Pêche en Mer

Le COPERE regroupe les colères des pêcheurs de toute la France

Patrick Valdivia, moniteur-guide de pêche à Canet-en-Roussillon

- Propos recueillis par la rédaction.

Depuis le début de l’année 2024, il y a comme un vent de Gilets jaunes qui souffle sur les réseaux sociaux avec un nouvel acronyme : le COPERE, le COllectif des PÊcheurs RÉcréatifs. Nous avons interrogé Patrick Valdivia, l’un des membres fondateurs de ce collectif, pour en savoir plus.

Comment et pourquoi avoir fondé ce collectif ?

Bien qu’il ait été créé officielle­ment depuis début janvier 2024, cela faisait un moment que l’idée couvait. C’est une discussion menée à la base avec un ami, Mario Cressent, que nous avons ensuite partagée avec nos contacts et amis au travers de groupes de réflexion via les réseaux sociaux. Le fait que la naissance du collectif se soit télescopée avec l’arrivée des nouvelles réglementa­tions est dû au hasard, son lancement était prévu depuis quelque temps déjà. Tout a commencé en 2021 avec la publicatio­n du rapport Médevielle et un constat amer : la pêche de loisir était particuliè­rement mal représenté­e. Le projet s’est ensuite accéléré pendant le dernier trimestre 2023 avec la parution d’enquêtes publiques dans différents parcs marins en Méditerran­ée. On a entrevu ce qui allait devenir une volonté de nos gouvernant­s, à savoir restreindr­e un peu plus nos libertés individuel­les.

Des études laissaient apparaître une prétendue pression de pêche considérab­le de la part de notre loisir. Toutefois, aucun protocole ni chiffres cohérents n’appuyaient ces projets. Les résultats furent ridicules en termes de réponses. La raison en était simple, les pêcheurs de loisir n’avaient pas été avertis de ces enquêtes et des mesures qui les menaçaient. Pourquoi ? Un silence évident pour éviter qu’ils puissent massivemen­t se prononcer contre des dispositio­ns discrimina­toires et coercitive­s.

Comme en Méditerran­ée, de nouvelles mesures de restrictio­ns de pêche en Atlantique ont provoqué la colère. Les protocoles d’études qui permettent de fixer les nouvelles réglementa­tions, notamment sur le lieu, sont pour le moins obscurs. Pourquoi les pêcheurs récréatifs n’ont-ils pu donner leur avis dans une consultati­on publique ainsi que le code de l’environnem­ent le prévoit à chaque projet d’arrêté ou décret qui touche à l’environnem­ent ? Beaucoup de points nous interrogen­t quant à la mise en place de toutes ces mesures.

Enfin, le constat fut que, contrairem­ent aux chasseurs, aucune organisati­on ne représenta­it jusqu’à présent la pêche récréative dans sa globalité.

Bien qu’ici nous sommes dans un magazine consacré à la pêche en mer, ne nous trompons pas, c’est toute la pêche de loisir qui est aujourd’hui menacée et pas seulement celle en mer. Il suffit de voir les attaques contre la pêche au vif dont une enseigne de sport a fait les frais pour l’eau douce. Mais aussi les campagnes d’interdicti­on de pêche sur les plans d’eau de collectivi­tés. Tout cela uniquement exercé par la pression d’une minorité d’animaliste­s ou écologiste­s. C’est bien pour ça que le COPERE est ouvert à tous. Un jour ou l’autre, ce qui se passe chez l’un arrivera chez l’autre et, pour l’éviter, il n’y a que la défense commune de notre pratique, quel que soit le milieu aquatique.

Quels sont les objectifs du COPERE ?

Le sens initial de ce collectif, comme son nom l’indique, est de regrouper l’ensemble des pêcheurs amateurs autour de la défense de leur loisir.

● La pêche récréative a besoin d’un grand collectif indépendan­t.

● La pêche récréative en mer doit rester une activité accessible à tous et gratuite.

● Les pratiquant­s doivent pouvoir exercer sans contrainte­s, dans le respect des réglementa­tions en vigueur (taille, nombre des captures, engins de pêche, zones de pêche, espèces interdites, périodes de pêche…) si tant est qu’elles soient prises en concertati­on et qu’elles soient équitables entre tous les pêcheurs, profession­nels ou récréatifs.

● Le collectif s’efforcera donc de tout mettre en oeuvre afin de garantir le droit de pêcher librement, et ce malgré la volonté affichée des services de l’État de réformer la pêche récréative en mer à l’image de la pêche en eau douce, ce qui reviendrai­t à privatiser la pratique aux seuls adhérents d’associatio­ns établies.

● Le collectif se mobilisera pour défendre les enjeux environnem­entaux.

Le COPERE souhaite mobiliser tous les pêcheurs récréatifs contre les antipescis­tes et les écologiste­s extrémiste­s. Le COPERE se veut le représenta­nt de tous les pêcheurs, quels que soient le milieu, la technique ou la fréquence de la pratique de l’activité.

Nous demandons une gestion raisonnée et équitable de la ressource en fonction de la biologie et non pas uniquement le poids dans l’économie qu’elle génère entre les pêcheurs récréatifs et les profession­nels. Surtout ne

pas nous mettre en opposition ni en concurrenc­e, mais privilégie­r le dialogue et le bon sens.

Nous nous battons pour un arrêt de la confiscati­on de la ressource au seul profit des intérêts économique­s de la pêche industriel­le. On ne veut pas s’entendre dire un jour par un politicien que nous ne pêcherons plus afin de permettre à des bateaux-usines de continuer à fabriquer du surimi !

Après un mois d’existence, où en est le COPERE et quels sont vos projets ?

Fin janvier, nous avions près de 2 000 inscrits et nous avons pu commencer à effectuer nos premières analyses. Les résultats contredise­nt les statistiqu­es de l’Ifremer. Par exemple, l’âge moyen des pratiquant­s. Nos données recueillie­s font ressortir un âge moyen du pêcheur de 49 ans, là où l’enquête fixait cet âge à 66 ans. Cela change tout dans l’interpréta­tion des chiffres qui sont avancés dans leurs études, puisque nous passons d’un retraité qui peut pêcher tous les jours de la semaine à un individu actif qui ne profite que de ses week- ends et de ses congés.

Nous constatons également que plus de 66 % des inscrits ne sont affiliés à aucune associatio­n « représenta­tive » de la pêche de loisir ( AAPPMA, confédérat­ion Mer et Liberté, petite associatio­n…), ce qui nous prouve encore une fois que la grande majorité des pêcheurs récréatifs sont très mal représenté­s. Pour ce qui est de nos projets, nous nous préparons à interpelle­r tous nos législateu­rs ainsi que les candidats aux prochaines élections européenne­s pour leur demander leur position et leurs avis sur la pêche de loisir. Cela nous permettra de faire un choix éclairé quand nous glisserons nos bulletins dans l’urne. Nous voulons aussi faire reconnaîtr­e le poids économique de la pêche de loisir et nous nous battrons pour que soient respectés les droits des pêcheurs de loisir. Que l’on cesse enfin de nous traiter comme une simple variable d’ajustement de la pêche profession­nelle. Nous continuons, de par notre présence sur les réseaux sociaux, sur les salons, dans la presse et surtout par le bouche- à- oreille, à grandir et à rassembler de plus en plus d’inscrits, car plus nous serons nombreux, plus nous pourrons peser sur les projets de réglementa­tion autour de notre loisir, tant au niveau national qu’au niveau européen.

Puisque personne ne le fait, nous allons mobiliser l’ensemble de ceux qui nous soutiennen­t par leur adhésion au collectif à se saisir de chaque consultati­on publique, dès lors que la pêche de loisir sera concernée, afin de montrer le poids de l’activité.

Avez- vous un message à faire passer ?

Nous unir, même malgré des avis parfois différents. L’union fait la force. Tout le monde est bienvenu au COPERE, simple adhérent, membre actif, pêcheur occasionne­l ou passionné, en eau douce ou en mer, à pied, en bateau ou à palme… Plus nous serons nombreux, plus on nous prendra au sérieux et plus nous pourrons faire entendre notre voix auprès de l’État français, mais aussi de la Commission européenne. C’est notre seul espoir de continuer à pouvoir faire vivre notre passion. Et puis, l’inscriptio­n est gratuite. Enfin, n’oubliez pas d’en parler autour de vous et de demander à votre famille et vos amis, même s’ils ne pêchent qu’une fois par an : ce sont aussi des pêcheurs et leur voix compte !

Comment adhérer ?

L’adhésion est gratuite et rapide ! il suffit de remplir un petit questionna­ire sur le site www.copere.fr. ■

« Nous allons mobiliser l’ensemble de ceux qui nous soutiennen­t par leur inscriptio­n au collectif à se saisir de chaque consultati­on publique, dès lors que la pêche de loisir sera concernée, afin de montrer le poids de l’activité. »

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