Pedale!

Pierre Latour.

La Drôme, les chevaux, la colère: le jeune coureur d’AG2R dit tout. Mais ne tranche pas: est-il le meilleur coéquipier possible pour Romain Bardet, ou son successeur?

- PAR RONAN BOSCHER ET VINCENT RIOU, À MONTBOUCHE­R-SUR-JABRON / PHOTOS: PANORAMIC ET BELGA/ICONSPORT

Chez AG2R La Mondiale, il y a Romain Bardet, la star, celui dont la France entière attend qu’il gagne le Tour. Et il y a Pierre Latour, 24 ans, l’espoir, celui qui pourrait avoir bientôt son mot à dire aussi sur les grandes courses à étapes. Comment vit-il ce statut? Jusqu’où veut-il aller? Et encore: d’où vient-il? Allongé sur la table de massage, une serviette couvrant l’entrejambe, le Drômois lève le voile.

Commençons par le commenceme­nt: avant le vélo, il y a eu le cheval, c’est ça?

Ouais, quand j’étais petit, on avait une maison avec 5 hectares de terrain, et des chevaux. Mon père les ferrait. On en a eu jusqu’à cinq. J’aimais bien l’animal en lui-même, déjà. Puis le fait de pouvoir se promener, quoi. En famille, tous les ans, on partait une semaine ou 15 jours en randonnée dans l’Ardèche, voire dans la Loire. La première fois, je devais avoir 6, 7 ans. C’était cool, vraiment des bons souvenirs. T’avais un bon sentiment de liberté, à être en bivouac, sous la tente ou parfois dans les gîtes, à faire boire le cheval dans la rivière ou dans la fontaine du village. Une vie de cow-boy, presque. Les westerns, j’aime bien.

Pourquoi ne pas avoir continué le cheval alors?

À cause du vélo. Quand j’étais petit, j’ai vraiment fait tous les sports: judo, pingpong, pétanque, tir à l’arc, foot, natation, badminton. Et j’aimais bien faire le con avec un VTT. Le vélo sur route je m’en foutais, jusqu’à ce que je me dise ‘Pourquoi pas essayer?’ J’avais arrêté le tir à l’arc l’année d’avant. Dans le club, il n’y avait que des vieux et du coup, moi, j’avais tiré mes flèches en 30 secondes, quand eux ils mettaient 5 ou 10 minutes. À force de les attendre, je revenais chez moi plus excité qu’en partant. J’avais besoin d’un truc qui me défoule plus.

T’es un peu un enfant de la pédale aussi, non?

Mon père a fait un peu de vélo, ouais. Le père de mon père aussi. Et c’est une tante à mon père qui m’a donné mon premier vélo de route. Il y a aussi la famille d’un cousin de mon père, les Faussurier. On les voyait souvent, ils avaient un club de vélo du côté de Roanne. Avec leur fils, Romain Faussurier, on a fait toutes les sélections en équipe de France ensemble. Il était meilleur que moi, en jeunes. Après, la tendance s’est inversée – il court en amateur aujourd’hui, à Bourg-enBresse. Bref, à l’époque, moi j’étais parmi les bons de ma classe d’âge, mais pas parmi les meilleurs. Je m’en foutais de gagner ma vie avec le vélo. Je faisais mon BTS à côté, à Romans-sur-Isère, chez moi. Si ça n’avait

pas marché en vélo, j’aurais cherché un taf, dans l’électro-tech sans doute. ‘Bonjour, je suis Michel le réparateur’ (avec un accent un peu sudiste). Je me serais bien vu dans une boîte d’ascenseur. Pas mal de mes potes bossent là-dedans.

Dans un entretien il y a deux ans, ton cousin Faussurier laissait presque entendre que le monde amateur, le vélo-copain, à vivre en coloc dans une ambiance BMX plus que route, ça lui allait parfaiteme­nt, qu’il n’avait aucun regret de pas être passé pro.

Ouais, je sais pas. Il est posé maintenant, il a un gosse même. Alors il s’est bien amusé en coloc mais du coup, il est avec sa copine, là. Et il fait toujours autant de vélo.

Toi, il n’y a pas des moments où tu te dis que tu préférerai­s le calme de la vie d’un dépanneur d’ascenseur à celle de coureur prometteur ultra sollicité?

Non, je ne me dis pas ça. Ça pourrait être mon métier, dépanneur d’ascenseur, mais je me dis que j’ai quand même beaucoup de chance de faire ce que je fais.

Ton père a fait “un peu de vélo”, tu dis. Il était quand même “première catégorie”, c’est pas rien! À tes débuts, c’était ton mentor?

Non, c’était un charlot (rires). C’est vrai qu’il marchait bien, mais quand tu vois ton père s’impliquer pour toi, ça te motive, quand même. J’ai commencé en cadet et dès l’année suivante, il a acheté un scooter pour me faire rouler. Donc tu le fais sérieuseme­nt, parce que c’est un sport qui coûte cher: vélo, chaussures, casque, les déplacemen­ts pour aller sur les courses. C’est pas comme la course à pied où limite t’as juste besoin d’une paire de baskets. Il faut s’impliquer, dans le cyclisme.

Il travaillai­t dans quoi à la base ton père, pour gagner sa soupe?

Il était fraiseur à l’usine CERCA, qui fait des pièces pour les réacteurs nucléaires. J’y ai fait des stages pour mon BTS. Les gars m’appelaient ‘p’tit Latour’, ils m’emmenaient à la machine à café, ils étaient tranquille­s. En rentrant à la maison, je disais à mon père ‘En fait, je préfère être à ton usine qu’à l’école, hein’. C’est beaucoup moins cool aujourd’hui, paraît-il. Ils ont mis mon père en pré-retraite il y a 15 ans. Ma mère travaillai­t aussi en usine, pour un sous-traitant de LouisVuitt­on. Elle faisait des chaussures, des sacs à main. Mais j’avais même pas de sac Vuitton pour aller en cours.

Le soutien de ton père pour le vélo n’était que matériel?

Mon père me voyait tout le temps et savait exactement quand j’étais fatigué ou pas. Il adaptait les entraîneme­nts en fonction. Même si mon entraîneur au club de Romans, les gens avec qui je roulais, ou Antoine Jean, du comité technique régional, me livraient leurs conseils, c’est mon père qui m’en donnait le plus, sur tout: les courses, la bouffe, les sorties. Il m’a appris que tu ne peux pas aller à tous les anniversai­res auxquels tu es invité, que tu ne peux pas manger de la merde, te bourrer la gueule et rester longtemps debout jusqu’à pas d’heure si t’as course le lendemain. Sinon, t’es cramé. Et j’étais assez sage là-dessus, finalement. Pour le moment, je ne regrette pas du tout. Mais je sais que, fatalement, ces choses que je n’ai pas faites en étant jeune vont peut-être me manquer plus tard. Les sacrifices, on en fait beaucoup. Rien que sur la bouffe… Faut savoir qu’en ce moment, c’est la faim qui me réveille tous les matins à 6h.

Il paraît que Sébastien Joly, en voisin ardéchois, t’a néanmoins conseillé de ne pas trop te priver l’hiver…

Si tu ne fais pas un craquage dans l’hiver, le jour où il faut faire un gros sacrifice, genre te serrer la ceinture pendant un mois, tu n’y arrives pas. À un moment, tu satures de te priver. Il faut donc savoir se faire plaisir à des moments précis, pour pouvoir se dire qu’il y aura des jours meilleurs quand on est dans le dur au niveau diététique. En ce moment, par exemple, j’ai envie de chocolat mais je sais que je peux attendre la prochaine coupure pour en manger. Ma dernière pulsion rassasiée de chocolat, c’était après le Romandie, et avant le stage en Sierra Nevada. Ça m’a bien aidé. En gros, dans une année, t’as trois périodes pour te faire plaisir. La plus grosse, c’est l’hiver, mais craquer à Noël, c’est déjà trop tard, puisque cette année par exemple je partais courir en Australie le 2 janvier. Ensuite, c’est après le Romandie. Là, pendant trois semaines, je peux

“Les sacrifices, on en fait beaucoup. Rien que sur la bouffe… Faut savoir qu’en ce moment, c’est la faim qui me réveille tous les matins à 6h”

“L’étape de la Vuelta que je gagne, dans le final, j’étais en transe. J’avais envie de frapper Atapuma. Quand je reviens sur lui, et que je le passe, je lui dis ‘fils de pute’”

lâcher un peu. Après le Tour aussi, de façon plus légère.

C’est quoi le craquage idéal pour toi?

Une boîte de Cruesli (des céréales au chocolat, ndlr)! Non, en vrai, tout ce que je peux trouver dans mon assiette et que je mange moins pendant la saison. Je ne suis pas difficile. Je me suis par exemple autorisé un bon gros steak bien saignant après le stage en Sierra Nevada qu’on a fait dernièreme­nt, tellement j’avais une pulsion de viande.

Depuis tes débuts, tu attaches une grande importance aux chronos. Pourquoi?

Ma morphologi­e ne peut pas être celle d’un pur grimpeur. Avec les années et les courses à étapes, j’ai pris de la masse, de la force et deux centimètre­s de tour de cuisse. Je suis au-dessus des 63 kg, maintenant. Et puis je prends plus de plaisir sur les chronos que sur les bosses, plus ingrates, même si ça m’éclate à l’entraîneme­nt. Mais en course, tu te fais taper dessus, tout le monde attaque, roule à bloc. Moi, faut que personne ne me fasse chier, en fait. En chrono t’es tout seul, tu fais ton truc. Si t’es pas bien, t’as pas 10 000 excuses, c’est que t’étais nul, point. Sur le chrono, on voit vraiment la valeur brute.

Ton goût du chrono, c’est aussi dans la perspectiv­e de jouer à terme le général d’un grand tour?

Oui, aussi. En fait, je peux à peu près limiter la casse dans les bosses. Donc faire un bon chrono me ramène sur un pied d’égalité avec les purs grimpeurs. Les trois quarts du temps, les écarts entre les meilleurs en montagne sont assez minimes. Il y a plus de différence à faire sur les chronos entre les leaders des grands tours.

Quand un coureur français marche bien, il est condamné à entendre: “Alors, c’est vous le prochain Hinault?” C’est pas saoûlant?

C’est sûr qu’il n’y a pas que le Tour dans l’année, mais c’est difficile de le faire comprendre aux gens. C’est la course la plus regardée, la référence, que tout le monde suit, même ceux qui ne s’intéressen­t pas trop au cyclisme. Quand tu dis que tu fais du vélo, la première

“Je prends plus de plaisir sur les chronos que sur les bosses, où tout le monde attaque. Moi, faut que personne ne me fasse chier, en fait. En chrono t’es tout seul, tu fais ton truc. Si t’es pas bien, t’as pas 10 000 excuses, c’est que t’étais nul, point”

question que les gens te posent, c’est: “Et tu fais le Tour?”

Le Tour, c’est un objectif qu’on cherche à te donner ou c’en est un réel, pour toi?

J’ai envie de bien figurer, mais c’est pas forcément là où j’ai le plus envie de marcher. J’y vais pour être à bloc mais pour des objectifs d’équipe, pas personnels. Moi, je suis plutôt Tour de Lombardie, les classiques italiennes, le championna­t de France, les courses d’une semaine. Les Belges ou Ardennaise­s c’est tôt dans la saison, et j’ai du mal avec le mauvais temps. À la limite la Flèche, parce qu’elle est pas trop longue. Ou les Strade, en Italie. De toute façon, tu ne sais jamais trop dans quoi tu vas progresser, avec les années. Pour l’instant, je ne sais pas trop ce que je suis.

Tu te sens l’âme d’un leader?

Je sais pas, mais disons que ça ne m’embête pas quand je suis protégé dans l’équipe. J’aime bien la pression, en fait. Ça me motive. Donner des directives à l’oreillette ou directemen­t aux mecs ne me dérange pas. Sur le Catalogne, le Romandie, ou en Australie, je le faisais. Je ne suis pas un mec très stressé non plus.

Pour rester dans le coup au général, faut éviter les bordures, ne pas faire l’accordéon dans le peloton. Pour l’instant, c’est pas ton fort...

Oui mais cette année, mes résultats sont plus réguliers et je me place mieux dans le peloton. Je m’améliore, quoi. Après, clairement, ce n’est pas dans ma nature de frotter, de rester au même endroit pendant longtemps dans un peloton. Romain (Bardet) le fait très bien, ça. Moi, quand je fais l’accordéon, le peloton me pourrit un peu, à m’insulter dans toutes les langues. Je comprends, c’est usant pour les mecs derrière moi, qui sont embarqués un peu malgré eux.

Mais t’as conscience quand même que 100% des leaders qui veulent gagner le Tour ne prennent jamais ce genre de risques?

Je sais pas… C’est le jeu, aussi. Si au final je suis tellement cramé d’avoir frotté que je peux même plus faire mon effort, ça sert à quoi? Si mentalemen­t, nerveuseme­nt, physiqueme­nt, je n’ai plus la fraîcheur, ça sert à quoi? Le Tour, ça frotte à 80 km de l’arrivée comme ça frotte à 10 km dans n’importe quelle autre course. L’année dernière, les deux premières semaines du Tour, très stressante­s, m’ont rincé la tête. Si j’ai chopé un herpès, que je suis tombé malade, c’est pas pour rien, je pense. T’as beaucoup plus de monde sur le bord des routes et les trois quarts essaient de se prendre en selfie quand tu passes à ras d’eux. J’ai vu un gars de l’équipe se prendre un mec comme ça. Le téléphone a volé, on a roulé dessus, et je pense qu’on lui a pété le bras, au spectateur. Ça l’a défoncé aussi, mon coéquipier. On devait rouler à 50 à l’heure, hein.

Et Romain Bardet, il sait frotter?

Oui. Et en plus, il est vachement respecté, personne ne vient l’emmerder en milieu de journée. J’apprends beaucoup à ses côtés. Il nous donne des indication­s, quand remonter. La pression médiatique est vraiment portée sur lui. Nous on est peinards, finalement.

Comment on sait qu’on est respecté, qu’on a un statut?

Tu vois bien si tes coéquipier­s t’écoutent ou se sacrifient pour toi. Tu le sens même dans le comporteme­nt en dehors du vélo. Romain, quand il me regarde, il sait, il voit qu’il peut compter sur moi. Quand tu as déjà vécu de belles choses avec les gens, tu sens qu’ils feront tout pour toi. Quand je fais 10 du Lombardie et Romain 4 (en 2016), je marchais un truc de fou. Si je n’attaque pas là où Romain me dit d’attaquer, à 50 bornes de l’arrivée, je termine peut-être avec les leaders. (Finalement repris, Latour est ensuite distancé dans la montée de Miragolo San Salvatore, ndlr.) Mais j’ai fait ce que j’avais à faire.

Il y a vraiment une Bardetmani­a sur le bord des routes?

Ah ouais, les gens ils sont oufs, hein. On l’a encore vu au départ du Critérium du Dauphiné. À la sortie du bus, t’avais plein de petits qui criaient son nom.

En définitive, avec Romain vous n’avez que trois ans de différence…

Ouais, je ne sais pas.

Tu le vois devenir l’équipier de Pierre Latour, Romain, un jour?

Je pense plutôt que si on a tous les deux un jour le niveau pour les podiums des grands tours, on en fera un chacun. Je préfèrerai­s la Vuelta peut-être, c’est plus tranquille. On mange des churros et des fajitas. J’aime moins le Giro. Trop de pluie. J’aime quand il fait beau et chaud. Sur la Vuelta, c’est tous les jours comme ça.

La première fois que tu t’es retrouvé devant avec Contador et Quintana, dans la Route du Sud, tu t’es dit: ‘ça y est j’appartiens au gotha’?

Pas du tout. Au début, je me suis dit: ‘J’ai de la chance’. Et après, tu te dis rien. Dans la descente, j’avais des crampes.

On parle souvent de déclics pour la confiance. T’en as eu, toi?

Sans ma victoire d’étape à la Vuelta (en 2016, ndlr), je pense pas faire 10 au Lombardie. Sur la Vuelta au début, j’essayais de faire le général avec JC (Péraud), mais en général je faisais dans les 9 ou dans les 15, pas mieux, sur les grosses étapes. Et je me prends une heure sur une étape où tout le monde aurait dû être hors-délai. Finalement, ça m’a soulagé et je n’avais plus qu’un objectif: prendre une échappée, et les défoncer. Quand j’y arrivais pas, je replaçais JC au pied de la dernière bosse puis je m’écartais, à finir tranquille. Et je réessayais le lendemain. Au final, sur la dernière étape dure, je prends la bonne échappée et je ne veux pas me louper. Et je les ai éclatés.

Cette étape, tu la gagnes en revenant de nulle part sur Atapuma.

C’est bizarre, ce matin-là, j’avais eu un contrôle à 6h, donc réveil difficile après une nuit trop courte à cause d’une musique trop forte dans l’hôtel. Et je bois un café, aussi, alors que j’en bois jamais. Dès le départ, je me sens vraiment bien dans les cols. Le peloton a pété à un moment, s’est reformé. Quentin (Jauregui, ndlr) vient me voir: ‘Ça va, gros?’ Je lui réponds: ‘Super bien! Maintenant, regarde!’ Et je suis sorti. Il y a des jours comme ça. Dans le final, j’étais complèteme­nt énervé, en transe. J’avais envie de frapper Atapuma. Je l’attaque, il revient, il roule pas, je le réattaque, ça fait que de la merde comme ça, il roule pas. Je me dis qu’il est peut-être à bloc et qu’il va pas trop faire le fils de pute. Moi, j’étais vide, à l’arrache, avec mon gros plateau comme une grosse meule. Et là, Atapuma gicle à mort. Je me dis ‘Oh le bâtard’, je pensais qu’il allait attendre le sprint. À le voir partir sur cette rampe, je me suis énervé tout seul, je suis revenu, et quand je passe à côté de lui, je lui dis ‘fils de pute’. Ça se voit même à la télé que je lui parle en tournant la tête. Jusque là, on avait fait une belle Vuelta mais sans victoire d’étape. Ça terminait bien le travail, quoi.

T’as conscience que tu reviens sur Atapuma avec un style complèteme­nt improbable?

Oui… je vais au-delà de mes limites, dans un style dégueulass­e quoi. Naturellem­ent je fournis mes efforts de façon saccadée. Je suis éclaté, je relâche, et quand je me fais distancer, ma tête me dit ‘non, lâche pas’. Donc je reviens, et ainsi de suite. J’aime pas perdre donc j’aime pas péter. Je sais tourner la patte en début de course mais dès que je suis rincé, en général je passe en “bras cassage”, à pomper avec les bras, à sentir le poids sur les pédales. Je dois maintenant arriver à retarder au maximum ce moment-là, monter à un train plus régulier pour, à la fin, être capable de mettre une dernière giclette en force. Faut savoir qu’un rythme constant, pour moi, c’est plus douloureux… Mais je dois corriger ça, ne serait-ce que parce qu’un équipier ne peut pas courir par à-coups. L’an dernier, sur le Tour du Haut-Var, je me suis broyé les jambes en lissant mon effort pour défendre le maillot de leader de Sam Dumoulin. Je m’étais vraiment arraché la gueule, à crier sur le vélo.

Et quand tu reviens à Romans-sur-Isère après une victoire comme celle de la Vuelta, ça se passe comment? T’es devenu une star?

C’est pas faramineux, hein. Ça fait pas tellement rêver, un cycliste, avec nos grosses marques de bronzage dégueulass­es. Et je porte pas de belles sapes tous les jours non plus. Et je suis timide. Je suis célibatair­e, actuelleme­nt.

Tu claques comment ton pognon: cigale ou fourmi?

Je fais des économies pour être un peu à l’abri. La reconversi­on, c’est toujours un peu compliqué. Je flambe pas tout, donc. J’achète pas mal de chaussures dont des Clergerie, qui sont faites à Romans. Des belles chaussures. Sinon, je vais au cinéma regarder toutes sortes de films et manger des glaces. Des glaces, des glaces, des glaces!

T’habites encore chez tes parents?

Non, mais à 300 mètres de leur maison. J’ai acheté un appart. Déjà que j’ai la flemme de passer l’aspirateur, alors passer la tondeuse, ça me ferait encore plus chier. Mais j’aime bien Romans. T’as la raviole, la pogne. D’ailleurs, en ce moment (le 2 et 3 juin, ndlr), c’est la fête de la raviole et de la pogne à Romans. Je suis dégoûté, cette fête populaire draine pas mal de monde, il y a des orchestres, et je vais rater ça. La pogne, c’est une sorte de brioche à la fleur d’oranger, en forme de couronne comme le Saint-Genix mais sans pralines, à manger en dessert ou le matin au petit dej. Mais moi, ce que je trouve vraiment bien, c’est le concours des mangeurs de ravioles. Ça, c’est de la frappe atomique. Je n’ai jamais pu y participer. Faudrait que ça tombe en hiver, m’arrangerai­t.• ça

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Et la dernière qui tombe pas!
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Quand t’as niqué Atapuma.
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Carla et Nicolas en meeting.

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