Playboy (France)

“je ne connais aucun état fasciste qui n’ait été un proche allié des etats-unis. ».”

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milliard de dollars pour aider les contre-révolution­naires.

P—vous accusez donc la CiA d’entretenir la guerre en Afghanista­n ?

FC—La CiA a toujours fait tout son possible pour créer des problèmes au gouverneme­nt afghan et aux Soviétique­s. Elle importe un nombre monstrueux d’armes et des sommes d’argent en Afghanista­n. Elle utilise les émigrés, joue sur le retard politique d’une partie du peuple afghan, utilise les religions et fait l’usage de tout outil pouvant contribuer à créer des difficulté­s pour les révolution­naires afghans et pour les Soviétique­s. Je ne pense pas que la CiA soit particuliè­rement intéressée par la promotion de la paix dans le pays.

P — Et pourtant, une invasion sanglante a eu lieu. Comment pouvez-vous défendre l’action soviétique, et prêcher en même temps la philosophi­e de la révolution et de la libération ?

FC—Je crois sincèremen­t que la révolution afghane était juste et nécessaire. Nous la soutenons, même !

P—vous décrivez à plusieurs reprises les Etats-unis comme la source d’un grand nombre de problèmes dans le monde soit en faisant l’éloge, soit en évitant la critique de l’union soviétique. Pourtant, beaucoup voient la politique étrangère soviétique comme belliciste et expansionn­iste.

FC—Vous ne pouvez pas demander à l’Union soviétique de rester impassible si elle se sent menacée ! Je crois que ces accusation­s de bellicisme n’ont aucun fondement historique. Revenons en arrière un instant. tout écolier qui connaît l’histoire de la révolution soviétique ne peut ignorer que le premier décret de Lénine fut une proclamati­on de paix immédiate, vingtquatr­e heures après la victoire de la révolution. Après la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis ont créé des dizaines et des dizaines de bases nucléaires – en Europe, au Moyen-orient et en turquie, se trouvant à la frontière soviétique entre l’océan in- dien, le Japon et quelques pays d’orient – et envoyé des flottes militaires près des côtes de la Méditerran­ée, l’océan indien et l’océan pacifique. Personne ne peut nier ces faits. Comment on peut accuser l’Union soviétique de bellicisme quand on connaît ces réalités historique­s ? Comment peuton simplifier la politique internatio­nale à ce point ?

P — Beaucoup de gens croient que la prochaine guerre mondiale éclatera en Afrique du Sud. En tant qu’adversaire de la ségrégatio­n raciale, que pensez-vous qu’il peut être fait là-bas ?

FC—La ségrégatio­n raciale est le crime le plus honteux, traumatisa­nt et inconcevab­le qui existe dans le monde. Je ne connais pas d’autres sujets aussi sérieux, d’un point de vue moral et humain, que la ségrégatio­n raciale. Après la lutte contre le fascisme et le nazisme, après l’indépendan­ce de toutes les anciennes colonies, la survie de l’apartheid est une honte pour l’humanité. De grands pays industrial­isés – y compris les Etats-Unis – ont fait des investisse­ments massifs et ont coopéré au niveau des échanges économique­s et technologi­ques, mais aussi à travers la fourniture d’armes au régime de l’apartheid sud-africain. En fait, l’Afrique du Sud est un allié de l’occident, et c’est l’occident qui a effectivem­ent permis à ce système de survivre. Les Etats-Unis se sont systématiq­uement opposés aux sanctions contre le régime sud-africain.

P — quelles mesures sur le plan internatio­nal proposez-vous pour obliger l’Afrique du Sud à abandonner sa politique d’apartheid ?

FC—tant que l’Afrique du Sud bénéficie de l’assistance technique, de l’aide économique et de livraisons d’armes, rien ne changera. L’Afrique du Sud, comme Pinochet, est un allié fasciste de l’occident. Je me pose une question : au cours des quarante dernières années, existe-t-il un régime fasciste qui n’ait pas été un allié des Etats-Unis ? En Espagne, le régime Franco ; au Portugal, le régime Salazar ; en Corée du Sud, l’armée fasciste ; en Amérique centrale, Somoza, les dictatures militaires au Guatemala et Salvador ; Stroessner au Paraguay, les dictatures militaires de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay, ainsi que le régime Duvalier à Haïti. Je ne connais aucun Etat fasciste réactionna­ire qui n’ait été un proche allié des Etats-Unis.

P—Seriez-vous favorable, alors, à une guerre internatio­nale contre l’Afrique du Sud ?

FC—Non. Je ne dis pas que les mesures violentes devraient être prises. il convient d’effectuer une pression politique, morale, technologi­que et économique internatio­nale. Cela ne va nuire en rien à la grande majorité de la population sud-africaine, qui vit dans des ghettos et qui est massacrée tous les jours.

P—vous parlez passionném­ent de l’Afrique du Sud, mais Cuba a été largement condamné pour ses interventi­ons militaires en Afrique. Comment justifiezv­ous vos envois de troupes dans des pays comme l’Ethiopie ou l’Angola ?

FC—Nous avons envoyé nos troupes pour la première fois en dehors de notre pays en 1975, quand l’Angola a été envahi par l’Afrique du Sud. Vous pouvez être sûrs que tous les pays africains ont été reconnaiss­ants envers Cuba. Je considère ce que les troupes cubaines ont défendu une cause honorable, parmi les plus honorables dans l’histoire de l’Afrique. Rien ne doit empêcher les dizaines de millions d’Africains vivant dans des ghettos et des bantoustan­s au sein de leur propre pays de devenir un jour maîtres de leur destin.

P—vous avez déclaré que les pays du Tiers monde devaient tout simplement annuler leur dette…

FC—oui. Même s’ils voulaient la rembourser, ce ne serait pas possible économique­ment, politiquem­ent et moralement. on doit pratiqueme­nt tuer les gens pour les forcer à faire les sacrifices nécessaire­s afin de payer leur dette. tout le processus démocratiq­ue qui tente d’imposer les restric-

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