Meadowlands
Il y a le village du Prisonnier, l’île de Lost… et le bourg tranquille de Meadowlands, dont, là non plus, personne ne peut s’échapper.
C’est un fantasme récurrent du petit écran : placez un groupe d’individus dans un lieu clos qui n’est pas ce qu’ils croient, et regardez-les s’agiter. Résidence de témoins sous protection, Meadowlands abrite quelques familles dysfonctionnelles d’apparence tranquille. Dès le premier épisode, un sentiment de malaise, parfois même de dégoût suinte d’une oeuvre grimaçante, peuplée d’un homme violent et stérile, qui n’est pas le père de ses enfants, d’un fils fasciné par sa soeur, qui lui emprunte ses vêtements et se maquille, d’un jardinier condamné pour avoir kidnappé et laissé mourir une jeune fille, d’un gourou du fitness, d’une mère et d’une fille qui partagent le même amant... Tous vivent crispés sur leurs secrets, surveillés par des écrans dignes du Dr Mabuse. Le Prisonnier à l’âge cruel de la téléréalité plutôt que du totalitarisme, préfiguration en images des réseaux sociaux, Meadowlands se révèle à la fin de sa première saison, qui sera aussi la dernière, une île de perversion dans un désert d’ennui. Une voiture sort enfin de la cité étouffante, traverse une étendue désolée, et on ne saura jamais de quoi le monde extérieur est fait. C’est un cauchemar sans dehors. Et rarement l’idée d’« oeuvre malade » aura été mieux adaptée qu’à cette série avortée.
Cape Wrath • Pays Grande-Bretagne, USA • 2007 • 1 saison • Créée par Robert Murphy & Matthew Arlidge • Avec David Morrissey, Lucy Cohu, Ralph Brown… • En DVD (StudioCanal)