Cédric Anger

« La méditation, c’est bien, mais quand il s’agit d’évacuer la tension, il n’y a rien de mieux que de taper sur quelque chose. C’est ce que j’aime avec ce personnage de Lavardin créé par Chabrol et Poiret : il tape. Mais avec des mots. Il a une approche presque militaire du cynisme. Il dit ce qu’il pense dans un univers d’hypocrites et regarde avec gourmandise les autres se débattre avec leurs mensonges. Une sorte de Sam Spade à la française, la jubilation en plus. Chacun des quatre épisodes des Dossiers secrets de l’inspecteur Lavardin est un “Poiret show”. Quand il débarque pour résoudre une énigme, Lavardin chante la walkyrie dans sa voiture, gifle les culs-bénits qui ont pris sur leur temps d’adultère pour répondre à ses questions, drague la provinciale divorcée, reste trois plombes à table et tourne à la rigolade les choses les plus noires. Pas besoin de trop développer le côté emmerdant pour être une “série d’auteur”. Ce qu’il faut, c’est un personnage qui a une vision. Lavardin a une vue d’ensemble du monde, et elle est sombre. Pour simplifier : les gens sont bêtes. S’il devait développer, Lavardin dirait que les gens sont également mauvais, cupides, superficiels, envieux, libidineux et violents, mais le terme “bête” en dit suffisamment long. Et Lavardin est direct. » (Le prochain film de Cédric Anger, L’amour est une fête, avec Guillaume Canet, sort le 19 septembre)