Pedale!

Dernier tour

- SG

Quand le Tour 2012 est arrivé, on n’avait pas dormi depuis deux mois, la faute à la fureur destructri­ce d’un bébé tout frais.

Les journées, on n’en attendait pas grand-chose d’autre qu’une bonne sieste à regarder un peloton s’étirer sur des routes de campagne, qu’il se passe un truc ou pas, et puis de toute façon, il ne se passait jamais rien. Tout de même, Thibaut Pinot avait gagné sa première étape. On ne le connaissai­t pas, mais dixième du Tour pour une première, on s’était dit “c’est bien, on va peut-être vibrer un peu, si ça se trouve on aura un Français qui pourra jouer la victoire”, enfin on avait ressenti ce même truc qu’à l’Euro 96 où, peut-être, le sport qu’on aimait avait un futur national.

Et puis il y avait eu 2014, on s’était mis à y croire un peu plus, on s’endormait moins pendant les étapes, Pinot avait fait 3, Bardet 6 et Péraud 2, mais Péraud, on s’en foutait, on sait pas trop pourquoi. À partir de là, on avait commencé à se dire “et pourquoi pas celle-là?”. On n’y croyait pas vraiment, hein, mais pas besoin d’y croire vraiment pour vibrer. “Et si machin tombait?” “Et s’il y avait une bordure ou un truc, on sait pas quoi, et que ça arrivait vraiment, que Thibaut gagnait le Tour?” En 2019, là on y avait vraiment cru, on se disait ‘putain, putain, c’est cette année, c’est fou’, et puis non, mais c’était pas grave, l’important, c’était d’avoir des émotions. Cet été, Thibaut Pinot nous offre un dernier Tour. Oh bien sûr, il ne va pas le remporter. Mais on sait jamais. Et si? Une chute à l’avant? Les grands leaders qui mangent tous un truc avarié? Un Covid? Les planètes qui s’alignent? On sait jamais. Ce sera la dernière année où on pourra y croire sans vraiment y croire. Quel bol.

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