GUILLAUME ET STÉPHANIE DE LUXEMBOURG
Le premier Noël du prince Charles
À quelques jours des fêtes de fin d’année, le grand-duc héritier et son épouse ont reçu Point de Vue chez eux, au château de Fischbach, le temps d’un entretien exclusif. En présence de leur fils Charles, aujourd’hui âgé de sept mois, ils confient leur joie d’être parents, racontent l’éducation dont ils rêvent pour le prince et la magie de ce premier Noël à trois.
Madame, Monseigneur, on imagine que la naissance de Charles a été un bouleversement dans votre vie ?
STÉPHANIE DE LUXEMBOURG : C’était un bouleversement, comme pour tous les parents bien sûr, mais cela a été très naturel. Dans notre histoire, il y a eu un temps à deux, puis à présent, un temps à trois. On a l’impression que Charles a toujours été là.
GUILLAUME DE LUXEMBOURG : Personnellement, j’ai vécu l’arrivée de Charles comme une étape extraordinaire. Je ne m’attendais pas à cela. En tant qu’homme, j’ai l’impression qu’on arrive moins à se projeter dans l’arrivée de l’enfant, c’est parfois difficile de se rendre compte. Pour moi, cela a été une sorte de bouleversement. Je me suis surpris à être celui que j’espérais être sans en être encore certain.
« Comme tout parent, nous voulons qu’il soit heureux, épanoui. On rêve de lui donner les bases qui lui permettront d’avancer dans la vie. »
Justement, Monseigneur, les pères d’aujourd’hui s’engagent bien plus dans l’éducation des enfants que les générations précédentes. Faites-vous partie de ces nouveaux pères ?
G. D. L. : Les circonstances me permettent d’être très présent, car les voyages à l’étranger ont été annulés ou reportés en 2021. Même si je suis absent la journée, chaque soir je suis là et je peux profiter de Charles. Et m’investir, en tant que père moderne, dans toutes les tâches ! Je me lève la nuit, c’est moi le matin qui m’occupe de lui avant de passer le relais à partir de 8 heures. J’ai énormément de chance.
À qui selon vous, ou selon vos proches, le prince Charles ressemble-t-il le plus ?
S. D. L. : C’est le portrait de mon mari ! Il a les mêmes expressions, c’est tellement drôle, notamment le regard. Je vois Guillaume dans les yeux de Charles. C’est extraordinaire. Mon mari a une façon très particulière de sourire, avec les yeux. Et Charles a déjà la même !
G. D. L. : C’est vrai que Charles va être un petit garçon brun aux yeux marron. Et c’est vrai qu’il a mes yeux, qui sont aussi ceux de ma soeur et de ma mère. Mais c’est amusant, parce que, de mon côté, je vois beaucoup d’expressions de Stéphanie.
De quelle éducation rêvez-vous tous deux pour le prince ?
S. D. L. : Comme tout parent, nous voulons qu’il soit heureux, épanoui. On rêve de lui donner les bases qui lui permettront d’avancer dans la vie de façon sereine, d’affronter les difficultés, car tôt ou tard, on en rencontre tous. Dans l’éducation, on cherche à la fois à donner un cadre dans lequel l’enfant pourra s’épanouir et, en même temps, le préparer à affronter le monde qui l’entoure.
Monseigneur, a-t-on une enfance « normale » quand on est appelé à régner un jour ?
G. D. L. : Nous allons nous efforcer de lui donner une enfance normale. Je crois que c’est extrêmement important.
J’ai eu le bonheur d’avoir une enfance préservée jusqu’à un certain âge grâce à mes parents et je pense que nous allons agir de la même façon. Pour que Charles, justement, soit un enfant comme les autres, dans une école, ici au Luxembourg, avec d’autres enfants, et qu’il ne soit pas considéré comme quelqu’un de différent.
S. D. L. : Il y a un temps pour tout et la petite enfance n’est certainement pas l’âge où il doit réaliser ce qui l’attend dans le futur. C’est l’âge du jeu, de la découverte… Et puis, nous avons la chance de vivre à la campagne, c’est le cadre idéal pour jouer dehors, construire des cabanes. Et, bien sûr, sentir l’amour de ses parents et de sa famille. Quand il sera en âge de comprendre, nous lui expliquerons.
Madame, vous êtes musicienne. Est-ce que vous sensibilisez déjà le prince à la musique ?
S. D. L. : Je lui fais écouter de la musique classique, notamment des choeurs. Je me suis rendu compte que les voix l’apaisent beaucoup. Je le vois, dans la voiture, quand il pleure, qu’il est fatigué et qu’il cherche le sommeil. En quelques secondes, il s’endort. Je joue
aussi de la musique devant lui. Mais je vais être honnête, la première fois, il n’a pas du tout aimé ! J’avais arrêté le violon à la fin de ma grossesse et j’ai repris il y a deux mois seulement. La première fois qu’il a entendu le violon, il a hurlé (rires). G. D. L. : Il se demandait ce qu’était ce bruit ! (rires) S. D. L. : Pourtant, il avait déjà entendu des enregistrements. Mais il est vrai que la présence de l’instrument, le son, tout est complètement différent… La deuxième fois que j’ai joué, il m’a écoutée et m’a regardée, surpris, sans pleurer. Je vous rassure : maintenant, il en redemande ! Hier, je jouais encore en sa présence. Il était mécontent que j’arrête.
Quels grands-parents sont le grand-duc et la grande-duchesse?
G. D. L. : Ils sont tellement touchants. La grande-duchesse a une passion pour Charles. Malheureusement, du fait de la Covid-19, elle le voit bien moins que ce qu’elle souhaiterait. Mais quand cela arrive, c’est toujours une fête. Et pour Charles aussi. Charles sourit, lui fait des grands signes. Et avec mon père, c’est la même chose. Mon père a un très fort attachement à Charles et, réciproquement, Charles pour son grand-père. La seule chose qui nous inquiète, c’est qu’ils le gâtent trop… Ce qui est le beau rôle de tout grand-parent !
Nous entrons dans la période de Noël, une période d’espérance mais forcément particulière cette année. Qu’est-ce que la Covid-19 va changer pour vous et vos familles dans ces célébrations ?
S. D. L. : Ce sera très différent car nous avons l’habitude, chaque année, de passer du temps avec nos deux familles. Cette année, je vois difficilement comment cela sera possible. Je crois que ce sera l’occasion, maintenant que nous avons notre propre famille, de célébrer Noël tous les trois. Ce sera très beau aussi. C’est une nouvelle dynamique. Ce sera moins bruyant, c’est sûr, car chez moi nous sommes huit frères et soeurs, avec vingt-quatre neveux et nièces, et c’est très vivant ! (rires) Là, ce sera beaucoup plus calme. Mais nous nous réjouissons. Vu l’âge de Charles, il n’en aura pas souvenir. Mais quand on voit comment il regarde le sapin, toutes les lumières… Le premier Noël d’un enfant c’est quelque chose d’inoubliable.
En quoi les fêtes de fin d’année sont-elles magiques au Luxembourg ? Quelles sont les traditions luxembourgeoises ?
S. D. L. : En temps normal, au Luxembourg, la tradition des marchés de Noël est partout, comme en Allemagne ou en Alsace. Ces marchés de Noël sont magnifiques…
G. D. L. : Mais comme cette année ils ne peuvent pas avoir lieu, les commerçants, ici au Luxembourg, se surpassent pour décorer leurs vitrines !
S. D. L. : Et beaucoup de gens en font de même avec leur maison. Dès la tombée de la nuit, dans les villages, tout est illuminé. Mais n’oubliez pas que la Saint-Nicolas, le 6 décembre, est une tradition importante, au Luxembourg comme en Belgique. Saint Nicolas, c’est un peu l’ancêtre du père Noël. Il y a plusieurs versions de la légende, mais dans toutes, saint Nicolas vient en aide aux enfants. En Belgique, où j’ai grandi, il apporte des cadeaux aux enfants sages et passe par la cheminée, comme le Père Noël.
G. D. L. : Au Luxembourg, il vient sur son âne ! C’est pour cela qu’avant d’aller se coucher, les enfants laissent du sucre et une carotte. Vous savez, quand j’étais petit, saint Nicolas venait vraiment chez nous. On le voyait arriver depuis le chemin. C’était un moment très excitant pour nous. Il nous parlait, il nous connaissait. Malheureusement, à ce moment-là, mon père n’était jamais là, il était toujours retenu… Et étrangement, il arrivait juste après le départ de saint Nicolas ! (rires)
Et Noël ?
S. D. L. : Quand j’étais petite, il y avait vraiment une distinction entre la Saint-Nicolas et Noël. Saint Nicolas nous apportait certes des cadeaux, mais Noël était avant tout la fête de famille. J’ai souvenir du grand déjeuner de Noël tous ensemble, de l’ambiance. C’était féerique.
G. D. L. : Noël, c’est aussi le chemin qui mène jusqu’au 25 décembre. Chez nous aussi, mes parents s’efforçaient de créer un esprit de fête dès le premier jour de l’avent, quand on décorait le sapin. Il y avait toujours des chants de Noël, dans ce salon qui est le nôtre aujourd’hui. Ce sont de très beaux souvenirs que, j’espère, nous pourrons revivre, avec Charles d’abord, et le reste de la famille.
Quels cadeaux peut espérer le prince Charles ?
S. D. L. : Pour un bébé de sept mois, je crois que la maman s’offre surtout des cadeaux à ellemême… (rires) Charles, je pense, va recevoir de nombreux pyjamas et de jolies tenues…
G. D. L. : Et puis nous avons déjà été tellement gâtés par tous nos compatriotes depuis sa naissance. Cela nous a beaucoup touchés.
Avec quelques semaines d’avance, peut-on vous demander quels voeux vous formulez pour l’année 2021?
G. D. L. : Notre voeu le plus cher est que nous puissions revenir à une certaine normalité, que cette pandémie cesse, car elle crée énormément de souffrance, beaucoup de gens sont isolés. Que 2021 soit une année clémente pour toutes les familles qui ont le désir et le besoin de se retrouver.
« Notre voeu le plus cher est que 2021 soit une année clémente pour toutes les familles qui ont le besoin de se retrouver. »