Un U-2 sur porte-avions… Et pourquoi pas?
Pour ne pas avoir à baser des avions chez tel ou tel allié, avec toutes les contraintes politiques inhérentes, l’idée d’utiliser l’U-2 depuis un porte-avions arrive assez vite chez les Américains. L’embarquement d’un U-2G spécifiquement adapté est testé sur l’USS Ranger à partir de 1964. Il faut aller vite parce que les Américains souhaitent espionner les essais nucléaires français à Mururoa, ce qui est fait au mois de mai de cette année-là. Deux vols opérationnels sont conduits.
Les essais supplémentaires d’embarquement des U-2R, plus grands et encore plus encombrants, commencent en 1969 sur l’USS America. La voilure est équipée d’une charnière permettant d’en replier l’extrémité (sur 1,80 m) pour faciliter les déplacements dans le hangar, sous le pont d’envol et sur les ascenseurs. Une crosse d’appontage est installée devant la roulette arrière. Les futurs pilotes s’entraînent aux appontages sur la terre ferme. L’appontage passe facilement, avec une vitesse en extrémité de pont de 130 km/h. Le décollage se fait tout aussi facilement, sans catapulte. Les pilotes de la CIA seront qualifiés à l’appontage pendant quelques années mais n’utiliseront jamais cette capacité en opération, avant tout parce que l’U-2 aurait induit trop de contraintes sur les activités régulières des porte-avions. La Navy s’intéressa néanmoins à l’avion qui aurait pu être équipé d’un puissant radar et utilisé pour surveiller la mer et protéger ses navires depuis la très haute altitude. L’avion aurait alors été basé à terre. Ce travail sera finalement confié aux satellites et aux drones… L’idée d’armer ces U-2 de missiles antinavires exista quelque temps, avant d’être finalement abandonnée.