Playboy (France)

Tous à poil !

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Sur les podiums, de Dior Homme à Louis Vuitton, la fourrure est la star de la saison, et ce n’est pas Jon Snow qui nous contredira. retour sur la plus vieille pièce de l’histoire de la mode.

Quand on parle fourrure on pense hip hop, mafieux russe ou gros plein de sous. Ou, à l’image des talons, à une pièce réservée aux femmes. Pourtant, comme les talons hauts étaient autrefois portés par les chevaliers soucieux de maintenir leurs pieds dans les étriers, la fourrure pour l’homme existe depuis… la Préhistoir­e. C’était même un symbole de virilité : on la portait pour se protéger du froid et celui qui avait la plus grosse (sur ses épaules) était le chef. La fourrure est réellement devenue un objet de luxe à partir du XViiie siècle avec l’avènement des pelletiers et fourreurs. Les bourgeoise­s en avaient toujours une dans leur vestiaire et les dandies de la Belle Epoque – Oscar Wilde, si tu nous lis… – ne s’en privaient pas. Les maisons de luxe en firent par la suite leur arme de prédilecti­on, à l’image de Fendi et Hermès : la fourrure était devenue une star. Et certains ne se sont pas privés pour montrer au monde entier à quel point ils avaient réussi. Lorsque le rap explose dans les années 1990, sa démocratis­ation permet une ascension fulgurante de ses artistes. Des personnali­tés telles que Kool G rap ne mettent plus le nez dehors sans leur fourrure, comme un pied de nez à ceux qui ne croyaient pas en leur réussite. La fourrure prend alors un autre visage, moins féminin, plus bling, jusqu’à ce que 50 Cent finissent par la tuer en 2004 dans son clip Candy Shop en compagnie d’Olivia. Fin de l’histoire ? Non, une décennie plus tard, la revoilà sur les podiums. En mode rave chez Dior Homme, patchwork arty chez Armani ou façon dandy chez Louis Vuitton, la fourrure retrouve une place au chaud dans la garde-robe des hommes. On doit peut-être ce miracle à Leonardo DiCaprio dans The Revenant ou à Jon Snow dans Game of Thrones, qui ont donné un deuxième sex appeal à la pièce. D’autres mettent ailleurs les références sur ce déluge de poils. « La fourrure, c’est l’idée de s’approprier la sensualité magnétique d’un Jim Morrison ou d’un Mick Jagger en un tour de manche, explique Pierrick Bertin, du départemen­t recherche développem­ent fourrure et cuir chez Yves Salomon. C’est l’élégance souveraine d’un ray Charles ou d’un Luciano Pavarotti dans les mythiques campagnes du label de vison Blackglama. » Mais comme on n’est pas pour la dictature, on a demandé à un contre-expert ce qu’il pensait de cette fourrure au XXOème siècle... Analyste senior dans une agence de tendances, Lou Cousin de Mauvaisin apporte un contrepoin­t : «Je suis végétarien, donc évidemment je suis contre la fourrure de prime abord. Mais le sujet est passionnan­t. Quand je pense à la fourrure je pense à la mode, au luxe, à des pièces très élaborées et opulentes. Donc plus spontanéme­nt pour moi à une image qui relève du féminin. Ces femmes je les vois plutôt dominatric­es, provocante­s, car la fourrure est très médiatisée et plutôt mal vu en général. Cruella a beaucoup marqué cette vision que j’ai du port de la fourrure et du caractère dominant qu’elle renvoie. L’homme en fourrure ne m’évoque donc pas la virilité. La fourrure pour moi c’est la sensualité brute d’une femme, quelque chose de fort, à l’image de la nouvelle vague de parfums qui sortent récemment aux notes animales. Mais ça doit rester au rayon vintage, on ne peut plus imposer cette mode aux animaux». Cruella, oui, la cruauté, non !

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