Classique LITTÉRATURE PAR BORIS BERGMANN
UNE SATIRE CINGLANTE Les 100 Derniers Jours du Parti Socialiste de Bruno Gaccio (éd. LLL)
Le co-inventeur turbulent des Guignols de l’info (redevenus aujourd’hui un ersatz pâteux du Bêbête Show) n’y va pas par quatre chemins : il annonce la mort du parti socialiste le 23 avril 2017. Et son enterrement le 9 mai suivant. Quelques maladies fatales en ont eu raison : la libéroencéphalite dégénérative, la bordéloplastie vasculaire, la déboussolite rétractile sans oublier la vallsette. « Si au moins le PS pouvait rester digne et ne pas faire sur lui ! », conclut Gaccio.
UNE ENCYCLOPÉDIE ENSORCELEUSE L’Elfémeride, le grand légendaire des saisons printemps-été (éd. Hoëbeke)
Illustré par l’extraordinaire René Hausman, qui a avalé son pinceau avant la parution de l’ouvrage, une centaine d’histoires, contes et dictons puisés par l’ogre elficologue Pierre Dubois dans la mythologie des anciens pour qui chaque animal, chaque fleur, chaque jour renvoyaient à un récit souvent fort déroutant. C’est ainsi que dans cette étrange petite merveille, on s’encanaille avec le grêleur, un sorcier à corps de crapaud sur pattes de héron fabriquant la grêle et qu’on y répond à de graves questions comme : « Pourquoi donc, jambon à cornes, le hérisson a-t-il une tête de souris et un corps d’oursin ? »
Notre cousin de Belgique, auteur de savoureux attentats pâtissiers, aime aussi les sucreries littéraires. Voici sa sélection de saison.
UN POLAR FRAPPADINGUE Révolution de Sébastien Gendron (éd. Albin Michel)
L’auteur de Road Tripes avoue être inspiré aussi bien par les romans anarchisants épicés de Manchette et Pouy que par les gags des Monty Python. Dans ce suspens « pyromanesque » nonsensique, deux paisibles employés en pétard n’acceptent d’arrêter de bloquer à leur façon la circulation sur un viaduc autoroutier que si les milliers d’estivants empruntant la route des vacances se mettent illico… à faire la révolution.
UN PHILTRE D’AMOUR SUREXCITANT La Magie sexuelle de Pierre des Esseintes (éd. La Musardine)
Objectif de ce livre de recettes aphrodisiaques pas comme les autres : comment transformer nos éclatements sexuels en de youpitants « outils de développement personnel », comment décupler nos plaisirs amoureux en pratiquant la magie blanche et rouge. Parmi les références hédonistes du livre, de vieux grimoires de sorcellerie et les tribulations du très amusant mage luciférien Aleister Crowley qui fonda une abbaye de Thélème en 1920 sous le signe des CCC, soit le Cognac, la chatte (oui, le cunt) et la cocaïne.
UNE ANTHOLOGIE DE DESSINS FÉROCES L’oeil graphique de Siné (éd. La Martinière)
Sur les talents caricaturistes et graphiques, polémiques et typographiques du célèbre fouteur de merde, un Annapurna de docu- ments précieux : affiches, pochettes de disque, couvertures, pubs, cartes postales, chroniques calligraphiées. Et, bien sûr, ses dessins assassins parus en pleine guerre d’Algérie dans le canard Siné Massacre, dont les neuf numéros lui valurent autant de procès.
EN AVANT LA ZIZIQUE ! Gainsbourg confidentiel de Pierre Mikaïloff (éd. Points)
Une bio palpitante de l’homme à la tête de chou où l’on apprend plein de trucmuches sur lui : qu’il aime lire Sade et relire Cervantès mais qu’il trouve Vian et Sagan illisibles ; qu’il a fait de la peinture pendant quinze ans puis a tout détruit ; qu’il a été tout un temps un chanteur SDF et qu’au début de sa carrière, il lui est arrivé d’être attaqué par la presse sur son physique : « Oreilles perpendiculaires à la tête, paupières énormes, bras misérables », lit-on dans Arts ; ou qu’en 1983, il a un conflit mémorable avec son interprète Isabelle Adjani parce que, lorsqu’elle chante O.K. pour plus jamais, elle refuse obstinément de prononcer le mot Kleenex (ça ne s’arrangera pas !)
UN BRÛLOT ANTIMILITARISTE Contingent rebelle de Patrick Schindler (éd. L’Echappée)
Un fer de lance du Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) qui signe en 1974, à 18 ans, l’Appel des cent, un manifeste remettant en cause le service militaire. Patrick et ses potes exigent l’instauration de syndicats de soldats et de la liberté de presse à l’armée. Et ça barde fort. Des manifs en uniformes, des grèves de la faim, des actes de résistance audacieux se multiplient partout en France. Jusqu’à ce que, face à ce refus carabiné de la jeunesse de se laisser embrigader, le gouvernement finisse par capituler.