L’étrange cas des Grob
L’Allemagne a successivement financé l’avionneur Grob pour deux programmes d’aéronefs haute altitude : l’Egrett (premier vol en 1987) pour la Luftwaffe, puis le Strato2C (premier vol en 1995) pour le DLR(1). L’Egrett était une machine atypique, puisque HALE, mais pilotée. Elle était motorisée par un monoturboprop TPE331 et entièrement fabriquée en carbone, avec une voilure à grand allongement, la spécialité de Grob. Bien que le moteur limitât l’altitude à 50 000 pieds, la mission aurait été l’observation à haute altitude, et en particulier la surveillance des frontières orientales de la RFA. Quant au Strato2C, il était dès l’origine étiqueté « avion géophysique » d’étude de la très haute atmosphère. Conçu pour réaliser des vols habités de 48 heures au-dessus de 60 000 pieds, il fut construit à un seul exemplaire. Il se distinguait par une envergure hors du commun (56 m !) et était équipé d’un étonnant moteur à pistons très fortement turbocompressé, à plusieurs étages et refroidissements intermédiaires.
Une merveille de propulsion. Le Strato2C a été abandonné lorsqu’il a fallu l’alourdir pour rajouter un second pilote et ses installations associées. À noter enfin qu’il ne fut pas le seul appareil HALE équipé d’un moteur à pistons : le Boeing Condor, drone hors norme de 61 m d’envergure et détenteur d’un record officieux d’endurance pour HALE avec plus de 50 heures de vol, hérita également de cette motorisation mais ne dépassa pas lui non plus le stade du prototype. On reste perplexe devant le choix de mettre un pilote de ces deux avions. Les exigences de certifications participèrent sans doute à l’échec de ces programmes.
1. DLR : Deutsche zentrum für Luft und Raumfart, équivalent allemand de l’ONERA.