, Bruno me confie avoir eu des échos moyens ces derniers temps mais il en faut plus pour nous décourager.

Cap à l’ouest. Nous arrivons juste avant un magnifique coucher de soleil. Du haut de la dune la vue est somptueuse. Si nous ne prenons pas de poisson au cours de cette session nous nous contentero­ns de ce moment… c’est aussi ça le surfcastin­g, savoir profiter des paysages et se ressourcer au bord de l’océan. Un des meilleurs moyens pour s’évader du « quotidien ». Notre matériel est désormais installé, nous utilisons une large bande de 30 mètres environ pour couvrir le secteur.

Cette fois-ci j’ai opté pour un très

long traînard de 3 mètres dégressif en 35, 30 puis 25/100 pour chercher la discrétion. Bruno fait simple, sur l’une de ses deux cannes, il monte un traînard de 2 mètres en 30/100 et sur l’autre son montage 2 empiles courtes en 30/100. Nous prospecton­s sur plusieurs distances de pêche et Bruno n’hésite pas à placer une canne dans le ressac à peine à 20 m. C’est d’ailleurs à cette distance que le poisson vient s’alimenter avec la luminosité qui fléchit. Ce sont quelques Sparidés qui seront facilement échoués suivis d’une sole d’à peine 30 cm. On discute, on échange et nous prenons une violente touche, le frein est serré cette erreur nous coûtera certaineme­nt un beau poisson qui a ouvert l’hameçon.

On remonte nos trois cannes pour remplacer les appâts et nous continuons notre pêche “dans les bottes” entre 20 et 40 m, les freins sont maintenant ajustés... et rapidement nous prenons une belle tirée qui se soldera par une royale dépassant les 30 cm. La nuit s’installe, les star-light sont en place et les touches se font plus rares. Il est temps de repartir sur une stratégie de prospectio­n : 50 m, 100 m puis le plus loin possible. Le poisson semble s’être éloigné puisque Bruno prend une belle touche sur sa canne de mi-distance et viendra échouer une dame au sourcil d’or d’un peu moins de 40 cm. Cette prise clôturera notre seconde sortie à Noirmoutie­r. Bilan de l’opération, à la nuit tombante, le poisson est venu très près du bord pendant une petite heure une fois la nuit installée et s’est positionné à portée de canne entre 80 et 120 m. Le ver tube, luisant au crépuscule, avec ses reflets irisés, a fait la différence.

3ème rendez-vous : le sud-ouest de l’île

Pour cette dernière rencontre nous avons dû surveiller avec attention les données environnem­entales.

Un léger vent d’ouest avec une bascule nord-ouest à la mi-pêche marquera la date et tant pis pour le ridicule coefficien­t de 35 sur le papier, d’autant que ce faible coefficien­t remettra à plat les fausses vérités à ce sujet.

La houle est marquée mais le faible marnage nous offrira un shore break constant, et se révèlera comme un avantage certain. Bruno reste fidèle à son montage 2 empiles en réalisant un traînard d’une bonne brasse et d’une

empile haute d’une demi-brasse. La particular­ité de son montage réside dans les 2/3 perles phosphos qui agrémenten­t l’empile basse et de la perle flottante colorée de 8 mm qui propose une présentati­on différente de l’appât : « en suspension ».

De mon côté, simplicité oblige, l’unique empile haute d’environ 1 m sans perle est dotée d’un hameçon longue tige N°2, simple mais redoutable.

Nos trois cannes sont armées de couteaux, vers tubes et petites arénicoles. Nous disposons nos cannes tous les 5-10m sur leur pique respectif. Nos yeux sont rivés sur les scions et c’est parti pour une session de 4 heures, soit les deux dernières heures du montant et les deux heures du descendant. Les touches ne se font pas attendre avec des petits bars immédiatem­ent remis dans leur élément. Nous sommes parasités par ces petits et contraints d’allonger la distance. Cette stratégie s’annoncera rapidement payante car j’enregistre moins de touches mais pique de plus beaux poissons, dont un bar franc juste maillé qui rejoindra ses congénères. Nous sommes maintenant à l’étale, et sur les conseils de Bruno nous raccourcis­sons la distance pour venir pêcher juste derrière ce shore break, dans la pente, entre 30 et 40 m.

Une nouvelle fois mon guide me montre le chemin, sa canne se redresse sur son support, le temps de prendre contact et le poisson revire de bord pour secouer de nouveau. C’est piqué, ça combat mais ce n’est pas gagné car dans les derniers mètres le bar prend le travers. Il donne finalement quelques coups de tête avant d’être mis au sec. Nous nous sommes aidés une nouvelle fois d’une vague plus forte que les autres. À la mesure c’est maillé et ça dépasse les 55 cm. Voilà un beau poisson qui clôturera nos trois sorties.

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 ??  ?? Prendre de la hauteur est important pour lancer loin.
Prendre de la hauteur est important pour lancer loin.
 ??  ?? Les yeux rivés sur le scion.
Les yeux rivés sur le scion.
 ??  ?? Belle royale prise à distance.
Belle royale prise à distance.

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