Planete Aero

Un peu de biologie…

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La physique nous dit qu’un gaz se détend au fur et à mesure que la pression extérieure qui l’entoure décroît. Les gaz contenus dans le corps humain au niveau le plus infime, comme celui des cellules, vont donc se dilater quand la pression extérieure diminue. C’est ce même principe qui impose des paliers de décompress­ion aux plongeurs avec bouteille.

Le problème vient essentiell­ement de l’azote, qui compose 78 % de l’atmosphère

(contre 21 % pour l’oxygène). Tous les tissus et les muscles humains en sont imprégnés. Si ce gaz venait à être soumis trop rapidement à la faible pression que l’on trouve à 70 000 pieds, où la pression est 30 fois plus faible qu’au niveau du sol, le corps qui le contient exploserai­t. Et même en respirant un air débarrassé d’azote, les liquides présents dans le corps (transpirat­ion, humidité dans les poumons, salive, larmes, etc.) se mettraient à bouillir instantané­ment.

Pour éviter ce problème, les pilotes d’U-2 peuvent compter sur différents niveaux de défense. Le premier est la pressurisa­tion de l’avion qui maintient en permanence une pression équivalent­e à 29 000 pieds dans le cockpit. Et pour se sentir (relativeme­nt) confortabl­es à cette pression cabine, les pilotes d’U-2 respirent pendant une heure avant le décollage de l’oxygène pur pour éliminer le plus possible l’azote présent dans le corps : c’est la « dénitrurat­ion ».

La deuxième défense tient dans la combinaiso­n d’astronaute qu’ils portent pour les missions stratosphé­riques. En cas de dépressuri­sation brutale du cockpit, la combinaiso­n se gonflerait instantané­ment, recréant dans son enveloppe étanche une pression acceptable pour le pilote. En cas d’éjection dans la stratosphè­re, le siège éjectable de l’U-2 est conçu pour fournir oxygène et pressurisa­tion de la combinaiso­n pendant le temps de chute libre nécessaire pour rejoindre les couches plus denses de l’atmosphère. C’est à ce moment que pilote et sièges se sépareront, que le parachute se gonflera automatiqu­ement et que le pilote pourra ouvrir la visière étanche de son casque pour respirer l’air ambiant.

Le port de la tenue étanche d’astronaute pose toutefois un sérieux problème pour d’une part satisfaire des besoins naturels (voir encadré sur les Stratoshit­ers…) et d’autre part pour boire et manger. Un pilote pouvant perdre jusqu’à un litre d’eau par heure, son hydratatio­n n’est pas un luxe, elle est essentiell­e à sa survie. Boisson et nourriture (présentée en tube sous forme de pâte) sont fournies dans des bouteilles et ou des tubes qui sont aspirés par une paille rigide raccordée à la combinaiso­n au niveau du casque. À partir de l’U-2R, les avions ont été équipés d’un minifour permettant de réchauffer la nourriture en tube. Des accidents domestique­s ont toutefois eu lieu dans l’avion, l’explosion de tubes trop chauffés se traduisant par des projection­s sur la verrière, le tableau de bord et la visière du pilote. Engoncé dans sa combinaiso­n, celui-ci devait alors tenter de nettoyer ce qu’il pouvait pour poursuivre la mission…

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© USAF En route pour un tournage fétichiste? Pas vraiment… La technicien­ne porte la valise de conditionn­ement d’air qui ventile la combinaiso­n étanche du pilote.

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