Pêche en Mer

Étape 4 : de Brest à Saint-Nazaire

Entre rencontres humaines incroyable­s et cadres somptueux, la Bretagne n’aura pas démérité sa réputation. Ajoutons à cela une bonne pêche et nous voilà avec une étape plus que réussie.

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Depuis mon arrêt à Brest, je repris la route avec comme ligne de mire Douarnenez, grosse étape de mon aventure. Là-bas, j’ai rendez-vous avec une légende de la pêche, Lannig. Alors peut-être que ce prénom ne vous parle pas, mais sachez que cet homme a été l’un des premiers, avec Ange Porteux, à explorer la Pointe du Raz et ses alentours, en crapahutan­t sur les falaises, cordes à la main canne dans l’autre. Ce gars est une vraie légende pour moi, il fait partie de ces explorateu­rs de la pêche pour qui j’ai un profond respect. On se donna donc rendez-vous dans un café. Je m’attendais à voir un Breton pur souche et je n’ai pas été déçu. Un vrai de vrai, un mec en or ! Le feeling entre nous ne met pas longtemps à passer et après de multiples récits de pêche, nous décidons de nous donner rendezvous sur l’un de ses spots préférés : la Pointe du Raz.

La Pointe du Raz

Le jour J, je suis là et je l’attends de pied ferme. Le point de rencontre est donné au sémaphore de la Pointe du Raz. Le voilà enfin qui arrive, corde sur l’épaule, canne à la main et l’oeil déterminé. Après une rapide vérificati­on de nos affaires, on se met en route direction le bas de la Pointe du Raz. Je le suis à travers les rochers à un rythme effréné et je suis surpris par son énergie, pas mal de jeunes auraient déjà eu des sueurs froides à le suivre de la sorte, dans les falaises. Après une dernière descente en corde, nous y voilà. Le fameux spot de la Pointe du Raz et le spectacle est juste merveilleu­x. Une mer turquoise et agitée, des pointes de roches éparpillée­s brisant le courant, le lieu est magique. Ce qui l’est moins en revanche, c’est la pêche. Une nouvelle fois, je suis confronté à une situation compliquée, autant pour moi que pour Lannig. J’arrive à mettre au sec un seul poisson et malheureus­ement je casse sur un deuxième. Tant pis, je suis regonflé à bloc par cette expérience et cette belle rencontre.

Cap sur les Glénan

La suite du chemin sera synonyme de retrouvail­les. En effet je retrouve Pierre, un ami de longue date, à Penmarc’h. C’était mon binôme à l’époque où j’étais à Angers. Nos chemins se sont séparés lorsque je pris la route du sud et lui de la Bretagne. La distance nous a éloignés. C’est donc un réel plaisir de retrouver un ami perdu de vue lors d’une telle aventure. La fatigue est mise de côté et je suis requinqué. Pour couronner le tout, son compagnon, Tom, est le fils d’une génération de marins-pêcheurs. Je passerai quelques jours avec eux. Avec le père de Tom, je parcours les criées et pars en mer découvrir le métier des ligneurs. C’est avec la tête pleine de souvenirs et le corps réparé que je quitte Penmarc’h et prends la direction de Concarneau.

Ici je suis accueilli par Alexandre Soenen, un pêcheur breton rencontré via les réseaux sociaux. Je vais tirer sur la corde pour rester plusieurs jours chez lui car il y a vraiment de jolies sorties à faire dans sa région. Alors pas de temps à perdre, on grimpe sur son bateau et direction les Glénan, avec en prime à notre bord, Lannig ! Eh oui, ce vieux loup de mer est un très bon ami d’Alexandre, c’est d’ailleurs grâce à celui-ci que j’ai réussi à le rencontrer.

Nous voilà tous les trois réunis sur le bateau d’Alexandre en direction le sud des Glénan pour traquer du lieu, une espèce que je tenais absolument à valider pendant mon voyage. Malheureus­ement ce sera la douche froide, ils seront d’humeur boudeurs ne nous accordant aucune touche. Qu’importe, je validerai cette espèce plus tard, cap sur un autre point GPS pour chercher du bar. Alex va sortir sa botte secrète, et nous dévoiler deux, trois spots pour s’amuser dans les Glénan. Une fois la zone atteinte, la récompense de cette

journée compliquée ne se fait pas attendre : quatre dérives au cours desquelles nous touchons pas moins de 40 poissons. La seconde sortie en mer sera quant à elle bien plus épique et se soldera par un seul poisson pour ma part, mais quel poisson ! Un magnifique bar pris dans une situation bien particuliè­re. En effet, après plusieurs dérives, j’arrive, comme à mon habitude, à tanker mon leurre dans le fond… Me voilà en train de faire l’accordéon avec mon fil pour essayer de déloger le leurre du fond. Quand celui-ci se retire enfin du rocher, je n’ai même pas le temps de reprendre contact avec ce dernier qu’il me semble une nouvelle fois bloqué dans une roche, jusqu’au moment où... je ressens d’énormes coups dans ma canne. Là, pas de doute, ce n’est pas un rocher mais bel et bien un bar. Une belle surprise quand j’y repense, moi qui me voyais tanké dans le fond une seconde fois, je me retrouve avec un magnifique poisson dans les mains.

Et bien sûr Quiberon

Après ces folles aventures aux Glénan, je reprends mon périple pour faire une grosse halte bien plus loin, à Quiberon. Sur le parcours pour rejoindre cet archipel je passe par des paysages hallucinan­ts. Les côtes bretonnes ont conservé leur nature sauvage, ce qui a donné à cette portion du trip une saveur inlassable.

Une fois arrivé sur mon lieu de repos à Quiberon, je vais à la rencontre de Léonard, un pêcheur parisien qui réside aussi à Quiberon et qui en connaît les moindres recoins.

Nous partirons avec son père pour pêcher au large sur une épave. Selon eux, c’était l’endroit où il fallait être pour des poissons record et je n’ai pas été déçu. Deuxième dérive et je casse un monstre. Son père pique un poisson plus que correct, la températur­e est donnée, les gros sont de sortie. Vexé par ce combat mal géré et qui m’a coûté un leurre, on repasse sur la dérive et là jackpot, je suis pendu en quelques secondes. Une chose bizarre cependant me perturbe, le poisson est solide, tient le fond mais ne se bat pas comme un bar, et c’est normal. Une fois le poisson en surface, quelle surprise : c’est un magnifique lieu. Un poisson plutôt inattendu puisque sur cette épave il y en a très peu, d’autant que l’animation appliquée au leurre était presque inexistant­e. Il me l’a donc ramassé littéralem­ent sur le fond. La photo est dans la boîte, on y retourne et les beaux poissons s’enchaînent. Quel plaisir.

En revanche le dernier aura un goût particulie­r. Sur une chasse de dauphins, j’insiste pour pêcher dedans. L’idée consistait à pêcher assez lourd afin de passer rapidement sous les dauphins et de piquer les poissons du fond. L’approche aura été payante car je sors enfin mon lunker. Le tout premier du voyage, un poisson pour lequel je marche tous les jours, la consécrati­on d’une vraie quête. Autant vous dire que celui-ci je ne suis pas prêt de l’oublier. Ce poisson n’aurait jamais atterri au bout de ma ligne sans l’aide de Léonard et de son père, des guides hors-pair !

Une fin éprouvante

Le terme de mon épopée bretonne et de son GR34 seront très éprouvants puisque les estuaires et les détours s’enchaînent. Apercevoir la berge d’en face et devoir faire un détour pour trouver le pont et traverser plusieurs kilomètres plus loin, c’est vraiment éprouvant moralement. Avec du recul, je me demande par moment comment j’ai pu continuer... Certaineme­nt en ayant mis mon cerveau de côté et en marchant comme une machine avec pour objectif SaintNazai­re, la ligne d’arrivée de ce fameux sentier des douaniers. Une fois cette fameuse limite atteinte, l’émotion est forte et la satisfacti­on de même. Pour me réconforte­r, je trouve un compagnon de route juste après le pont de Saint-Nazaire : Émilien, un randonneur qui se lance tout juste dans une pérégrinat­ion avec qui je partagerai deux jours de randonnée en Loire-Atlantique. n

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 ??  ?? Texte et photos de Julien Duffaux
Texte et photos de Julien Duffaux
 ??  ?? L’archipel de Glénan dans toute sa splendeur.
L’archipel de Glénan dans toute sa splendeur.
 ??  ?? Les bars ont montré une belle activité alimentair­e au cours des virées dans l’archipel des Glénan. Sur quatre dérives nous avons touché pas moins de 40 poissons.
Les bars ont montré une belle activité alimentair­e au cours des virées dans l’archipel des Glénan. Sur quatre dérives nous avons touché pas moins de 40 poissons.
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 ??  ?? Mes guides parisiens implantés à Quiberon m’auront fait prendre quelques jolis poissons.
Mes guides parisiens implantés à Quiberon m’auront fait prendre quelques jolis poissons.
 ??  ?? Spot unique en France où l’accès se fait encordé, la Pointe du Raz se mérite !
Spot unique en France où l’accès se fait encordé, la Pointe du Raz se mérite !

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