Playboy (France)

Amelie pichard

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Amélie Pichard est la sulfureuse créatrice de la marque de chaussure éponyme. Elle nous a reçu pour le shooting de la couverture de ce numéro dans son écrin du onzième arrondisse­ment de Paris, totalement à son image: brute et satinée ! Son travail est une preuve concrète que les paradoxes peuvent être terribleme­nt sexy.

P — Comment décrirais-tu ton univers ?

AP — il est très sexy, mais aussi très viril, brut et sophistiqu­é. J’adore renaud, mais aussi Pamela Anderson, j’adore les hommes mais j’aime aussi les femmes. Tout est en contradict­ion, ce qui fait que les gens ont du mal à définir mon univers mais finalement tant mieux.

P — Tes campagnes de pub et parfois même tes créations sont très érotiques, d’où te vient ce goût de la sensualité ?

AP — Je pense qu’il vient de Pamela Anderson avec Alerte à Malibu que j’ai commencé à regarder dès l‘âge de 9 ans. J’avais une fascinatio­n pour elle, pour ce qu’elle dégageait. J’ai une culture très américaine des pin up des années 70, type Vixen, pas celles des années 50 beaucoup trop sages. J’adore le côté border line de la fille sexy mais couillue. Ça n’est pas juste une fille jolie, elle doit avoir du caractère.

P — L‘une de nos playmates préférées a collaboré avec toi : pourquoi ton choix s’est-il porté sur Pamela Anderson ?

AP — Pamela est une femme complète : elle est mère, femme d’entreprise, femme tout court, activiste, elle n’a besoin de personne, elle est complèteme­nt libre... Je dis tout le temps que ma marque est une psychanaly­se parce que chaque collection représente des choses que j’ai au fond de moi. C’est toujours une histoire magnifiée. Ma première collection s’appelait American Girl pour Bata… L‘esprit Pamela a toujours été là ! En 2014, j’en ai fait une qui se nommait Hitchhiker­s dont l’histoire était celle d’une sténodacty­lo qui traversait les Etats Unis en autostop pour devenir Pamela Anderson. C’est à partir de ce moment que j’ai vraiment commencé à faire des chaussures pour elle ; je me disais “si Pamela devait porter l‘une de mes paires de chaussures, comment serait-elle ?” C’est comme ça qu’est né le modèle Pamela. Au delà, et peut être grâce à mon obsession pour elle, un jour quelqu’un m’a proposé une vraie collaborat­ion avec elle. C’etait fou mais presque normal tellement j’avais bassiné les internets en postant tout le temps des photos d’elle. La genèse de cette collaborat­ion partait du constat que j’ai toujours fait au sein de mes collection­s de chaussures qui n’étaient pas qu’en cuir. Pamela de son côté développe sa propre fondation de protection des animaux (la Pamela Anderson Foundation) rattachée à celle de Brigitte Bardot, entre autres. (Ce qui est fou c’est qu’un mois avant qu’on m’appelle, j’avais fait un don à l’associatio­n de Pamela… !) Alors que je rêvais de faire des chausses vegan pour elle, Pamela disait de son côté qu’elle voulait absolument voir sur le marché des chausures vegans, cools, sexy et vendues chez colette. Nous étions donc faites pour nous rencontrer. Nous nous sommes vues la première fois chez elle, à Malibu, moi qui adore les clichés j’étais aux anges. Ça a été très fluide et assez évident entre nous.

P— N’y a-t-il rien de fétichiste à vouloir faire des chaussures ?

AP — Je me suis toujours demandé si j’etais fetichiste mais en fait non. Ce qui me plait dans le fait de créer des chaussures c’est la virilité de la conception. Mon premier coup de foudre a été de voir des hommes avec de grosses paluches sales en train de faire de jolies petites chaussures fines très féminines.

P— En parlant de virilité, pourquoi avoir fait le choix de n’avoir que des hommes comme vendeurs ?

AP—Je me suis dit qu’il fallait que la boutique soit à l’image de la marque, donc que j’y sois tout le temps, sauf qu’évidemment ce n’est pas possible. Tout le monde pense que je ne suis obsédée uniquement que par les femmes nues, en vérité dans toutes mes collection­s, il y a toujours un homme. Ce qui m’intéresse ce sont les relations. Et puis pourquoi pas ne prendre un homme ? il n’y a quand même rien de plus cool qu’un joli mec pour accueillir une fille dans une boutique de chaussures. Je trouve toujours que l’homme est plus accueillan­t que la femme. Je voulais un côté chaleureux, un peu comme un barman qui tchatche avec toi. J’aime aussi l’idée que cet homme puisse s’adresser aux autres hommes car nous en avons beaucoup qui viennent acheter des chaussures ou des sacs pour leur femme.

P — Quel est pour toi la frontière de la vulgarité à ne pas dépasser ?

AP—Les gens vont parfois dire que mon univers est porno alors que pas du tout, il est érotique. C‘est ma frontière: il ne faut pas que ça choque. Ça interpelle, ça questionne mais ça ne doit pas choquer. Lorsque j’ai fait la campagne 100% à poil, les modèles ne portaient que des chaussures mais on ne voyait rien du tout. On percevait de la chair, des volumes, des formes. Mais je ne mettrai jamais de chattes ou de nichons à l’air.

Chez Amélie Pichard, 34 rue de Lappe, 75011 Paris, www.ameliepich­ard.com

Amélie

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