La confrérie des Stratoshiters
Bien plus confidentielle que le Mile High Club, la confrérie des Stratoshiters rassemble les pilotes ayant eu le malheur de connaître une faiblesse intestinale dans une combinaison stratosphérique. Douze heures avant chaque vol stratosphérique, les pilotes entrent dans un cycle de repos qui leur commande de se reposer, ne pas boire d’alcool et de manger de la nourriture décarbonée. Car si la combinaison étanche est équipée d’un système pour uriner, rien n’est prévu pour, hum…, la grosse commission. Mais les accidents de la vie arrivent, et pas qu’aux autres. La liste de ces accidents, avec le nom des victimes passées à la postérité, est religieusement consignée sur une plaque commémorative délicatement intitulée « Stratoshiter ». Ce que l’on ne traduira pas ici.
L’intoxication alimentaire est le plus souvent à l’origine de ce genre d’incident.
Dans « Shady Lady », Rick Bishop raconte ainsi la mésaventure fumante arrivée à un pilote du Détachement 2 (en Corée du Sud) le 26 août 1979. L’homme, très expérimenté, doit réaliser le 1000e vol du détachement et, une fois n’est pas coutume, le départ de l’avion se fait en présence d’officiels américains et coréens. Le pilote se sent un peu barbouillé pendant la préparation du vol, mais ça va aller assure-t-il. À l’issue de sa préparation, il se rend à l’avion dans sa tenue d’astronaute, serre vaguement des mains (à travers l’épaisseur des gants pressurisés). Il monte à bord, s’installe, démarre, roule, et décolle pour une mission de 9 heures. Trois heures à peine après son décollage, il annonce à la radio que… bah, désolé, son ventre a fini de gargouiller. Il se sent beaucoup mieux mais il a bien conscience de faire maintenant partie d’un club très exclusif. Il termine malgré tout la mission, revient se poser et, bizarrement, ne s’attarde pas pour serrer les mains des officiels qui ont attendu son retour. La combinaison, repeinte à l’intérieur, sera sans doute discrètement enterrée dans un coin de la base…