Vincent Ottmann Guide de pêche à Brest
« La grande majorité des clients veulent ramener un peu de poisson à la maison »
Bien que tout à fait conscient que la ressource halieutique a besoin d’être protégée, toutes ces réglementations (bar depuis quelques années et lieu pour 2024) me font craindre le pire, et ce, pour plusieurs raisons. Ces règlements sont inadaptés. Plutôt que restreindre le nombre de captures a un niveau qui va décourager bien des pratiquants, on pourrait commencer par augmenter la maille de capture à un niveau logique. Pour le lieu jaune, par exemple, la maille est de 30 cm, alors qu’il ne se reproduit qu’à partir d’une taille comprise entre 40 et 60 cm. Au lieu de limiter à deux spécimens prélevés par personne, autoriser cinq prises éviterait le rejet du « plus petit poisson des trois » et cela ne démotiverait pas les plaisanciers. Par ailleurs, une de mes plus grandes peurs, c’est de savoir qui sera le suivant… le bar, le lieu… et après ? On nous interdira de pêcher le maquereau pour l’abandonner aux bateaux-usines ? La daurade, peut-être ? Et ensuite ? La vielle, la crevette ? Devra-t-on sacrifier notre liberté à aller chercher notre nourriture dans la nature pour laisser le soin à la pêche industrielle de nous la fournir contre monnaie sonnante et trébuchante ? Je suis également inquiet pour l’avenir de la profession de moniteurguide de pêche. Nous sommes tout simplement ignorés par les politiques et les décideurs. De plus, les règles de plus en plus contraignantes peuvent décourager beaucoup de nos clients. Il ne faut pas se voiler la face, la grande majorité des personnes qui prennent un guidage veulent ramener un peu de poisson à la maison et ne plus pouvoir conserver leur pêche risque (surtout sur des secteurs où l’on pêche quasi exclusivement le bar et le lieu) d’être rédhibitoire et de mettre ainsi l’activité de guide en danger. Concernant les chiffres donnés par Agrimer et le Gifap, je pense que ce dernier est plus proche de la vérité. Le plus important est de comparer les résultats des uns et des autres… même si les connaissances s’affinent avec le temps, on connaît toujours très mal la réalité de la pêche de loisirs en mer, ce qui laisse encore trop de place aux évaluations farfelues et aux décisions technocratiques « éclairées » !